Les châteaux en Irlande de Clare Louise

Clare est bretonne,a le coeur en Irlande et vit à Bruxelles. Tout cela donne un album au doux parfum de rêve.
Rennes, Cork, Bruxelles : il est facile de suivre à la trace Clare Louise. Claire Girardeau, de son vrai nom, est bruxelloise depuis cinq ans. « Et je n’ai aucune envie de partir », nous affirme-t-elle tout de suite, d’entrée de jeu. Sous le nom de Clare Louise, la jolie brune vient de publier son premier album, Castles in the air, un très beau disque de folk en anglais, mené d’une voix aussi impressionnante que celle de Rosemary Moriarty, au timbre comparable : « Oui, on me l’a déjà dit. J’aime beaucoup ce qu’elle fait et on partage la même affiche à Mouscron. Je suis contente de la rencontrer. »

Claire travaille depuis trois ans au département culture de la Communauté française (service jazz) et ça lui plaît bien : « Ça me permet de rester dans la musique, ma passion. Je n’ai jamais eu beaucoup d’ambition par rapport à la musique. En faire est un plaisir. Je ne l’ai jamais envisagée en termes de métier. Ma mère est chanteuse, avec le duo Frissons d’Ombelle, à Rennes. »

Rennes, c’est là que la chanteuse bretonne a grandi et étudié la littérature anglaise, avant de partir un an en Irlande dans le cadre d’un Erasmus : « J’ai toujours été attirée par l’Irlande, à la recherche d’un héritage familial que je n’ai pas. Avant d’y passer mon master, j’avais déjà passé trois étés dans le comté de Clare, d’où mon nom d’artiste. »

Claire chante dans une chorale depuis ses 14 ans et joue à la guitare les airs folks qu’elle adore, de Dylan à Neil Young, en passant par Simon & Garfunkel : « A la maison, il y a toujours eu beaucoup de musique. Mon père est dentiste mais aussi mélomane. Il y avait de tout : du jazz, du classique, de la chanson française. Et moi, j’allais fouiller dans ses vinyles à la recherche de disques folks. J’ai toujours aimé ça. Et l’Irlande a toujours été mon obsession. J’ai étudié le gaélique et la littérature anglaise et celtique. »

A Cork, Claire partage son appartement avec une colocataire bretonne, un Irlandais et une Irlandaise. En 2006, l’envie leur prend à tous les quatre de venir vivre à Bruxelles : « J’étais déjà venue voir la Grand-Place, avec mes parents, à 17 ans, mais sans connaître la ville pour autant. C’est ma coloc qui a choisi Bruxelles et on l’a suivie. J’avais encore envie de voyager à l’époque. J’ai tout de suite aimé la ville et n’ai plus voulu partir. Je suis une vraie Belge maintenant. Ma vie est ici. Il n’y a aucune raison de partir, c’est une ville qui m’étonne toujours. Elle est hyperexcitante, elle se renouvelle en permanence. »

La chanson a toujours été là et Claire a pris son temps pour écrire et composer des chansons qu’elle a commencé à présenter sur scène en 2009. Elle publie même cette année-là, un EP autoproduit qui suffit pour qu’elle soit programmée à la Boutik Rock, en février 2010 : « Je ne me suis mis aucune pression, c’est arrivé naturellement. Sur scène, je me produisais déjà avec Charlotte (Danhier) au violoncelle et Cédric (Van Caillie) à la guitare. Pour la Boutik Rock, on voulait tout de même avoir l’œil d’un professionnel et on a demandé à Marc Huyghens (de Joy et ex-Venus) de nous superviser un peu. Il a travaillé deux jours avec nous et ça s’est super bien passé. On l’a rappelé pour une deuxième résidence. C’est pour ça qu’au moment de travailler sur l’album, on a pensé à lui car le courant passe très bien entre nous. Il a apporté des petites touches, nous a ouvert de nouvelles portes. Il m’a donné des conseils pour bien poser ma voix… »

Pour l’album, c’est de façon tout aussi naturelle qu’elle se dirige vers le label bruxellois Humpty Dumpty qui vient de fêter, avec elle, au Botanique, ses cinq ans : « Je connaissais ce label car j’y ai des amis de Saint-Nazaire, Tazio & Boy, qui avaient été signés dessus. Quand ils venaient à Bruxelles, ils logeaient chez moi. Christophe de Humpty, nous avait aussi vus sur scène, il a tout de suite été intéressé par notre projet. »

Et le disque est une vraie réussite, avec ses airs folks un peu fantastiques. À l’image de cette pochette dessinée par Astrid Yskout, montrant une petite Clare chevauchant un lièvre dans la forêt : « C’est mon monde imaginaire. Dans nos rêves, tout est possible. Tous les châteaux qui se construisent dans nos têtes. Tous ces champs du possible, ce n’est pas grave s’ils ne se réalisent pas. Nos rêves existent en nous et c’est bien comme ça. Ce que je vis pour le moment est formidable. Je suis déjà satisfaite avec ce qui se passe. Ça me ferait plaisir bien sûr de voir mon disque sortir en France, mais ce n’est pas une obsession. J’ai déjà chanté à trois reprises à Paris. Rennes, ça se fera bien un jour. Ce n’est pas une case obligée pour moi. J’ai beaucoup de nostalgie par rapport à ma ville où je retourne régulièrement pour voir ma famille, mais ce n’est pas un but d’y jouer. J’ai mon petit public ici, à Bruxelles, et c’est très bien comme ça. C’est comme chanter en français, je le ferai peut-être un jour. J’ai déjà écrit des chansons françaises, j’ai même slammé à Rennes il y a longtemps mais pour le moment, je maîtrise mieux la langue anglaise et c’est la musique que j’écoute. »

Clare Louise sera le 9/12 au Belvédère de Namur, le 14/1 à la Médiathèque de Braine-l’Alleud et le 2/3 au CC de Perwez. Infos : www.clarelouise.bandcamp.com et www.humptydumptyrecords.be

THIERRY COLJON

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