Joanna Newsom : la harpe qui cache la forêt

Sans véritable actualité, Joanna Newsom est venue déposer sa harpe enchantée sur la scène de l’Ancienne Belgique. Chanteuse excentrique, conteuse fantastique, la belle harpiste américaine a de nouveau ensorcelé les cœurs.

On peine toujours à comprendre ce qui s’est tramé, début des années 1980, sous le soleil californien de Nevada City. Comment ce bled de 3.000 âmes a-t-il donné naissance à trois enfants terribles de la musique folk contemporaine ? C’est un grand mystère. Toujours est-il que trois filles du village animent l’actualité de cette musique sans âge : Alela Diane, Mariee Sioux et Joanna Newsom. Cette dernière, la plus passionnante du trio, était de passage en Belgique ce mardi.

Longs cheveux blonds, robe bleutée, épaules dénudées, talons aiguilles : l’artiste s’appuie sur ses charmes pour décorer l’espace. Pas de chichi. Ce soir, l’Américaine est seule sur la grande scène, perdue entre une harpe et un piano. On touche ici à la sobriété des musiques classiques, mais dès que Joanna Newsom enclenche la voix, la machinerie pop se met en branle. Les doigts en mouvement sur son instrument, elle additionne les mots et conte des histoires sans fin. C’est impressionnant. La musicienne multiplie les trémolos mutins et habille ses mélodies d’un timbre de fillette écorchée. C’est une voix unique. Pour peu qu’on s’y accroche, elle nous emmène valser dans les courbes de vertigineuses montagnes russes. Qu’on le veuille ou non, Joanna Newsom est une des grandes chanteuses du siècle. Mais elle souffre du même syndrome que Björk. Adulée ou détestée. Ceux qui sont venus la chérir à l’AB ont clairement choisi leur camp. Dès que la voix s’éteint, les applaudissements crépitent. L’artiste entretient une relation passionnelle avec son public. Bien qu’à l’analyse, l’inverse soit encore plus juste.

Sans nouveau disque à présenter à cette foule captivée, Joanna Newsom pioche équitablement dans sa discographie pour immortaliser l’instant. Partagées entre les cordes pincées de l’instrument fétiche et les notes d’un piano, les chansons traversent habilement son répertoire. Les marathons fantasmagoriques (‘Cosmia’) côtoient les instants magiques (‘Have One On Me’, ‘Clam, Crab, Cockle, Cowrie’). En fin de parcours, une corde casse sous les doigts de fée de la musicienne. Mais, en bonne magicienne, Joanna Newsom ne se démonte pas : elle a plus d’un tour dans son sac. Celui joué, hier soir, sur les planches de l’Ancienne Belgique était, une fois encore, époustouflant.

Nicolas ALSTEEN

Setlist
Bridges and Balloons
Have One On Me
Soft as Chalk
Monkey & Bear
On A Good Day
Inflammatory Writ
Go Long
Sawdust & Diamonds
Does Not Suffice

Rappels
Cosmia
Sadie ’81
Clam, Crab, Cockle, Cowrie

[youtube mb5Jp_duKNM]


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4 Comments

  1. Lel

    15 mars 2012 à 11 h 46 min

    Pour “une des plus grandes chanteuses du siècle”, sa voix manque singulièrement de stabilité, n’est ni posée et est souvent fausse. Si son timbre de fillette suffit à certains… Quant au style musical, avec cette unique phrase répétée à l’envi… Mais il est vrai que cette fille dégage quelque chose. Insuffisant toutefois pour la porter aux nues.

  2. LV

    15 mars 2012 à 14 h 44 min

    Lel est passé à côté de Joanna Newsom mais c’est juste une des artistes les plus importantes de son époque.

  3. Vincent

    16 mars 2012 à 11 h 53 min

    Lel, une grande voix ne répond pas forcément aux cannons classiques.. mais plus à ce qu’elle dégage. Il faut la voir en live. Quant à ses composition, le style est particulier, tortueux, mais jamais répétitif.. vous n’avez sans doute pas écouté non plus ses albums..

  4. Amnesiac

    16 mars 2012 à 13 h 10 min

    Je peux comprendre qu’on aime pas sa voix, elle est quand même assez particulière…
    Mais la en concert je ne la trouvais pas du tout fausse ni instable, j’avais justement un peu peur avant d’y aller que ça passe moins bien en live, mais pas du tout… Quelle voix !
    Je la trouve même qu’en live sa voix perd le côté un peu “agaçant” qu’elle a parfois sur cd…
    Et puis chapeau de pouvoir captiver une salle entière pendant 1h30 avec juste une harpe et un piano (même si effectivement le public semblait totalement acquis à la cause dès le début)

    Maintenant j’aimerais la revoir, mais avec des musiciens.

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