Machiavel se sent pousser des ailes


Le groupe bruxellois fondé par Marc Ysaye en 1975 sort “11”, son onzième disque studio. Un nouveau guitariste apporte un courant frais.  Et qu’en pense la presse flamande ?
Machiavel aurait pu publier le 11-11-11 leur onzième album intitulé 11. Ils n’y ont même pas pensé. Nous bien. Mais comme nous l’a confirmé le chanteur Mario Guccio, il n’y a aucun plan de carrière chez Machiavel. Ils font tout eux-mêmes, sans marketing agressif, sur leur propre label, Moonzoo, qui sert également à découvrir de jeunes artistes belges (The Aim, Vegas…).

« Notre seul but, avoue Mario, est de faire briller cette petite perle des années 70. On se met la pression pour faire de la qualité, c’est tout. »

Fondé en 1975 par Marc Ysaye, Machiavel fut le premier groupe belge à remplir Forest National (à deux reprises, en 1979 et 81). Rejoint en 1977 par le chanteur Mario Guccio, Machiavel a connu plusieurs changements de personnel et périodes de repos pour aujourd’hui multiplier les concerts dans des salles pleines : « Si cela a encore un sens pour Machiavel de publier en 2011 un nouvel album ? Il est clair, répond Mario, que ce n’est pas pour squatter les charts qu’on le fait mais pour obtenir des concerts. C’est sur scène que je me sens le mieux au monde. Notre idée est juste de nous amuser sur scène. »

Roland De Greef et Marc Ysaye sont les derniers membres originels du groupe encore présents. En 1980, ils sont rejoints par Hervé Borbé et Thierry Plas. Ce dernier vient de jeter l’éponge pour pouvoir se consacrer exclusivement à son projet Tailors Of Panama, avec le batteur Jean-Pierre Onraedt : « Thierry s’est fait violence pour une raison honorable. Il estimait que les deux projets étaient incompatibles. Il a décidé de repartir de zéro pour se consacrer à 100 % à son nouveau groupe. Ce choix, que nous respectons, nous a donné l’opportunité de trouver un jeune virtuose de la guitare : Christophe Pons. Le plus drôle, c’est que j’ai joué avec son père, Joseph Pons, dans mon premier groupe, Beethoven. »

Comme un vieux couple

Le nouveau Machiavel surprendra ceux qui en étaient restés au rock progressif du groupe bruxellois. Cette onzième livraison est très ouverte, ronde et chaleureuse, avec même une bossa-nova (« Never-ending day »). Mario partage le chant avec Marc et Roland, pour un album varié, pour ne pas dire serein : « Le temps continue à tracer, on ne cherche pas à l’arrêter. C’est comme en concert où on jouera toujours nos incunables comme “Fly”, sans quoi on se fait scalper. En ce qui me concerne, c’est déjà fait. Toutes les générations viennent à nos concerts, il faut voir ça. Pour la nouvelle tournée, il y aura des choses qu’on n’a jamais faites. »

L’éternel problème restera la difficulté, pour Machiavel, de convaincre nos voisins du nord : « On n’est pas les seuls. Puggy ne passe jamais sur les radios flamandes non plus. La presse flamande n’a aucune considération pour les groupes francophones. Ce qui ne nous empêche pas de jouer là-bas, comme à Bredene, récemment. On aimerait jouer aux Lokersen Feesten ou, pourquoi pas, à TW/Classic. Herman Schueremans, qui n’a pas regretté d’avoir produit notre second Forest National, pourrait nous renvoyer l’ascenseur. »

Machiavel semble plus apaisé que jamais, prêt à repartir pour trente ans : « On nous aurait dit il y a trente ans qu’on deviendrait des papys du rock, on ne l’aurait jamais cru. On arrive encore à se déchirer pour des futilités au sein du groupe, ceci dit. Comme dans un vieux couple. Peuvent énerver le côté obsessionnel de Roland, le côté aristo de Marc, le côté distrait d’Hervé ou mon côté naïf. Christophe est un courant d’air frais. Mais Machiavel, ça reste une histoire d’amour entre mecs qui ont trouvé une forme de sérénité et de sagesse. »

Machiavel lance sa nouvelle tournée le 25/11 au Live Act de Braine-l’Alleud et sera le 10/12 au Spirit Of 66 de Verviers.
www.machiavel.be

Le pire groupe du monde ?

« Le pire groupe du monde », titrait dès 1979 le magazine Humo, en néerlandais dans le texte, avec une photo de ses membres aux têtes coupées par des disques d’or. A l’époque, Machiavel était le premier groupe belge à remplir Forest National. C’est une évidence. Le groupe de Marc Ysaye n’a jamais vraiment existé de l’autre côté de la frontière linguistique.

« Je dois avouer que je connais assez mal Machiavel, avoue le vieux de la vieille Dirk Steenhaut, journaliste musical free lance néerlandophone de 53 ans, collaborateur entre autres du Focus Knack et de Cobra, le website culturel de la VRT. Mon premier souvenir, c’est celui d’un rock symphonique que j’ai découvert il y a plus de trente ans à la RTBF. Dans Pop Shop si mes souvenirs sont bons. J’étais fan de Yes et de Genesis. Et j’avais été impressionné que des Belges fassent ce genre de musique à un pareil niveau. Mais à l’époque, en Flandre, on ne trouvait par leurs albums en magasins. Devenu journaliste, j’ai reçu quelques-uns de leurs disques mais ce n’était plus mon truc. »

« Peu de gens les connaissent chez nous à part les music freaks et les passionnés de rock belge. Il s’agit d’un groupe légendaire… mais mes parents et ma nièce n’en ont sans doute jamais entendu parler, embraie Sasha Van der Speeten, 37 ans, journaliste musical au Standaard et programmateur chez FM Brussel. Moi, la première chanson d’eux que j’ai entendue, c’était « Fly ». Elle était utilisée dans la série « Windkracht 10 ». En radio, elle est dans notre top 100 de la pop et du rock bruxellois. »

Tout en ayant beaucoup de respect pour des musiciens qui ont rempli Forest, parlant même d’événement historique, Dirk Steenhaut a son avis sur l’insuccès des Bruxellois au nord du pays. « A l’époque, les journaux écrivaient peu sur la musique et Humo faisait office de bible. Ses journalistes avaient des idées très particulières et tranchées. Ils ne s’en sont pas pris à Machiavel parce qu’il s’agissait d’un groupe “wallon” mais parce qu’il officiait dans un genre qu’ils n’avaient jamais pris au sérieux et avaient même tendance à railler. »

Et de souligner qu’Admiral Freebee et des tas de groupes flamands qui marchent sont inconnus en Wallonie. « Il existe des grosses différences entre les deux marchés. Il y a aussi sans doute une question de business, de promotion, de priorités dans le management. »

« La Flandre n’a jamais été grande amatrice de rock symphonique. Un peu too much, conclut Sasha Van der Speeten. Elle lui a préféré le post-punk et la new wave. » CQFD ?

COLJON,THIERRY,BROQUET,JULIEN

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6 Comments

  1. bdbar

    12 novembre 2011 à 17 h 27 min

    Machiavel a quand même joué à Roeselare en même temps que Mandfred Man Earth Band, Saxon , Scorpions,etc… Pas des gamins.

  2. kozmik

    13 novembre 2011 à 9 h 59 min

    Un disque voué à terminer dans les bacs à solde assez rapidement.

  3. Pete Meaden

    14 novembre 2011 à 9 h 02 min

    Pitié pas Machiavel ! C’est tout de même pénible de s’accrocher à ces vieilles ‘gloires’ du passé. Déjà à l’époque c’étaient des dinosaures, alors, maintenant c’est plutôt des fossiles.

  4. Bonsigne

    14 novembre 2011 à 19 h 20 min

    Super album et très belles mélodies. Machiavel est le meilleur groupe de rock belge depuis plus de 30 ans. Belle réussite !

  5. Jean Lateur

    14 novembre 2011 à 20 h 27 min

    Très bon album à l’image d’un groupe qui continue à remplir les salles après plus de trente ans d’existence .Bravo continuez à nous faire vibrer

  6. Fab

    18 novembre 2011 à 12 h 58 min

    Je viens d’écouter pour la dixième fois leur nouvel album “eleven” et je le trouve formidable! Je ne m’en lasse pas, à chaque fois de nouvelles découvertes. C’est vraiment l’un des meilleurs groupes belges. Vive Machiavel !

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