Les Sessions Urbaines se déroulent au Centre culturel Jacques Franck et au Botanique dès ce mardi. Film, débats et prestations scéniques illustreront la créativité des rappeurs du pays et de leurs invités. On y verra entre autres Nina Miskina, lauréate des premiers Prix Paroles urbaines de la Fédération Wallonie-Bruxelles…
C’est de saison : l’association Lezarts Urbains pimente ce début d’année artistiquement calme avec ses traditionnelles Sessions. L’idée est toujours de brosser un tableau de la culture hip hop en Belgique francophone et plus spécifiquement de son art vocal : le rap. Pas de fête sans voisins invités : de l’Hexagone débarqueront aussi quelques artificiers du micro.
Les Sessions Urbaines 2012 s’étalent sur quatre jours et débutent ce 17 janvier par une projection de film. De l’encre, réalisé par Ekoué et Hamé de La Rumeur, est une fiction mais ne s’en penche pas moins sur ce qui distingue rap underground et business de la musique. Le 21 janvier, on poursuivra sur le même thème avec, en cette période de grosse contestation sociale, un débat au cours duquel les intervenants évoqueront ce rap engagé manifestement en plein renouveau artistique. Imhotep (IAM), Dema (CNN) et Kaer (Starflam) – pour n’en citer que trois – y prendront la parole.
Bien sûr, il n’y en aura pas que pour les causeries. Les trois dernières soirées se passent aussi sur la scène. Si celles des 26 et 27 s’annoncent plus « classiques », réservées à des performances essentiellement vocales, celle du 21 se déroulera en compagnie d’artistes se produisant avec des instruments live. Et donc, truffant leur art d’influences soul, jazz, latino et même rock.
Parmi ces artistes-là : Nina Miskina, qu’on a déjà pu entendre sous la houlette de Pitcho (compile Héritage), aux côtés de Ghandi (Le point G), voire en solo sur scène ou sur une compile comme Dans ta rue(lle) (qu’on vous recommande chaudement). Et puis surtout, la Miss, arrivée du Congo en Belgique à l’âge de 6 ans, passée par le piano sur les conseils de sa mère avant de se mettre à l’écriture, a reçu en octobre dernier le trophée « Parolier rap » lors des premiers Prix Paroles Urbaines, créés à l’initiative de la Fédération Wallonie – Bruxelles.
Chouette, une fille dans l’univers plutôt mâle du hip hop, aurait-on presque envie de dire ! Nina admet sentir des regards un peu différents. « Je pense qu’on m’attend plus au tournant. Quand j’arrive sur scène, généralement, je vois de l’incertitude dans les yeux des gens. Qu’est-ce qu’elle va nous faire ? Est-ce qu’elle va chanter ? Parce que je n’ai pas une tête ou une dégaine de rappeuse, donc on ne s’attend pas à ce que je rappe. » Et encore moins à ce qu’elle rappe bien ! Mais : « Dans ce milieu masculin, les hommes sont machos sans vraiment l’être, parce qu’à partir du moment où tu fais bien ton travail, on te soutient. »
Son travail, comme elle le dit, c’est l’écriture. On s’en doute : elle a ses thèmes de prédilection parce que dans sa petite vie, elle a quand même vu pas mal de choses (sic). « C’est dommage que les femmes n’écrivent pas plus, commente-t-elle. Parce qu’elles ont une autre manière d’appréhender la musique. Et elles sont très drôles. Les garçons font les malins quand ils sont ensemble, mais des filles enfermées dans une pièce peuvent aussi sortir des bazars à mourir de rire. Pas besoin d’aller à la salle de sport, tu te fais des barres d’abdos en une heure ! Et même les situations les plus dramatiques, elles arrivent à les retourner de manière marrante. Alors oui, je raconte mes copines qui ont eu des enfants toutes seules, ou ces moments de mon passé pendant lesquels j’ai eu besoin d’argent et j’ai fait des choses pour en avoir vite sans faire de mal à personne, … Mais avec le sourire ! »
Didier Stiers
(photo: Julien Desmet)
Premier texte
Rap et engagement
Un premier disque
Sessions Urbaines 2012
– Mardi 17 : projection du film « De l’encre », en présence des deux réalisateurs et de l’actrice principale. Soirée clôturée par un débat. Centre culturel Jacques Franck, 20h, 4/5 euros.
– Samedi 21 : « Paroles urbaines – MC’s & live band ». Concerts (18h, 6/8 euros) et rencontre-débat (20h, entrée libre) avec La Canaille. Débat en présence du groupe et d’autres acteurs du mouvement hip hop. Botanique.
– Jeudi 26 : « Lyrical Session ». Soirée de performances à l’ancienne. Botanique, 20h, 6/8 euros.
– Vendredi 27 : « Rap Sessions # 4 ». Une soirée au cours de laquelle sera mis en avant un rap authentique et varié. Parmi les invités : Grems, mc français incontournable. Botanique, 20h, 6/8 euros.
Infos et programme détaillé: www.sessionsurbaines.be.