Sioen en quête de Sioen

Quatrième album déjà pour ce « schoonzoon» (beau-fils) idéal ; ça valait bien de refaire quelque peu les présentations !

Il fait partie de ces artistes belges au nom et à la réputation assurés d’un côté de la frontière linguistique et nettement moins connus de l’autre : Frederik Sioen. Et ce, malgré des concerts aux Francos ou à Dour, et un disque produit par Denis Moulin en 2004. Alors, un bon client pour le quota de chansons en néerlandais rêvé par Fadila Laanan ? Même pas : sur ce nouvel album le Gantois s’exprime dans la langue de Britney Spears.

Dans les archives du « Soir », les infos les plus récentes trouvées à votre propos remontent à 2009… Y aurait-il une barrière à surmonter pour avoir un peu d’écho dans la partie francophone du pays ?

Oui, bien sûr… Pour avoir été un des organisateurs des concerts 0110 à Gand et fait partie de l’affiche de Belgavox, j’ai pu me rendre compte que ce n’est pas un dilemme : c’est normal, c’est une autre langue et les médias aussi sont séparés. En Wallonie, le public connaît donc plutôt des artistes français, et chez nous, ce sont des Hollandais. Je me suis fait une raison, mais il faut des gens qui prennent des initiatives, multiplier les échanges, avoir des collaborations. Pendant l’interview sur Bel-RTL, j’ai dit que Puggy devait faire une reprise de Sioen, et moi de Puggy, par exemple…

L’album est intitulé « Sioen », avec un point… Que signifie tout ça ?

Ce disque est aussi un peu la recherche de mon identité. Qui est Sioen ? Qu’ai-je envie de raconter ? Que fais-je sur cette planète ? A la suite du projet « Calling Up Soweto » (NDLR : mené avec des musiciens sud-africains et qui a donné lieu à un album en 2009), j’ai aussi eu un peu de mal à me focaliser sur ce que je voulais raconter, à trouver un lien entre les chansons que j’avais déjà écrites…

Vous vous en êtes sorti comment ?

J’ai enregistré tout ce que j’avais écrit. J’ai travaillé avec des Suédois, un Texan à Berlin, un Anglais à Hambourg, et ici avec des musiciens comme Serge Feys et Mirko Banovic (NDLR : Arno…). Ce qui m’a permis de constituer une sorte de plateforme créative, un laboratoire. C’est tout le parcours qui a fait que je trouve la voie. Je savais par exemple que je voulais garder cette mélancolie qui m’habite ; en Afrique du Sud, j’ai découvert qu’elle pouvait s’accompagner d’un sourire, alors que chez nous, elle va de pair avec la tristesse.

Où est passé ce piano grâce auquel vous vous distinguiez ?

Le piano, c’est bien sûr mon instrument, mais ici, je voulais le garder comme couleur plutôt que comme base. J’ai aussi eu l’honneur de travailler avec Frederik Segers, un grand ami dans la musique, guitariste et producteur de l’album. Ce changement est autant le résultat de son analyse critique, parce qu’il me connaît bien, que du fait de lui avoir donné carte blanche ou presque. Et puis, le projet sud-africain m’a fait prendre conscience que je voulais chanter, être beaucoup plus avec le public.

Sur scène, la manière sera donc aussi différente ?

Oui, je suis devant pour chanter, jouer de la guitare électrique… Et quand je retourne au piano, c’est comme si je retrouvais mon meilleur ami. C’est peut-être un peu cliché, mais cette quête d’identité a eu quelque chose de magique. A 30 ans, beaucoup de gens se posent des questions existentielles ; j’ai la grande chance d’avoir la musique pour canaliser cette expérience.

DIDIER STIERS

L’ album en écoute intégrale

La critique du disque


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