Les Black Keys en mode diesel

Début de set passablement brouillon, faux départ sur un titre, des blancs entre les morceaux mais aussi quelques passages bien sauvages ; les Black Keys étaient hier soir à la Lotto Arena pour un concert en demi-teinte. « C’est le premier de notre tournée, ça fait un moment qu’on n’a plus joué ensemble, excusez-nous si nous vous semblons un peu rouillés », prévient Dan Auerbach. Ben oui buddy boy, c’est ce qu’on s’est dit aussi!

Contact, démarrage en côte
Dure, dure, l’entame de parcours. La configuration du terrain n’aide évidemment pas : la Lotto Arena est un gros container qui résonne bien fort. Du coup, le rock garage des deux d’Akron vire ici et là au rock de parking couvert. Et les teintes blues se noient dans ce qui frôle plus d’une fois le magma sonore. D’accord, tout le monde ne peut pas se payer une salle Henry Le Bœuf, mais de là à opter pour une arène du genre où crient les beaufs… Du coup, ça trace péniblement son chemin vers nos tympans pendant les cinq ou six premiers morceaux : on perd les accents glam de « Gold on the ceiling », la douze cordes joue au conducteur fantôme sur « Strange times » et l’on est presque surpris d’entendre émerger du brouillard les subtilités de la batterie sur « Run right back ».

Clignotant, dépassement dans le virage
« Bon, on va vous faire quelques morceaux comme ça », annonce Auerbach. « Comme ça », c’est-à-dire juste lui et Pat. Les deux musiciens additionnels sont partis boire un Oxo dans les backstages, le temps de quatre titres qui reflirtent avec cette touche rock plus sale, parfois salace même, qu’affectionnaient les Black Keys d’antan. « Thick freakness » nous ramène en 2003 et au deuxième album des compères. « Girls on my mind », avec son intro bluesy, c’était en 2004 sur le disque suivant, « I’ll be your man » est extrait de leur tout premier (The big come up en 2002), et le défilé d’old timers se termine avec « Your touch » (2006, sur Magic potion). « J’aime l’odeur du cambouis au petit matin », comme disait l’autre…

Pédale des gaz, accélération sur la descente
L’Oxo aussi donne des ailes, pense-t-on dès le retour des deux sidemen pour « Little black submarines », semi-ballade bien sexy illuminant le récent El camino. « Jamais jouée devant qui que ce soit », à en croire le chanteur et guitariste qui emballe dans une orgie de riffs et de lumière crue. Une vague ombre stonienne plane sur les cordes de « Nova baby », l’orgue embraie sur « Chop and change ». Le drapeau à damiers est en vue, alors le quatuor laisse sur le macadam ce qui lui reste de pneumatique : on entend même le petit sifflotement de « Tighten up », et sur « Lonely boy », c’est toute l’Arena qui fait des « hoo ho hohoo ». Ce single-là peut définitivement rejoindre « Take me out » de Franz Ferdinand et « Seven nation army » des White Stripes au rang des d’hymnes rock millésimés 2000.

Contrôle technique
Une heure et quart après leur apparition, les Black Keys balancent trois titres en rappel : deux extraits de Brothers suivis par un ultime « I got mine » tiré d’Attack and release. Pour l’heure, le bilan est clair : si le duo est visuellement spectaculaire et musicalement affuté, l’enchaînement des morceaux patine encore dans les flaques d’huile. Et quelques réglages indispensables restent à effectuer pour être justement d’attaque, sur la longue route qui mène à l’été et ses festivals.

Didier Stiers

Setlist
1. Howlin’ for you
2. Sister
3. Gold on the ceiling
4. Dead and gone
5. Strange times
6. Run right back
7. Thick freakness
8. Girl is on my mind
9. I’ll be your man
10. Your touch
11. Little black submarines
12. Next girl
13. Nova baby
14. Chop and change
15. Money maker
16. Ten cent pistol
17. Same old thing
18. Tighten up
19. Lonely boy
Rappels
20. Everlasting light
21. She’s long gone
22. I got mine

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Didier Stiers

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16 Comments

  1. Roux

    24 janvier 2012 à 11 h 58 min

    Bande de philistins !

  2. Guillaume

    24 janvier 2012 à 12 h 01 min

    Début Diesel, oui… Imperfection, oui…
    Mais quel concert tout de même! Tous les classiques, un 1/4h de vieux morceaux à deux sur scène, clairs et puissants, une fin de set et un rappel de folie, J’adore!

    Dommage que le Lotto Arena soit si grand, ce groupe est à voir dans un garage 🙂

  3. Aurl

    24 janvier 2012 à 12 h 20 min

    J’ai adoré ! J’ai pas fermé les yeux pendant 2h. Ils étaient excellents, et le rock, c’est pas du Lady gaga avec un set millimétré. Franchement, ça m’a pas posé de problème d’avoir un “noir” de 8secondes entre chaque musique tellement j’attendais impatiemment le morceau suivant.

    Lotto arena pas accueillant du tout ! Et il n’y avait pas grande ambiance… On était dans la fosse, les seuls à crier, siffler et lever les bras. Mais concert perfect avec un Dan qui sait gratter comme pas deux des rifs tellement jouissifs et un Patriiiick qui souffre sur chaque coup de baguette mais qui assure du début à la fin !

    Merci les Black Keys ^^

  4. rens

    24 janvier 2012 à 14 h 16 min

    Vaste blague, il était trop bon ce concert. D’où on était on a eu un son pas mal du tout pour l’endroit, et l’ambiance depuis le balcon était pas mal du tout!
    Du bon rock bien roots joué avec le coeur, c’était plaisir!

  5. Nicolas

    24 janvier 2012 à 15 h 06 min

    Z’êtes pas bien ? Take me out, hymne rock ??
    Bon, sinon ok, l’Arena est peut-être pas la meilleure des salles, mais quel concert quand même ! Quelle énergie de la part du duo ! Les blancs entre les morceaux ? Hé ! Faut les laissez souffler 2 secondes non ?
    Et je préfère 100 fois mieux les avoir vu pour leur tout premier concert de leur nouvelle tournée que d’aller à un festival avec 20000 autres personnes pour les voir au final sur un grand écran…
    Va falloir un peu plus aller aux concert de rock les gars et vous limiter sur Laydy Gaga

  6. Michel

    24 janvier 2012 à 15 h 25 min

    Entièrement d’accord avec ce billet bien rédigé… Démarrage difficile et fin totalement rock. On sentait que c’était la première date, inutile de le préciser 🙂

    Tout de même un bon moment en espérant les revoir durant l’été.

  7. chris

    24 janvier 2012 à 15 h 47 min

    “…mais de là à opter pour une arène du genre où crient les beaufs…”

    s’offusque le journaliste laissant échapper sa frustration quelconque et qui ira en courant se chercher son acréditation pour les dits festivals où les beaufs font place aux boeufs et où le son sera encore pire mais l’important ne sera pas là puisqu’il s’agira, comme chaque été, d’y être vu…

    Au-delà de cet avis assez rabat-joie du mec qui va jouer au dégouté que son petit groupe chéri devienne populaire et attire les “beaufs” dans un container pourri alors qu’en fait il a découvert les BK au mieux avec Brothers…
    le concert était vraiment bon et lorsqu’un groupe joue du rock avec passion et génie, on se fout des petites imperfections (sinon, comme dit plus haut allez voir Miss Gaga…).

  8. Fa

    24 janvier 2012 à 16 h 04 min

    Mais cessez donc de démonter la critique de ce pauvre Stiers !

    Elle est certes mitigée, mais en réalité, ce n’est rien d’autre qu’une critique altruiste. Elle permet à certaines personnes (dont je fais partie) de mieux supporter le fait de ne pas avoir assisté au concert des Black Keys. On sait tous que le concert devait être énorme, pas besoin de retourner le couteau dans la plaie….

    Je vous dis donc merci Mr Stiers !

  9. Brice

    24 janvier 2012 à 16 h 08 min

    Je suis relativement d’accord avec les avis positifs quant au concert. J’aurais juste aimé que le son soit moins « sourd » et ainsi plus entendre la guitare et la voix de Dan.
    Cependant, dans les moments d’accalmie (comme dans certains passages de Girl Is On My Mind), c’était juste parfait.

    Une petite question quant au reportage : où pouvons-nous trouver les photos faites dans les backstages avec le groupe ?

  10. Ol

    24 janvier 2012 à 16 h 57 min

    Je suis d’accord avec cette chronique. Les temps de pause, le faux départ… Ca fait un peu mal au cul de payer 35 € pour une sorte répète générale avant la vraie tournée. Et quelle salle pourrie, y a vraiment que les gens qui veulent se faire du fric facile qui jouent au Lotto.

  11. Le Soir

    24 janvier 2012 à 17 h 02 min

    @Brice Les photos du meet and greet sont sous l’article

  12. Jon

    24 janvier 2012 à 18 h 10 min

    Tout à fait d’accord avec l’article.
    Très bon concert, mais quelques faiblesses, n’en déplaise aux inflexibles.

  13. jo

    25 janvier 2012 à 10 h 53 min

    Les Gars fallait choisir Lille car hier soir c’était percutant le son!!! Et je vous défie d’enfiler 25 morceaux sans pause…
    J’ai fais pas mal de concert dans ma vie, et la première prestation d’une tournée n’est jamais évidente je pense…c’est mon avis.
    J’ai vu un concert énorme hier soir à Lille, çà aide à relativiser 😉

  14. kozmik

    25 janvier 2012 à 13 h 03 min

    Première et dernière fois que je fous les pieds dans cette infecte Lotto Arena. Le son abominable a plus encore désservi le groupe de première partie.

  15. Red

    25 janvier 2012 à 13 h 22 min

    1re visite au Lotto Arena, salle bien pourrie. Mais le groupe s’est bien défendu même si on est quand même passé de concerts confidentiels à un live stage plus bling bling. Et je rejoints les avis quant au son qui nous a complétement pourri des morceaux comme “Run Right Back”. Et note au rédacteur, on dit “Girl Is On My Mind”, pas “Girls On My mind” 😉

  16. Vincent D

    26 janvier 2012 à 12 h 01 min

    Tout à fait d’accord avec Jo. Le Zénith de Lille est une excellente salle et le public est nettement meilleur qu’il y a 10-15 ans. Rien avoir avec l’usine à m… d’Anvers. Concert exceptionnel avant-hier. Rien à retirer. Je suis sorti de là heureux sur une sorte de nuage comme ce fut rarement le cas.. Dès qu’ils reviennent je fais le maximum pour aller revoir, mais encore en salle!

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