Des disques, des artistes, des concerts et des bougies… Le label Humpty Dumpty fête ses cinq ans d’existence et célébrera cet anniversaire ce mercredi 26 octobre au Botanique.
Au contraire du personnage à tête d’œuf de la comptine anglaise tombant du mur et se cassant la tête, le label bruxellois qui lui a chipé son nom se porte plutôt bien. Il y a cinq ans de ça, il sortait un seul disque ou presque en douze mois. Là, en 2011, Humpty Dumpty vient d’en proposer six d’un coup ! Voilà qui situe le chemin parcouru. Lequel chemin conduit pour l’heure aussi au Botanique où cet anniversaire sera célébré en compagnie d’artistes maison.
« A la base, nous organisions surtout des concerts, raconte Christophe Hars, son responsable et créateur. Nous avions monté un petit festival baptisé Dictapop, où jouaient des artistes qui ne trouvaient pas de place dans les autres salles. » Parmi eux, des artistes de la Communauté française comme Mièle, avec lesquels se présente l’opportunité de sortir un album et donc de lancer un label… « A l’époque, je travaillais au Bonheur, un disquaire spécialisé au bout de la rue Antoine Dansaert. Ce qui permettait aussi de faire de la promo par le magasin. Et de récupérer des contacts pour écouler un peu le stock. »
Au fil des ans, du bouche-à-oreille et des rencontres, le catalogue s’est bien étoffé. Avec Carl. Ou plus récemment encore, Joy, le projet en trio de Marc Huyghens. Être un petit label, n’en reste pas moins de l’artisanat. « C’est autant discuter avec un groupe pour savoir ce qu’il veut que lui trouver un studio, un agent, gérer sa promotion ou le graphisme de la pochette du disque. » Chez Humpty Dumpty, on travaille souvent avec des illustrateurs… « Ma compagne aime s’occuper de l’aspect graphique des projets, écrire des bios… Je centralise tout le « bizness » et je reçois des coups de main ponctuels. K-Branding, on sait qu’on peut gérer ça nous-mêmes, mais sur un projet comme Le Yéti ou Clare Louise, on va par exemple chercher un attaché de presse. » A propos de projets : les nouveaux albums de VO et de Françoiz Breut s’annoncent pour début 2012.
Clare Louise – “Walking alone”
Elle est finalement là, la différence entre une major et une petite structure. Dans les capacités promotionnelles. « Quand on regarde le budget promo d’Universal… on pleure, dit Christophe avec un sourire. C’est une force de frappe. Par contre, nous pouvons nous consacrer à des projets plus « compliqués ». Par exemple sortir un disque de musique expérimentale qu’on trouve chouette, à 300 ou 500 exemplaires. Ça ne coûte pas très cher, et nous allons le rentabiliser. Une major, ça ne va pas l’intéresser. »
Quelques-uns de ces projets « plus compliqués » sont à l’affiche de la soirée « Humpty Dumpty 5 years Birthday », ce 26 octobre au Botanique : Clare Louise, South Of No North, Half Asleep, K-Branding, Amute et Zoft nous baladeront entre folk, rock, pop, jazz, expérimental et électronique…
Didier Stiers
Humpty Dumpty 5 years brithday
humptydumptyrecords.blogspot.com/
Christophe Hars – Satisfait du crédit accordé au label
Christophe Hars – Passer pour des Martiens parce qu’on produit encore des disques
Le Yéti – “Je maudis ma nuit”
Joy – “Mirage”
“Castles in the air”, l’album de Clare Louise, en écoute intégrale
L’histoire en cinq étapes et cinq noms d’un label éclectique
Mièle
Avec ses « chansons populaires mélodramatiques » (traduisez : « pop française intimiste »), le trio fut la première signature Humpty Dumpty. A l’époque, il avait un album quasi fini mais pas de label… Le second, Le jour et la nuit, est paru au printemps 2010. Parmi les collaborations des uns et des autres, comptez notamment Le Yéti, Hollywood Porn Stars, My Little Cheap Dictaphone et Françoiz Breut.
Tazio & Boy
Ce duo de Saint-Nazaire (« Boy » est la fille) est la première formation non belge à avoir trouvé une oreille compatissante auprès de Christophe Hars. Qui fait de leur folk-pop lo-fi la deuxième sortie du label… « Ils avaient un petit label de CD-R, ils m’ont envoyé tous leurs titres, et on a fait une compilation de ce qu’ils avaient déjà sorti. » Entre autres faits d’armes : reprendre Brian Wilson et Depeche Mode.
Françoiz Breut
En accueillant pour la première fois une artiste déjà clairement établie, le label franchit un pas supplémentaire. « A l’époque, elle sortait son troisième album chez Warner qui n’en avait absolument rien à cirer. Elle était chez Live Nation en booking, où on lui trouvait deux dates par an. Elle cherchait donc par elle-même. Nous l’avons fait jouer avec Mièle au Théâtre Molière, puis nous sommes restés en contact… »
South Of No North
Côté bibliothèque se cache sous ce titre une collection de textes signés Charles Bukowski. Côté discothèque, c’est tout aussi azimuté puisque ce supergroupe bruxellois pratique un rock instrumental qui ne laissera pas indifférent l’auditeur sensible au psychédélisme. A ce jour, ce doit être la signature la plus décalée, expérimentale ou underground d’un label caractérisé par son éclectisme.
Amute
Anciennement aMute, le projet initié par Jérôme Deuson vient de livrer son second album, Black diamond blues, après une longue période de remise en question. Exit les expérimentations sous couverture pop, place aux déconstructions folk truffées d’électronique. Le concert du 26 sera aussi l’occasion de saluer la sortie officielle de cette quatrième galette d’Amute, dernière signature en date de Humpty Dumpty.