A presque 30 ans, il compte dans ce que la scène rap belge propose de plus original. Épaulé par Remi Zombek aux machines, il était ce mardi au Théâtre 140 à Bruxelles, en prélude de son prochain album. Ce soir et jeudi, il remettra le couvert, au même endroit. On vous raconte tout ça, entre deux extraits de l’interview réalisée pendant ses répétitions.
Avec lui, on mettrait même rap entre guillemets : ses derniers clips, son récent projet (Les voix du 8) et son précédent album (Saint-Idesbald) débordent du cadre communément admis. De quoi rendre plus impatient encore à l’annonce de sa prochaine galette.
Mardi, 20h30, Veence Hanao est donc au 140 avec, hormis les « Faut bien qu’ils brillent » et « Kick, snare, bien » déjà clippés, une poignée de nouveaux titres. « Encore fragiles au niveau de la scène », me disait la semaine passée leur auteur, qui avoue cependant aimer ça. Fragiles ? Alors c’est juste parce qu’ils ne s’y étaient pas encore frottés ! Quand il convoque Mickey Mouse pour nous brosser un tableau flippant du monde du travail et de ce spectacle/manège dans lequel on voudrait tous nous caser, ils sont surtout saisissants, ses textes !
Allons-y franchement : il y a quelque chose de Brel, dans cette manière de faire surgir des lignes qu’il écrit et vit la tristesse et la noirceur, des sourires qui virent à la grimace, de la douceur qui se change en amertume, la beauté et le trivial.
Mises en musique, elles se fondent dans des atmosphères urbaines mais nocturnes. La touche jazzy se fait vite mélancolique. Et quand le tapis sonore se teinte d’électro plus abstraite, c’est pour renforcer encore tous les malaises ambiants de nos existences. Précisons… Aux machines, caisse claire, laptop et charley, son comparse Rémi Zombeck ne se contente pas de tisser des tapis : il construit de vrais décors à ce parlé-chanté qui imprime les mots dans nos cerveaux. La vie est un film trash, qui commence quand on ferme le dernier bar et qu’on se retrouve dehors sous la pluie.
Entre deux errances introspectives, Veence Hanao détend avec une plaisanterie… The Voice n’a manifestement pas scotché tout le monde devant son petit écran, constate-t-il. Pas plus que Les Experts : il y a du public dans la salle ! Qui sourit quand il entend l’intro de « Chasse et pêche » (« Je m’emmerde »… mais « quand je veux »).
Croisé au bar après ce premier mini-concert (45 minutes, on finit par trouver ça court en repensant aux sensations addictives que ce garçon-là donne à vivre avec deux fois rien), il évoque l’un ou l’autre petit couac. Passé discrètement : on n’a rien vu ! Ou alors s’agit-il de ce gag qui consiste à parler dans son pied de micro ?
Didier Stiers
(photo: Caroline Lessire)
Les 18 et 19 janvier au Théâtre 140. Seconde partie de soirée : No way back, une création en sons et en danse de Milan Labouiss. Infos : www.theatre140.be. Veence Hanao sera aussi le 4 février au Botanique dans le cadre du festival ProPulse.