Rihanna se produisait samedi soir à Anvers, dans un Sportpaleis archi-complet et entièrement acquis à sa cause. En résumé : des hits à la louche et un gros doigt de vulgarité.
The Loud Tour… Jamais tournée n’aura aussi bien porté son nom ! « Loud », tout d’abord, comme le dj set bien bourrin de Calvin Harris, en première partie dans un Sportpaleis plein à craquer. On est loin de I created disco, ça c’est sûr ! « Loud » ensuite comme le son du concert de la star d’origine barbadienne. Ou comme sa voix limitée… quand on l’entend parce qu’elle est loin de se manifester sur toutes ses chansons. Rihanna, on l’espère, rétribue dignement ses choristes, pas toujours visibles mais qui incontestablement assurent le gros du boulot vocal !
L’intéressée fait donc le spectacle à défaut de proposer un vrai concert. Entrée en scène dans une structure sphérique entourée de danseurs fringués de fluo, changements de tenues (légères) et écrans circulaires ; il y a ici surtout à voir, et on sent comme une volonté d’en mettre plein les yeux même si les moyens déployés ne sont pas gigantesques. Sur scène, les hits qu’elle aligne depuis cinq ans, les « Umbrella », « Don’t stop the music », « Rude boy » et autres « Only girl » alimentent un live où les tableaux chorégraphiés s’enchaînent sur des plateaux mobiles, propices aux changements de décors et de costumes, sans temps morts mais aussi sans fil rouge. Pas d’histoire, pas de thème, la miss joue sa rude girl sur talons hauts, point barre !
Les chorégraphies sont pro mais sans être renversantes. On voudrait parfois penser à Janet Jackson, d’autant qu’avec sa nouvelle coupe de cheveux (des anglaises) et son air parfois faussement ingénue, elle la rappelle parfois vaguement, mais cette ressemblance ne va décidément pas jusqu’au jeu de scène.
Si les tubes font mouche auprès du public, musicalement, on navigue le plus souvent dans une sorte de mélange entre r’n’b et urban pop dans lequel les musiciens, en général confinés au fond de scène, sont autorisés à venir balancer l’un ou l’autre solo bien tonitruant sous le nez des premiers rangs. Même le passage à la guitare acoustique (« Hate that I love you ») fait l’impasse sur le minimum de délicatesse. Trois titres plus tard, on en a d’ailleurs fini avec les slows et ce sont les beats qui claquent (voire qui tachent) qu’on se reprend dans les tympans.
Pas de temps morts, disais-je… Les rares blancs et transitions sont comblés par des instrumentaux ou des clips. C’est vrai que la troupe ne traîne pas en route. Au bout de 90 minutes, timing réglementaire, on lorgne vers la plateforme suspendue et le piano auprès duquel elle envoie « Love the way you lie (part II) », après quoi « Umbrella » clôt l’affaire sous une pluie de confettis.
Au fait, oui, les tenues… Chez Rihanna, elles ne couvrent décidément pas grand-chose. En pur produit du bizness de la musique urbaine, de MTV et de la téléréalité, elle n’évite aucun cliché sexe, entre ondulation des fesses, carressage d’entrejambe et autre gymnastique explicite pratiquée sur une fan pendant la petite séquence pseudo sado-maso avec simili pole-dancing, chaînes et menottes (« S&M »). L’entertainement flirte là avec le mauvais goût, mais c’est dans une arène entièrement acquise à sa cause, venue participer à une party plutôt qu’à un concert… A côté, Kylie Minogue, c’est de la porcelaine de Chine.
Didier Stiers
(Photo: Pierre-Yves Thienpont)
– Rihanna sera de retour au Sportpaleis d’Anvers le 11 novembre prochain. Moyennant un ticket à 250€, les fans purs et durs (et fortunés) peuvent assister au spectacle depuis la scène. Et le cas échéant donc, passer quelques secondes sous la star de la soirée…
Setlist
1. Only girl (in the world)
2. Disturbia
3. Shut up and drive
4. Man down
5. Darling Nikki (Prince cover)
6. S & M
7. Let me
8. Skin
9. Raining men
10. Hard
11. Breaking dishes
12. Run this town
13. Live you life
14. Unfaithful
15. Hate that I love you
16. California king bed
17. What’s my name
18. Rude boy
19. Cheers (drink to that)
20. Don’t stop the music
21. Take a bow
Rappels
22. Love the way you lie (part II)
23. Umbrella