Thomas Dutronc, l’élégante cool attitude

Thomas Dutronc revient avec son deuxième album studio, « Silence on tourne, on tourne en rond ». Rencontre avec le plus charmant des chanteurs décontractés au succès indéniable.

Thomas Dutronc inspire tout de suite la sympathie. On ne veut et ne peut que l’aimer, d’emblée, sans même le connaître. Son premier album, Comme un manouche sans guitare, qui l’a révélé, s’est vendu à un demi-million d’exemplaires. Un score exceptionnel en ces temps d’effondrement des ventes de disques.

Le spectacle et la longue tournée qui ont suivi ont confirmé tout le bien qu’on pouvait penser du disque. Ce garçon a un talent fou. Un talent sans doute hérité de ses parents hors norme, lui qui semble avoir en lui autant de l’humour et le cynisme de son père Jacques que la douceur et la sensibilité de sa mère Françoise.

Un vrai talent personnel et authentique. Comme cette passion pour le jazz manouche qui l’a poussé à se produire en toute discrétion sur scène, avec sa guitare, longtemps avant de se mettre à la chanson.

Sanseverino l’avait précédé ? Sans doute mais la tornade Dutronc a tout balayé sur son passage. Et les aînés de la chanson de se pousser au portillon pour avoir le plaisir de chanter avec lui. Après les duos avec Henri Salvador et Salvatore Adamo, voici celui avec Aznavour pour son disque Toujours et Eddy Mitchell sur scène : « Les gens qui ont de l’expérience, dirons-nous, voient en moi quelqu’un de prometteur, nous a confié Thomas autour de quelques sushis. Salvador, par contre, c’est moi qui suis allé le chercher. J’avais 26 ans, c’étaient les débuts. Eddy Mitchell, dans ses interviews, dit que je suis le seul qu’il aime bien dans les jeunes. » La longue tournée à peine terminée, Thomas a bien pris du repos dans son antre corse mais il n’a pas perdu son temps pour s’y remettre et nous revenir avec quinze nouveaux titres : « On a toujours un peu peur d’être oublié. On n’est jamais certain que ça va plaire. Tout va tellement vite… »

Dans le nouveau disque, on retrouve tout ce qu’on aime chez Thomas : de la guitare acoustique, des mélodies accrocheuses, un peu de cynisme et beaucoup d’humour et de tendresse. À commencer par le titre « Turlututu » ouvrant Silence on tourne, on tourne en rond. Lui-même se décrit comme « sans ambition et plaisantin » et en même temps, tout en disant des choses graves sur le monde d’aujourd’hui : « C’est toujours une question d’équilibre, entre légèreté et gravité. Il s’agit tout de même de trouver un sens à tout cela. Alors oui, le mot turlututu est là pour désamorcer un peu la chose. c’est un joli mot. »

Thomas aime toujours autant jouer avec son image de fainéant. Dans « Alerte à la blonde », il dit : « Un peu bohème/ Je résiste au système/ J’me donne la peine/ De ne rien faire/ Je ne fais rien/ Que ce que j’aime. »

Sinon, il donne de lui l’image d’un fêtard décontracté qui remet tout au lendemain… Il en a même fait une chanson : « Demain » : « Tout ça demande beaucoup de travail, oui mais ça ne se voit pas trop. Il y a ce côté éternel ado que j’ai toujours en moi et dont je parle dans “ Sac ado”. J’ai la chance de faire un métier où rester adolescent est bien vu. Mais la nuit avant de rejoindre Eddy Mitchell sur la scène de l’Olympia, je n’ai pas dormi. Ça n’a l’air de rien mais il faut connaître le morceau, être à la hauteur. C’est filmé et enregistré, tu n’as pas droit à l’erreur. Tout cela est très stressant. »

Dans « On ne sait plus s’ennuyer », Thomas parle de ces gens qui, en vacances, ne savent pas se passer de leur smartphone, histoire de consulter leurs mails : « Malheureusement j’en fais partie, oui. C’est maladif chez moi. Je ne peux pas m’empêcher de me débrancher totalement. Je suis très nouvelles technologies. “ Oiseau fâché” est d’ailleurs une fantaisie sur les jeux vidéos. Ne peuvent comprendre cette chanson que ceux qui jouent un peu. Ils reconnaîtront les personnages des jeux les plus célèbres. Par contre, je ne suis pas trop Twitter ou Facebook. Certaines fans sont parfois trop intrusives. Je tiens à ma vie privée et ma copine aussi. Faut donc faire un peu attention.

Le titre de l’album trouve son explication dans la chanson « Clint (Silence on tourne) » qui est un bel hommage au cinéma : « Pour le moment, on ne m’a rien proposé qui méritait de donner la priorité au cinéma par rapport à la musique. Donc, j’ai refusé ce qui m’est arrivé ces derniers temps. Cette chanson est plus un souvenir de westerns, avec toute l’imagerie qui va avec. Le nouveau spectacle, j’ai d’ailleurs envie qui soit plus visuel encore que le précédent. »

Quatre instrumentaux sont là pour rappeler les racines manouches. Même si le disque est sans doute plus pop que le premier : « Oui, on ne se refait pas. Ça fait partie de mon identité musicale. Je tenais à ces petites plages de respiration, pour apporter de la variété au disque et mettre en avant les talents de compositeurs du chanteur Ninine Garcia pour “Ninine” ou le violoniste Pierre Blanchard avec “Valse en exil”. »

En papotant entre deux sushis, on en arrive à parler de son père Jacques. On a voulu savoir ce qu’il avait pensé de son concert : « Je n’ai pas tout aimé. Il y a de beaux moments mais je trouve qu’il aurait dû avoir d’autres musiciens pour certains morceaux. C’était assez linéaire. Mais bon, ce n’est pas le genre de choses que je vais lui dire. Par contre, « La compapade » de vingt minutes, ça, je lui ai dit que c’était trop. Alors que « Les cactus », il l’a fait très vite sans fioritures. J’aurais personnellement préféré l’inverse. Mais bon, ça reste un grand showman. »

THIERRY COLJON

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