Dans les bacs cette semaine, les nouveaux albums de Kate Bush, Atlas Sound, Abdelli, Stanley Brinks & Freschard et Snow PatrolKate Bush, 50 Words For Snow
Six ans après son dernier album (Aerial qui mettait un terme à un silence de douze ans), Kate propose enfin de nouvelles compositions. Car Director’s Cut, ce printemps, n’était finalement qu’une relecture de ses deux albums The Sensual World (1989) et The Red Shoes (1993). Voici donc 50 Words For Snow, un album d’une heure, totalisant sept morceaux seulement, dont le plus court fait 6 minutes 49 secondes, sur le thème de la neige. C’est que la belle Kate tourne (définitivement ?) le dos à la pop qui l’a révélée il y a plus de trente ans. Ces 50 mots pour dire Neige (une chanson qui les énumère de fait) sont comme un long poème abstrait où sa voix est comme impalpable (sous-mixée par elle-même en tout cas), enfouie dans une ambiance malgré tout très chaleureuse, où le piano mène la danse, entre envolées lyriques (visiblement dame Bush écoute beaucoup de musique classique) où perce, de temps à autre, une vibration swing légère mais essentielle. Elton John, sur « Snowed at Wheeler Street », est la seule vedette d’un album-concept de saison, destiné à tenir chaud au coin du feu, distillant sa sève abstraite comme un tableau de Rothko.
*Fish People-EMI. http://www.katebush.com/
Quand ce n’est pas à la tête de Deerhunter, c’est en solo et sous le nom de Atlas Sound que Bradford Cox sort ces petites merveilles. Parallax a l’ambiance cotonneuse, le charme et l’évidence pop des classiques. Sûr qu’on se l’écoutera encore dans 30 ans rêvant éveillé à ces mélodies célestes et ce bonheur ouaté.
*4AD. http://www.myspace.com/atlassound
Enregistré au Pakistan, Canada et Bruxelles, le nouvel album d’Abdelli s’articule autour des thèmes de l’exil. Un disque de « douleur » transcendé par des mélodies hypnotiques et sèches et par le timbre guttural du chanteur. Un (grand) album de résistance qui en fait, par sa thématique, la version arabo-andalouse du Clandestino de Manu Chao.
*Zimbraz-Music & Words. http://www.abdelli.com/
Stanley Brinks & Freschard, New Cologne
En 1256, Clémence et André auraient été ménestrels. Notez, en 2011 aussi… Ils jouent de la guitare dans moult lieux improbables, et gravent seuls ou à deux des disques réchauffant l’âme. Sur fond de cuivres, de mélodies fragiles, de piano gracile, d’accent frenchy et d’un peu de calypso, ces duos-ci racontent de drôles d’histoires, parfois rigolotes, parfois d’amour.
*Radical Baboon/b.y_records. http://www.myspace.com/freschard
Ce sixième album des Irlandais d’Ecosse est né dans la douleur, voyant le groupe partagé entre ses envies de gloire (avec des mélodies fortes à la Coldplay) et un fond plus sophistiqué (pour ne pas dire alternatif). Du coup, l’ensemble est comme désincarné, déséquilibré, sans réelle ligne directionnelle. Le prochain album est déjà annoncé au travers du titre « Broken bottles form a star ». T.C.
*Fiction-Universal. En streaming sur Frontstage. http://www.snowpatrol.com/