Le pèlerin de l’amour est de retour avec son douzième album. Nous l’avons écouté, à l’hôtel Crillon, en sa présence et celle de la presse européenne. « Old ideas», ce sont dix chansons touchées par la grâce d’un artiste inégalé. Récit d’une écoute tutoyant les anges.
Paris,
De notre envoyé spécial
Hôtel Crillon à Paris. Vue imprenable sur la place de la Concorde, son obélisque et sa grande roue perçant la nuit de ses lumières scintillantes.
Au Salon des Aigles qui, de leurs dorures de stuc, couvent les grands lustres d’un autre temps, entre un pèlerin québécois de 77 ans. Chapeau noir comme le costume et la cravate, légèrement voûté, Leonard s’avance parmi nous pour présenter son douzième album, le premier depuis huit ans, “Old ideas”. Sa chaise fait face aux représentants de la presse européenne qui, d’Israël et Pologne jusqu’au Portugal, s’est donné rendez-vous là spécialement pour entendre ce disque dont deux titres, « Show me the place » et « The darkness » avaient déjà été révélés sur Internet.
Leonard, en tout cas, n’a rien perdu de son humour légendaire : « Merci à tous d’être là, j’apprécie du fond du cœur. Permettez seulement que je tourne ma chaise et vous tourne le dos afin que vous puissiez exprimer vos émotions. Sentez-vous libre de le faire selon votre cœur. »
Et Leonard s’assied au premier rang pour écouter l’intégralité des dix chansons écrites sur un long laps de temps (d’où le titre de Old ideas). L’écran ne diffuse que la pochette : un Leonard écrit dans un jardin face à son domicile montréalais, son ombre s’équilibrant avec celle de la photographe. Le disque s’ouvre sur « Going home » et tout de suite, on plonge dans ce monde familier qui est la plus douce et la plus sensuelle des drogues. L’orgue, les chœurs féminins (Dana Glover, Sharon Robinson, les Webb Sisters et Jennifer Warnes), le violon… Le son, concocté par le producteur (notamment de Madonna) Patrick Leonard, est respectueux de cette voix grave bien mise en avant. Leonard nous souffle tout son amour dans l’oreille. Leçons de vie et d’humanité, il se permet aussi un clin d’œil d’autodérision à propos de Leonard, ce « lazy bastard living in a suit » (cet enfoiré de fainéant vivant dans un costume).
Une délicatesse folle
La mélancolie klezmer revient dans « Amen », voix angéliques et pont à la trompette… Le temps s’arrête ou plutôt s’écoule autrement. La guitare et l’orgue sont autant de touches impressionnistes d’une délicatesse folle. Il n’y a plus personne aujourd’hui pour réaliser un disque à impérativement écouter dans un silence religieux. Le plus rythmé « The darkness » livre son blues contagieux. On passe en mode lévitation zen là où il n’y a aucune tristesse ou dépression. Leonard chante la vie et l’amour sans oublier les souffrances qui en découlent. Dans « Anyhow », la mélodie s’efface quasi totalement derrière la déclamation. Sur « Crazy to love you », c’est une gigantesque et généreuse brassée d’amour qui nous étreint, avec cette sérénité qui nous permet d’être en paix avec nous-même et le monde. « Come healing » est le médicament indiqué avant un « Banjo » country-blues flirtant avec la Louisiane. L’harmonica vient ensuite décorer la berceuse « Lullaby », le vent soufflant dans les arbres apportant cette fraîcheur qui, à aucun moment, ne quitte le poète troubadour. En terminant par « Different sides », Leonard nous glisse une dernière fois à l’oreille cette voix ensorcelante qui nous fait irrésistiblement l’amour. Chaud devant ! Leonard est un gredin. C’est fini. Avec un petit sourire complice, il se retourne et lance : « Personne n’a ri ! ».
On passe à côté pour le drink de l’amitié, les lumières de la ville sont à nos pieds. Et puis, au moment où on ne l’attend plus, voici Leonard se pliant au jeu des photos et dédicaces, avec une patience et une gentillesse angéliques.
On s’en va, dévoré par la nuit et les grands boulevards illuminés. On se réécoute l’album et on sait déjà qu’on aura souvent besoin cette année de cette dope musicale. Merci Leonard de nous procurer autant de bonheur !
Thierry Coljon
“Old Ideas” de Leonard Cohen (Columbia-Sony Music) sera en magasin en Belgique ce vendredi 27 janvier. Le Mad du 25 publiera le contenu de la conférence de presse donnée à Paris par l’artiste.
arpee
17 janvier 2012 à 13 h 56 min
Tout comme pour Bob Dylan ou Renaud, je pense qu’il est temps maintenant de les lire et de ne plus les écouter…
dermaux
17 janvier 2012 à 17 h 24 min
Absolument nullissime ! Coljon s’est fait chier pendant l’écoute (je sais j’y étais aussi, je l’ai bien vu) mais, comme de bien entendu, il n’ose l’écrire. Pauvre mentalité.
Stan
17 janvier 2012 à 17 h 47 min
Leonard Cohen. Une évidence dans ces pages.
Et pas un mot autour de la mort de cet autre géant qu’était Bert Jansch, disparu le 5 octobre dernier, à 67 ans !? Une œuvre de 25 albums, plus de 400 enregistrements, rien à jeter. Un musicien qui a contribué à refonder le folk contemporain et à renouveler la technique de la guitare ?
Pillé par Jimmy Page. Un homme dont Neil Young disait qu’il le considérait comme l’équivalent de Hendrix pour la guitare acoustique. Où êtes-vous ?
Ergo
17 janvier 2012 à 18 h 42 min
MAGNIFIQUE!
Patrice
17 janvier 2012 à 18 h 55 min
Pourquoi le seul site francophone dédié à Leonard Cohen (http://www.leonardcohensite.com) a t-il été tenu à l’écart de cet évènement? C’est un affront pour tous les fans francophones de Leonard.
Berny
17 janvier 2012 à 19 h 26 min
Pas terribles les deux extraits proposés
Yff
17 janvier 2012 à 21 h 46 min
Monseigneur Léonard a sorti un disque?
moret
18 janvier 2012 à 0 h 15 min
qui ose encore utiliser une expression aussi pourrie que “tutoyer les anges”.
et le cohen, il a l’air chiant comme la pluie.
C.Pt
18 janvier 2012 à 10 h 12 min
@ dermaux
peut on vous suggérer de jouer bas les masques et de nous dire dans quelle publication vous sévissez, que l’on puisse prendre connaissance de votre avis sur la question?
lesoir
18 janvier 2012 à 14 h 15 min
@ patrice
Les fans étaient représentés, au premier rang de la CP parisienne, par un Français (non anglophone) qui a posé la dernière question (“allez-vous remonter sur scène en 2012 ?”) et que Leonard, visiblement, connaissait très bien. Même qu’il l’a remercié pour tout le travail réalisé – en français- depuis plus de 40 ans.
@ dernaux : vous dites n’importe quoi : gratuit, méchant et même pas drôle
Guillaume
20 janvier 2012 à 11 h 51 min
@ Arpee,
Je ne suis pas d’accord. Pour les avoir vu en concert tous les trois ces dernières années, si Renaud et Bob Dylan ne savent plus chanter (là ok avec vous), Léonard Cohen garde une voix magnifique et chante avec une justesse à couper le souffle. Ses concerts sont tout simplement planant.
Mmarsupilami
21 janvier 2012 à 0 h 53 min
Ouah! A l’hôtel Crillon! Ca devait être génial!