Les empereurs teutons de l’indus-métal étaient ce jeudi au Sportpaleis d’Anvers avec tous leurs beaux jouets. Le moins que l’on puisse écrire, c’est qu’ils ont mis le feu, dans une arène pleine à ras-bord, portés par un sens de la poésie qui n’appartient qu’à eux. On vous raconte ça, là, tout de suite…
Avec leur Made in Germany sorti en décembre dernier, Till Lindemann et ses acolytes résumaient près de 15 ans d’activités. La tournée du même nom, entamée en 2011 également, est donc elle aussi un best-of, côté setlist comme effets spéciaux. Différence notoire avec ce que le groupe de Berlin a déjà fait par le passé : son entrée en matière. Les six apparaissent à l’autre bout de la salle, dans le public, avec drapeaux et flambeau, pour se diriger vers un module installé au milieu de l’arène, puis rejoindre du même pas lent la scène via une passerelle qui descend depuis le plafond.
Tout ça a un petit côté cérémonie païenne… Le martial, les guitares tronçonneuses, la batterie à saper des bunkers et les « r » qui roulent, c’est pour juste après. Avec « Sonne » et « Wollt ihr das Bett in Flammen sehen ? » pour installer l’atmosphère. Inutile de préciser que le Sportpaleis – sold out – est déjà en feu ! Le module central, lui, resservira plus tard, le temps du triptyque « Bück dich »/« Mann gegen mann »/« Ohne dich » précédé d’une arrivée sado-maso style, où l’on voit le batteur tenir le reste des troupes en laisse.
Le gros monsieur qui déborde du siège à côté du mien me fait un peu peur. Avec l’air férocement content qu’il affiche en tendant le bras sur « Links 2, 3, 4 ». Normalement, Rammstein, au bout de deux ou trois concerts, on comprend : c’est aussi du théâtre, du spectacle réglé comme une horloge suisse, souvent aux limites du barnum. Voire même un peu au-delà. Et ce jeudi soir à Anvers, on croit même percevoir une sorte de bonne humeur régnant entre les musiciens. Mais il faut croire qu’il s’en trouve encore pour tout prendre au strict premier degré. Surtout quand c’est rythmé par des bruits de bottes.
Brrref, côté visuel, c’est donc aussi à un best of qu’on a droit. Les éclairages dessinent des ombres inquiétantes dans le fond de scène alvéolé. Pyrotechnie, fumée et accessoires de Grand Guignol viennent agrémenter deux tiers des titres : les masques lance-flammes (« Feuer Frei »), les pieds de micro qui prennent feu, le tapis roulant et le canot de Flake (« Haifisch »), la prothèse zizi (« Bück dich »), les ailes d’ange (« Engel ») et le canon à sperme (« Pussy »), rien ne manque ou presque. Et oui, le claviériste susmentionné se fait toujours rôtir dans sa marmite sur « Mein teil » (inspiré, pour rappel, de l’histoire du cannibale de Rothenburg). Sauf que cette fois, ce n’est pas avec un mais deux lance-flammes. Quand je vous parlais de barnumerie…
Au final ? Rien d’extrêmement neuf ni fin, mais un show copieux (deux heures au bas mot), maîtrisé, qui ne sent pas l’arnaque. Et puis : « Raus, schnell, quelle jolie langue », comme s’extasiait Yves Montand dans La folie des grandeurs… Un titre presque de circonstance pour Till & co.
Didier Stiers
Setlist
– Sonne
– Wollt ihr das Bett in Flammen sehen?
– Keine Lust
– Sehnsucht
– Asche zu Asche
– Feuer Frei!
– Mutter
– Mein Teil
– Du riechst so gut
– Links 2, 3, 4
– Du hast
– Haifisch
– Bück dich
– Mann gegen mann
– Ohne dich
Rappels 1
– Mein Herz brennt
– Amerika
– Ich will
Rappels 2
– Engel
– Pussy
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lucien jean
9 mars 2012 à 9 h 17 min
Le resde “tans la chournée” ?
Gut
Wir wachten