C’était la toute grande foule à l’AB pour accueillir Bon Iver, responsable il y a quatre ans d’un album magique avec «For Emma, Forever Ago». Mais c’est son deuxième éponyme que Justin Vernon est venu présenter hier, un disque plus ample et orchestré que son prédécesseur. Autres temps, autres moeurs. Et au final, une grosse déception.
C’est peu dire que Bon Iver était attendu. Le public, en grande majorité venu des terres de Flandre, accueille notre homme Justin Vernon comme s’il s’agissait de Bono, tandis que dehors, ils sont encore nombreux à chercher un ticket. Comment un type à moitié chauve et avec une voix de fausset peut-il engendrer autant de ferveur? C’est que le bonhomme est l’objet d’une sorte de mythe: celui du gars qui va s’enfermer trois mois dans une cabane perdue au milieu des bois pour y écrire ses plaies, tel le Springsteen de «Nebraska». Le résultat, c’est son premier album, magique et habité, «For Emma, Forever Ago».
Sauf que tout ça, c’était il y a quatre ans. Quand il a fallu trouver une suite à ce diamant dépouillé et intimiste, Justin Vernon décida de prendre l’autoroute opposée afin d’y tenter son «Born in the USA» en quelque sorte. Roulez tambours, sonnez trompettes! C’est donc à neuf (9!), dont deux batteurs et tous les instruments possibles et imaginables, que Bon Iver monte sur scène dans une ambiance d’hystérie. Pour l’intimisme, on repassera. Le concert sera dans sa grande majorité dédié au deuxième album, entre montées se voulant épiques, conversations de cuivres et harmonies vocales à tout va. Le public y trouve son compte (en même temps, le gars aurait fait un spoken word en finnois que la réaction aurait été pareille!) tandis qu’on est ébahi: s’agit-il vraiment du même type qui a écrit «For Emma»?
Que les choses soient claires, on a aucun problème avec le parti pris big band a priori. Mais en l’occurrence, le truc est tellement brouillon, il n’y a pas une mélodie potable qui ressort. Vernon essaie bien de créer une atmosphère pour chaque titre, allongeant l’intro, laissant la place aux cuivres, mais rien n’y fait. Il ne se passe rien. Même les quelques rares titres de «Emma» ne suscitent aucune émotion. On entend juste un gars très limité vocalement qui s’évertue malgré tout à chanter dans les aigus. Surtout, on est dans un registre terriblement et désespérément middle of the road. Les chansons piochent un peu du côté folk, avec une touche americana et quelques éléments pop et rock mais jamais de manière franche. On a l’impression de voir un groupe de stade qui n’a pas encore trouvé ses marques. Et qui cherche à plaire au plus grand nombre de façon bien molle.
On en est là dans nos réflexions quand un truc incroyable se produit: Vernon nous fait son Phil Collins. Il est en plein dedans, à fond premier degré. PHIL COLLINS!!! Le titre s’appelle ‘Beth/Rest’ et on y trouve tout! Le petit break avec reprise au piano sur un ton ô combien émotions! La montée vers les sphères la main sur le coeur et les voix en écho. Rigolez pas, c’est le seul morceau du concert où le bonhomme prend enfin franchement une direction et y fonce tête baissée. Total Respect! Après ça, qu’est-ce que vous voulez qu’on raconte? Le masque est tombé. Vivement le prochain Live Aid.
Didier Zacharie
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thibaultdebe
28 octobre 2011 à 7 h 55 min
Et bien je ne suis pas du tout d’accord. Et je tiens à préciser que je ne me gêne pas pour dégommer un concert même quand je suis fan.
Je vous rejoins juste sur le manque de chansons du 1er album (de loin superieur au 2ème). A part cela une fois rentré dans le concert (et ce fut vite le cas), que du bonheur. Vous etes peut-être simplement passé à coté.
Bon je savais à quoi m’attendre en y allant, je savais qu’il ne serait pas seul sur une chaise avec sa guitare acoustique comme à ses débuts.
Steph
28 octobre 2011 à 8 h 11 min
Triste critique…
Gilles
28 octobre 2011 à 9 h 45 min
On aurait pas plutôt affaire à un critique-fan qui voulait absolument entendre les morceaux de son “For Emma…” chéri ? Pour ça, il fallait aller au Bota et assister à la tournée du premier album. Le gars vient de sortir une nouvelle plaque, normal qu’il y consacre une bonne partie de son set. En attendant, “Bon Iver” fait pour moi partie des meilleurs albums de 2011, ne fut-ce que parce qu’à l’instar de Metronomy, le gars a osé se réinventer complètement plutôt que de taper sur le même clou.
grospooh
28 octobre 2011 à 9 h 52 min
C’est quoi cet article de petit niveau, qui est ce journaliste dont le nom ne m’est pas familier dans ce journal, un stagiaire pour 2 semaines, comment peut-il un seul instant émettre une remarque telle “comment un type à moitié chauve et avec une voix de fausset peut-il engendrer autant de ferveur ?”. On parle ici de musique et pas de physique, concert et entrain d’un public qui a manifesté un émoi et une ambiance des plus folles. Croyez-moi je vois énormément de concerts et je peux vous assurer que Bon Iver hier c’était grandiose. Un band de 9 musiciens avec de nombreux cuivres au son énorme. Et rien de similaire à Phil Collins, votre référence. OK il y avait beaucoup de néerlandophones, comme souvent dans les bons concerts, mais c’est pas avec de tels articles que vous donnez l’envie aux francophones de découvrir des groupes de ce niveau. Allez voir Nolwenn Leroy, vous lui avez déjà donné le même nombre d’étoiles que Bon Iver dans le Mad hier, vous apprécierez plus.
Antoine S.
28 octobre 2011 à 9 h 53 min
Cher Monsieur Zacharie,
Résumer le concert à ‘Beth/Rest’ qui restera pour l’éternité l’énorme faute de gout du dernier album, c’est prouver à tout le net que vous n’avez absolument rien compris à l’atmosphère de Bon Iver.
Pour appuyer Thibault, il semblerait que vous soyez bel et bien passé à coté de ce concert.
Enfin il semblerait que vous soyez passé à côté de l’artiste de toute manière. Résumer le mec au fait d’être chauve et d’avoir une voix de fausset, bravo le dédain et la condescendance.
Content de savoir que les esprits limités dans votre genre passent leur chemin face à un telle interprétation, ça fera de la place pour les pauvres personnes qui ont passé des heures à espérer une place et que des journalistes peu concernés dans votre genre leur prennent.
natacha
28 octobre 2011 à 10 h 10 min
Triste critique en effet! Qui ne correspond pas du tout à la réalité de ce concert, qui était grandiose et bien au-dessus de la plupart des navets cités en référence…
Concert surprenant dans le bon sens du terms, musicalement excellent, Justin vernon était au rendez-vous et a ravi la foule dans le public… quand aux critiques de musique… apparemment ils sont passé à côté de l’essentiel… dommage pour eux…
niko
28 octobre 2011 à 10 h 20 min
C’est quoi ces commentaires de petit niveau? On se sent un peu insultés de ses petits goûts de tapettes, les filles?
Le mec a pas aimé le concert, il explique très bien pourquoi. Un avis différent du vôtre ne fait pas un mauvais article, cette blague.
test
28 octobre 2011 à 10 h 51 min
ébahi et pas ébahit
finnois et pas finlandais
Peu importe
28 octobre 2011 à 11 h 58 min
Je n’étais pas au concert, mais j’aurais bien aimé ! En tous cas les vidéos suffisent à démonter la critique acide de Zacharie…J’ai des frissons rien qu’en regardant celle d’Holocene. Je n’imagine pas ce que ça devait être dans la salle…Du grand Bon Iver apparemment !
jerrytol
28 octobre 2011 à 12 h 26 min
L’imposture Bon Iver enfin démasquée.
Bravo à D.Zacharie pour son honnêteté et son courage pour aller contre la pensée unique.
Le problème c’est que ces gens qui paient cher et vilain leur place sont prêt à tout pour s’auto-convaincre qu’ils passent une bonne soirée…On peut leur faire écouter n’importe quoi, ce qui compte, c’est l’emballage, pas le produit.
Antoine S.
28 octobre 2011 à 12 h 44 min
Euh jerrytol, t’es gentil, de quoi tu parles si tu n’étais pas au concert ?
Et tu seras bien aimable d’arrêter de penser à ma place. Je n’me suis auto-convaincu de rien du tout. On a quand même aussi le droit d’aimer. Il y a des genres musicaux qui me rebutent et ça n’empêche pas de respecter ceux qui les apprécient.
C’est marrant ces sectaires qui insultent les autres de sectarisme. C’est un peu le camembert qui dit “tu pues” au roquefort.
Steph
28 octobre 2011 à 12 h 50 min
24 euros ne me semble pas être “cher et vilain”…
Decotte
18 décembre 2011 à 11 h 44 min
J’ai vu Bon Iver au Pitchfork festival à Paris, au coeur de la branchouille mondiale, où 90% du public portait ridiculement le même bonnet que lui. Après, point de vue concert, j’ai trouvé que c’était un sommet. Qu’effectivement Beth/Rest est une énorme faute de goût très Phil Collins, mais qu’elle était la seule. Et si on peut craindre que ce soit une direction nouvelle qui tente vernon, je ne dirais pas que c’est la seule direction franche qu’il ait prise dans ce live. J’ai trouvé au contraire qu’il avait décidé de faire garni, avec de puissantes montées, de longues intros. Et j’ai trouvé, à Paris en tout cas, que ça fonctionnait. On peut peut-être lui reprochait une certaine facilité, mais c’est alors reprocher à LCD de nous tenir en haleine cinq minutes avant de tout lâcher. Or, j’ai rarement vu un public autant se lâcher que devant Murphy. Et si vous considérez que les recettes de Bon Iver pour faire pleurer sont putassières, alors celles de Murphy pour faire danser le sont aussi. Enfin, je suis tout sauf d’accord sur le fait que les mélodies ne prenaient pas.
Mais je respecte une chose, la critique du journaliste, qui en plus étaye d’arguments. Que c’est suffisant de la part de rigolos gagas de renvoyer un journaliste à l’écoute de Nolwenn Leroy simplement parce qu’il n’est pas d’accord avec lui. Mais c’est justement le risque des commentaires sur Internet que de devoir lire les vérités assenées par des fans obtus.