Si vous avez pogoté comme un malade sur le Too Much Too Young des Specials, le numéro 1 des charts anglais le plus court des années 80, à peine 2 minutes, vous l’ignoriez probablement mais vous souteniez la politique de contrôle des naissances prônée par Jerry Dammers, le fondateur du groupe ! Ce titre, irrésistiblement dansant et drôle, est en effet une reprise d’un standard ska de 1969 intitulé Birth Control, contrôle des naissances, que l’on doit au chanteur et claviériste jamaïcain Lloyd Charmers. Dammers en a enrichi la mélodie et les paroles. Résultat : une chanson assez tordante !
Disons sa vision de la contraception n’est pas à proprement parler politique . Elle a été inspirée par une déception amoureuse, nous y reviendrons…
La chanson est adressée à une jeune mère. Ca part doucement, le ton a l’air plutôt triste. L’homme lui reproche d’avoir gâché sa vie, d’en avoir trop fait, trop jeune, le fameux Too much too young. Maintenant, elle est mariée et a un môme alors qu’elle pourrait, non qu’elle devrait, le should remplace le could au deuxième couplet, être avec lui à passer du bon temps ! Attention, là, on monte dans les tours ! Et cet enfant, non, il est pas mignon ! Ce n’est qu’un fardeau de plus pour l’État-providence, another burden on the welfare state. Et de reprendre tous en chœur « On ne veut plus de bambins », we don’t want no more pickni, pickni est un mot d’argot jamaïcain pour désigner les enfants. Et ça continue, « Donnez-nous le contrôle des naissances », gi we de birth control ! Il est tellement fâché sur elle qu’il lui déposerait volontiers un bon tas de fumier sur son lit de roses, I’d love to spread manure in your bed of roses, cette femme qui a choisi une vie plus confortable et qu’il traite de pauvre cloche, silly moo.
Enfin, le meilleur pour la fin, le dernier couplet : tu as déjà entendu parler de ces millions d’enfants qui meurent de faim ? Et la contraception, ça te dit quelque chose ? Tu veux un programme de stérilisation, histoire de contrôler le boom des naissances ? Ca se passe chez toi, dans ton salon ! Maintiens l’écart entre les générations, autrement dit, ne fais pas des enfants trop jeune, utilise un diaphragme ! Keep a generation gap, try wearing a cap !
Vraiment fâché le monsieur ! Voyons pourquoi. Dans une interview donnée à l’antenne régionale de la BBC de Coventry ,d’où provient le groupe, Dammers explique : « Je me souviens très bien d’où vient cette chanson… J’étais sur le point de conclure avec une femme mariée mais ça ne s’est pas fait. Parce qu’elle était mariée. Voilà, c’est toute cette rage, cette frustration d’un jeune homme qui est sortie. » Un cri du cœur que nous mettrons sur le compte de l’immaturité de son auteur. C’est pas moi qui le dis, c’est lui : call me immature !
Too Much Too Young The Specials
You’ve done too much
much too young
Now you’re married with a kid
when you could be having fun with me
oh no, no gimme no more pickni
You’ve done too much
much too young
Now you’re married with a son
when you should be having fun with me
we don’t want, we don’t want
we don’t want no more pickni
Ain’t he cute?
No he ain’t
He’s just another burden
on the welfare state
You’ve done too much
much too young
Now you’re married with a kid
when you could be having fun with me
no gimme,no gimme,no gimme no more pickni
Call me immature
Call me a poser
I’d love to spread manure in your bed of roses
Don’t want to be rich
Don’t want to be famous
But I’d really hate to have the same name as you
(you silly moo)
You’ve done too much
much too young
Now you’re married with a kid
when you could be having fun with me
gi we de birth control, we no want no pickni
You’ve done too much
much too young
Now you’re chained to the cooker
making currant buns for tea
oh no, no gimme no more pickni
Ain’t you heard of the starving millions
Ain’t you heard of contraception
Really want a program of sterilization
Take control of the population boom
It’s in your living room
Keep a generation gap
Try wearing a cap