Enregistré à New York sous la houlette de Jon Spencer, « Liquid Love » est l’excellent troisième album des Liégeois.
Brooklyn, samedi 26 février 2011, le deuxième jour à New York pour les trois musiciens d’Experimental Tropic Blues Band. Arrivée la veille – avec Jean-François Jaspers (JauneOrange), le réalisateur Julien Henry, le photographe Olivier Donnet et votre serviteur –, la petite troupe a sillonné Manhattan sous un ciel bleu, comme n’importe quel touriste. C’est la première fois que Jean-Jacques (chant et guitare), Jeremy (chant et guitare) et David (batterie) foulent le sol de la Grosse Pomme. Dans 48 heures, le trio liégeois retrouvera le Blues Explosion en chef, Jon Spencer, mandaté pour produire le troisième album des Tropic.
Mais pour l’heure, David prépare quelques cocktails dans l’appartement de Bergen Street où séjournent les musiciens. Si la journée a permis au groupe de s’immerger dans la ville, la nuit qui suivra va définitivement sceller l’harmonie au sein de la délégation belge. Même l’illu de la pochette de Liquid Love – la magnifique photo d’Olivier Donnet au parfum soul seventies – a été faite cette nuit-là devant ce club de Bedford Avenue.
Résumons ! L’apéro (à base de rhum) concocté par David fait son office ! On se retrouve ensuite dans un restau italien qui passe de la musique africaine à fond la caisse. Et de là, un peu plus pompettes, direction Bedford Avenue – pas le Bedford branché de Williamsburg, plutôt le Bedford crade. Où deux mecs dans une caisse pourrie cherchent à vendre des cailloux de crack. Où on passe devant une prison que regagnent avant minuit quelques privilégiés qui ont reçu un bon de sortie. Alors qu’on marche depuis une bonne demi-heure, onze lettres rouges se détachent dans la nuit noire. Liquid Love !
Un rasta, Marcus, nous fait de grands signes et nous invite à entrer. Alors qu’on s’imagine rentrer dans un établissement d’un genre un peu particulier, on se rend vite compte que c’est une boîte comme une autre. Uniquement remplie de Blacks. Et nous, visages pâles, sirotons notre Red Stripe dans l’indifférence générale tandis que la piste se remplit de couples au fil des heures.
Cette nuit un peu folle s’achève chez nos voisins de Bergen Street. Là aussi, Olivier aura « la » photo qui illustre le premier single. Tout ça pour dire que Liquid Love a dans son ADN de fortes résonances new-yorkaises. Comme si les Tropic avaient absorbé l’électricité de la ville pour la graver dans la cire.
PHILIPPE MANCHE, à New York