Björk est une immense artiste. Avec Debut, en 1993, et Post, deux ans plus tard, elle nous a envoûté, apportant à la musique moderne une véritable originalité, une fraîcheur tout islandaise, à la fois volcanique, éthérée, faisant souffler sur le rock un chaud-froid qu’on retrouve dans ses incessantes expérimentations entre acoustique et électro.
Sa voix est celle d’une grande prêtresse usant de son excentricité pour servir aussi bien la musique que le cinéma (son interprétation instinctive éblouissante dans Dancer in the dark, de Lars Von Trier, méritait amplement un prix d’interprétation à Cannes en 2000) ou même la mode dont elle est très friande. Avant Lady Gaga, Björk a révolutionné le port du vêtement pour en faire un pop art plus seyant que celui de l’Américaine déjantée.
Les bons albums se sont succédé, de Homogenic en 1997 à Vespertine en 2001. Et puis, un grain vicieux s’est inséré dans la belle entreprise. Comme si les honneurs et les prix lui faisaient perdre le sens des réalités ou du moins le contact avec le public.
Poussant de plus en plus loin la logique de l’expérimental, Björk en est arrivée à oublier de nous émouvoir. Medulla et Volta vous ont fait bâiller ? Biophilia vous endormira définitivement.
Alors bien sûr, il y en aura toujours pour crier au chef-d’œuvre d’audace, ce sens révolutionnaire consistant à imaginer une application iPhone et iPad pour chacune des dix chansons. Bien sûr que les bobos vont se précipiter sur ce disque pour bien l’exhiber sur la table du salon, précisant bien que pour rien au monde ils ne manqueraient un des concerts de la diva des glaces. Mais combien de fois l’écouteront-ils ce disque ? À supposer qu’ils l’écoutent au moins une fois jusqu’au bout.
On est évidemment content que Björk ait retrouvé sa voix après une longue convalescence. On est heureux de la savoir en bonne santé. Mais quand donc se décidera-t-elle à écrire à nouveau de vraies mélodies qui nous touchent, qu’elle ne s’amuse pas à massacrer ? Les sons, c’est bien mais ça lasse. Dès qu’une chanson commence à nous plaire, elle s’obstine à la bousiller.
On n’a rien contre l’iPad et les nouvelles technologies mais au moins Damon Albarn, pour Gorillaz, a-t-il soigné ses compos. PJ Harvey ou Emilie Simon, pour ne citer que deux autres bien touchées par la grâce aventureuse, n’oublient jamais de nous charmer. Björk, elle, s’enferme dans son monde solitaire d’une distance froide, privilégiant tout (ah quelle voix ! ah quel beau son !) sauf la chaleur de vibrations qu’on aimerait plus naturelles.
Biophilia, Björk, Universal.
Lilja
16 décembre 2011 à 15 h 53 min
Cet album est une évolution de son être. Il faut arrêter de prendre l’art pour une denrée commerciale. Sa musique n’est pas faite pour nous plaire mais pour que Björk s’exprime. Ceux qui pensent la même chose que toi se prennent vraiment pour les rois du public, à qui il ne faut rien refuser et que tout plaise ! Tu devrais avoir honte de poster un article aussi nauséabond de mauvaise volonté.