Dans les bacs cette semaine, les albums de Arthur H, Ben Howard, Charles Frail and the Moulting Frames, Tom Waits et Milann & Laloy
Arthur H, Baba Love
Mine de rien, cela fait un tout petit peu plus de vingt ans qu’Arthur H(igelin) nous enchante avec son univers poétique et onirique. Avec, à chaque fois, le même choc devant la qualité intrinsèque de ses chansons. Baba Love, son huitième album (sans compter les nombreux live et musiques de film) est un excellent disque, qu’on classera pas loin de son chef-d’œuvre de 2003, le magnifique Négresse Blanche.
Comme son titre l’indique, Baba Love évoque l’état extatique d’un artiste amoureux. Habitué de collaborations extérieures, Arthur convoque à la fête sa frangine Izia (« La beauté de l’amour ») mais aussi le slammeur Saul Williams qui co-signe deux chansons, Claire Farah et surtout Jean-Louis Trintignant pour un sublime poème à deux voix, L’ivresse des hauteurs.
Arthur se permet également de réinventer la langue française avec « Prendre corps » (écrit par Ghérasim Luca), son « Madame Rêve » à lui. Où, plus sensuel que jamais, il chante sur des claviers Gainsbourg période Melody Nelson : Je t’amazone/Je te gorge/Je te ventre/Je te jupe. Voilà bien un disque qui nous permettra de passer l’hiver…
*Polydor-Universal http://www.arthurh.net/
Il n’a que 23 ans et vient du Devon, en Angleterre, mais quelle maîtrise dans la composition et l’interprétation a déjà ce troubadour folk inspiré par Nick Drake et John Martyn ! Ses ballades sont habitées par une force naturelle à vous flanquer le frisson. « Old pine », « Keep your head up » ou « Only love » sont autant d’appel à garder la tête hors de l’eau, à devenir meilleur.
*Tôt Ou Tard-PiaS. http://www.myspace.com/benhoward
Charles Frail and the Moulting Frames, Morning, it breathes
Amstellodamois, Charles Frail sonne comme un digne héritier d’Antony Hegarty et ses Johnsons. La faute à cette voix, ahurissante, androgyne et angélique qu’il fait pleurer sur des univers à la Devendra/CocoRosie. Artisan des temps modernes, il a appris à se servir d’une machine à coudre pour emballer les 500 premiers exemplaires de son album. Coup de cœur.
*Munich. http://www.munichrecords.com/
Le Californien à l’organe rocailleux rouvre son cabaret déglingué. Le rock y fait grincer les planches, le blues groove dans un fond de bourbon. Au bar, les comparses (Keith Richards, Marc Ribot…) picolent avec le fantôme de Screamin’ Jay Hawkins, ricanant sur « Get lost ». Mais Tom, en auteur classe (avec Madame), chante aussi des ballades poignantes (« Face the highway ») et irlandaises (« New year’s eve »). Des plaisirs simples !
*Anti Inc. – PiaS. http://badasme.com/
Deuxième album du duo formé par Milann (fils de) Lafontaine et l’accordéoniste Didier Laloy. En anglais, en français (deux textes de papa Philippe dont le duo « Tu me danses ») et même en néerlandais (« Waar is het zwembad », « Tik Averechts »), tout réussit à Milann qui s’affirme ici comme un auteur, compositeur et interprète original, fort et ouvert à tous les genres. Pourquoi choisir ?
*Home Records-AMG. http://www.myspace.com/milannlaloy