C’est l’histoire de six lignes. Six petites lignes et seize fois le même juron pour la version non censurée. « Un hurlement. Une tirade en forme d’insulte lancée contre les maladies de la société américaine », d’après le journaliste Peter Buckley.
La maladie principale, c’est le racisme et c’est la multiplication des actes racistes au sein de la police qui est à la base de Killing In The Name, titre emblématique des Californiens de Rage Against The Machine.
Rap et metal obligent, ces lignes sont répétées sauvagement, directement, hypnotiquement, comme autant de slogans. Le premier couplet , Some of those that work forces, are the same that burn crosses, est déjà sans appel : ceux qui sont de côté de la force, de la loi, sont les mêmes qui brûlent des croix. Traduction : une partie des autorités américaines fait partie du Ku Klux Klan. Histoire de lever toute ambiguïté, en concert, Zack De La Rocha, le chanteur , change souvent cette ligne par are the same that hold office, ce sont les mêmes qui exercent le pouvoir.
Pour le second couplet, on remet une louche : the chosen whites, ce sont les blancs élus. Et ils ont tous les droits, dont celui de tuer, puisqu’ils portent un badge. Une situation injuste qui n’appelle qu’une seule réaction : l’insoumission : Fuck you, I won’t do what you tell me.
‘Killing In The Name’ apparaît sur le premier album de RATM. La couverture est extrêmement violente et en dit long sur les intentions du groupe : on est pas là pour rigoler ! Elle représente le bonze Thich Quang Duc s’immolant en 1963 à Saïgon en signe de protestation contre les mesures anti-bouddhistes ordonnées par le président catholique soutenu par le président américain. L’utilisation de cette image d’un homme qui donne sa vie pour dénoncer l’oppression n’est pas vraiment une surprise si l’on se penche sur la personnalité des membres fondateurs du groupe. Zack De La Rocha est un chicano pur jus issu d’une famille d’activistes. Et Tom Morello, petit neveu de Jomo Kenyatta,premier président du Kenya, joue de la guitare avec dans la poche une thèse de Harvard sur l’apartheid en Afrique du sud. C’est à deux qu’ils fonderont le groupe en 1991 avec l’espoir de secouer le mode de vie américain pour réformer la société de fond en comble. Ni le protest song, ni le punk ni le rap ne sont venus à bout de la « machine ». C’est à eux de tenter le coup.
Sans être caricatural, l’on peut légitimement résumer l’idéologie du groupe au Fuck you, I won’t do what you tell me emblématique de la chanson. Tu ne me feras pas faire ce que je ne veux pas, ou l’apologie de la responsabilisation, du penser par soi-même, de l’insoumission. En un mot, de la liberté.
Axel du Bus
‘Killing in the name of’
Some of those that work forces, are the same that burn crosses
Some of those that work forces, are the same that burn crosses
Some of those that work forces, are the same that burn crosses
Some of those that work forces, are the same that burn crosses
Huh!
Killing in the name of
Killing in the name of
And now you do what they told ya (x12)
Those who died are justified, for wearing the badge, they’re the chosen whites
You justify those that died by wearing the badge, they’re the chosen whites
Those who died are justified, for wearing the badge, they’re the chosen whites
You justify those that died by wearing the badge, they’re the chosen whites
Some of those that work forces, are the same that burn crosses (x4)
Uggh!
Killing in the name of!
Killing in the name of
And now you do what they told ya (x4)
And now you do what they told ya, now you’re under control (x7)
And now you do what they told ya!
Those who died are justified, for wearing the badge, they’re the chosen whites
You justify those that died by wearing the badge, they’re the chosen whites
(x2)
Come on!
Yeah! Come on!
Fuck you, I won’t do what you tell me (x16)
Motherfucker!
Uggh!
clip :
[youtube bWXazVhlyxQ]
et l’extraordinaire version dans les studios de la BBC en 2009 :
[youtube SfZGUdcBBLc]
Axel Dubus
axel du bus
24 décembre 2011 à 11 h 21 min
merci à tous d’avoir suivi ces chroniques, qui quittent les pages du Soir, mais qui continuent sur Classic 21 dès la rentrée, le vendredi à 16h30 et en podcast (pendant les congés, c’est redif).
axel du bus
axel du bus
24 décembre 2011 à 12 h 30 min
et heavy christmas à tous !
axel du bus
Lamas
24 décembre 2011 à 13 h 18 min
La fin des chroniques “Your song” ? Dommage…
Mais une conclusion en apothéose.
L’un des hymnes de ma génération.
Merci.
Et Joyeux !
Carlos Menen
24 décembre 2011 à 13 h 45 min
Chanson toujours d’actualité. Il suffit de voir comment agit la police avec les manifestants anti Wall Street, pour protéger l’Empire. Rage.
allbert
26 décembre 2011 à 10 h 09 min
A lire : http://www.mollat.com/livres/erlend-loe-volvo-trucks-roman-9782847200836.html