Full My Morning Jacket

De sortie à Anvers, les Américains ont livré un long et fastueux concert jeudi soir au Trix. En bordure d’autoroute, les cheveux aux vents, un nouvel album sous le bras (‘Circuital’), My Morning Jacket a lâché les guitares. Incendiaires.

Il fallait prendre les devants ce jeudi soir pour se déplacer dans le pays. Paralysée par une grève des trains, la Belgique voyait ses principales artères embouteillées. Après un début de soirée coincée entre voitures et camions, la carlingue débouche enfin à Borgerhout, excroissance angoissante des abords d’Anvers. Avec ses bretelles solidement attachées sur l’autoroute, le bled a le charme d’un zoning industriel.

C’est donc ici, au Trix, que My Morning Jacket a choisi de s’arrêter pour présenter les titres de son dernier album (‘Circuital’). Depuis son Kentucky natal, la formation s’efforce de maintenir le rock américain sous assistance respiratoire. En dix ans, elle a ouvert un boulevard de guitares à des groupes comme les Fleet Foxes ou Band of Horses. Depuis ses débuts, My Morning Jacket malaxe avec habileté les idiomes sacrés de la musique yankee. Chez eux, folk, rock, blues et country s’inventent un avenir sous une moquette de riffs affûtés pour triompher. C’est la foule des grands soirs aux abords des entrailles bétonnées du Trix. Et il convient de jouer des coudes pour trouver sa place sous les volutes impersonnelles de la salle anversoise.

Avec son nouvel album, My Morning Jacket marque un retour au premier plan. La bande de Jim James le sait et commence tout naturellement son concert avec deux titres issus des circuits électriques de sa dernière plaque (‘Victory Dance’ et ‘Circuital’). Sur scène : un chapeau derrière les claviers, un bassiste classieux et trois chevelus enragés synthétisent l’essence du rock d’hier et d’aujourd’hui. Rodé à mort, le groupe ratisse large, fonce à travers sa discographie et accroche quelques tubes sur les cordes de ses grattes. Les hymnes de son grand œuvre (‘Z’) passent comme une lettre à la poste. ‘Wordlesss Chorus’, ‘Off The Record’, ‘It Beats For You’ laissent des traces, là où les hits de ‘Still Moves’ marquent les esprits (l’incroyable final ‘One Big Holiday’, mais aussi ‘Mahgeetha’ ou encore ‘Steam Engine’).

My Morning Jacket tricote des plages atmosphériques, des tapis volants sur lesquels planent l’ombre de Neil Young. Mais, au final, les gars terminent toujours par imposer le pouvoir des guitares. C’est la force de ce groupe. Dès que leurs amplis grondent, ces mecs sont les rois du monde. À la limite, ils peuvent tout se permettre. Leurs excès de grandiloquence sont toujours excusés par la puissance titanesque des riffs. My Morning Jacket évite méticuleusement les interactions avec l’assistance. Visiblement pas là pour causer, les Américains déroulent plus de deux heures de show avec un ventre mou constitué, pour l’essentiel, des morceaux de son avant-dernier album, le dispensable ‘Evil Urges’. Finalement, Jim James se décide à glisser quelques mots au public : « On est vraiment content d’être là ! » Nous aussi, mec. « Cette soirée est un peu particulière… Il s’agit du 700ème concert de notre histoire ! » Applaudissements, chapeau bas et moumoute forever.

Nicolas Alsteen

http://www.mymorningjacket.com

[youtube tngOSBtDP0M]


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