C’est dimanche, veille d’Halloween, qu’aura lieu le troisième « Sinner’s Day ». Front 242 y fêtera ses 30 ans. Patti Smith, accompagnée d’un groupe, y joue les têtes d’affiche. La « new wave » se porte décidément bien.
Le « Sinner’s Day », c’est un peu la tournée « Age Tendre Et Tête De Bois » version corbeau. Pas de Michelle Torr ou d’Hervé Vilard mais bien, comme ce dimanche, The Mission, Visage et Blancmange. Notamment. Des revenants ? Plus ou moins, et d’une époque assez sombre. Tous ne souffrent pas encore de polyarthrite rhumatoïde, la preuve avec cette troisième édition d’un festival très orienté punk/new wave. Certains sont toujours actifs, d’autres viennent de remettre le couvert, ou n’étaient plus passés par chez nous depuis des lunes. Cerise sur le gâteau (Forêt… Noire of course) : les Belges de Front 242 fêteront leur 30 ans d’existence.
La new wave ? Un genre aux contours flous, né dans la foulée du disco et de ses excès empailletés, du punk dont il conserve en partie l’énergie, et de la démocratisation de « nouveaux » instruments comme les synthés et les boîtes à rythmes. En gros, nous sommes à la fin des années 70. Le Royaume-Uni se thatchérise et se désindustrialise. Le Plat Pays se farcit quasi tous les ans un gouvernement Martens. Pas de quoi rigoler, d’où une créativité artistique s’exerçant sur des terres plus lugubres, habitées par des voix et des sons robotiques, cinglants ou plaintifs…
Angleterre, Allemagne, Belgique, France, USA, la vague s’étend. Les fans qui s’habillent de noir se trouvent de nouvelles idoles : les tragiques (Ian Curtis), les éternellement adolescentes (Robert Smith), les louches (Soft Cell). Célèbre ses tubes, petits et grands, comme « Fade to grey » (Visage), « Motion of love » (Gene Loves Jezebel) et « Living on the ceiling » (Blancmange) qu’on risque bien d’entendre dimanche. En Belgique, les années 80 sont celles du label Play It Again Sam. D’un TC Matic révélé par « Oh la la la ». De boîtes comme le Théatro à Bruxelles où l’on dansait en regardant ses pieds et ce qu’on passait de plus « commercial » devait être « Solsbury hill » de Peter Gabriel. A Deinze, un festival, le Futurama, finit par disparaître peu avant de souffler ses dix bougies. Et dans les pages de Rock This Town, la guerre entre fans de Cure et accros à Depeche Mode fait rage !
« Un peu de nostalgie »
Au fait, ces fans, aujourd’hui ? Des quadras nostalgiques ? « Je pense effectivement qu’il y a un peu de nostalgie, confirme Frédéric, connaisseur et amateur du genre. D’autant que cette musique avait déjà un côté nostalgique, sensible et affectif à l’époque. De plus, certains fans s’identifiaient effectivement beaucoup à certains de ces leaders de groupes ; comme ils sont toujours là, ça aide à rester fidèle. »
Ces eighties version musiques sombres ont encore de belles heures devant elles. Le Sinner’s Day fait le plein, et la production d’aujourd’hui fourmille de jeunes pilleurs/copieurs/disciples (biffez la mention inutile). L’Américaine Zola Jesus a des accents de Siouxsie. Et le label Sacred Bones de Brooklyn perpétue le genre sous des atours plus ou moins psychédéliques. Mais de là à dire qu’on n’a rien fait de mieux depuis… « Comme d’autres amis, j’écoute toujours ces groupes, mais je reste très ouvert aux nouveautés, reprend Frédéric. D’ailleurs, je suis plus Purefm que Classic 21. » Quant à faire rejouer de « vieilles gloires », on rejoint parfois plus l’actu qu’on ne le croit : « Le message véhiculé, comme il est souvent sombre, colle bien avec la crise économique et la peur qu’ont les quadras de se faire licencier du jour au lendemain… »
Sinner’s Day, dimanche 30 octobre, Ethias Arena. Avec : The Cult, Patti Smith & band, The Mission, John Foxx, Recoil, Karl Bartos, Diamanda Galas… Infos : www.sinnersday.be
Happy Birthday ! Front 242 a 30 ans…
« A l’époque, mon père se moquait de moi en disant que tous les groupes que j’écoutais allaient avoir une vie très courte, se rappelle Frédéric. Qu’ils ne dureraient pas comme les Stones. Aujourd’hui, avec lui, on s’amuse car il écoute U2. Et il a dû reconnaître qu’il avait tort pour Front, comme pour Depeche Mode. » Non seulement le groupe bruxellois a initié un genre, baptisé electronic body music, mais il a en outre influencé quantité d’autres artistes de par le monde. Sa griffe ? Une rigueur absolue en termes de contrôle de l’image et de la création, y compris visuelle. C’est en 88 que la formation, emmenée par le remuant Richard 23, perce auprès d’un public plus large, avec « Headhunter » et son clip réalisé par Anton Corbijn.