Damon Albarn : après Blur et Gorillaz, voici son premier album solo

On devrait en vouloir à ce premier – on ne tient généralement pas compte de Democrazy, sorti en 2003 sur un double album vinyle en édition limitée – album de Damon Albarn. Le maudire, voir le boycotter.

Car c’est à cause de lui que disparaît, sans doute pour un bon bout de temps, sinon à jamais, le génial Gorillaz, un de ses plus beaux projets annexes.

ECOUTER L’ALBUM

Blur va connaître le même destin, à en croire la récente interview donnée au Guardian par Damon, par ailleurs nommé directeur artistique de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Londres. Blur donnera son dernier concert en clôture des J.O., à Hyde Park le 12 août, avec les Specials et New Order, à la même affiche. Tout ça pour se consacrer à sa carrière solo ? C’est mal connaître le turbulent Londonien qui, au même moment, publie l’album de Rocket Juice & The Moon, réalisé en compagnie de ses potes Tony Allen et Flea, le bassiste des Red Hot Chili Peppers, d’Erykah Badu, Cheick Tidiane Seck, Fatoumata Diawara et de l’Hypnotic Brass Ensemble qu’on avait vu sur scène avec Gorillaz.

Cet album, lumineux et varié, rappelle bien sûr la passion d’Albarn pour la musique du monde. Une passion déjà exprimée dans les projets Mali Music (2002), Africa Express (concerts donnés en Angleterre et en Afrique) et Kinshasa One Two (2011). Sans parler de sa collaboration avec Amadou & Mariam. Un autre groupe, The Good, the Bad and the Queen (avec Paul Simonon, Simon Tong et Tony Allen) devra attendre le bon vouloir de Docteur Damon. Mais cela ne pose aucun problème pour les intéressés dans la mesure où ce déjà fameux album solo, intitulé, Dr Dee, qui paraît cette semaine, regroupe la bande à Damon, que ce soit Tony Allen ou Simon Tong.

Superbe « Dr Dee »

Et alors, ce Dr Dee (il s’agit de John Dee, mathématicien, professeur particulier et conseiller d’Elizabeth I), que dit-il ? C’est une fois de plus un disque passionnant, intrigant, inattendu, qui déstabilisera ceux qui n’aiment que Blur ou Gorillaz. Mais c’est surtout un disque fidèle à son auteur multiforme. Il s’agit de dix-huit chansons intimistes – de folk paisible et étrange, selon lDamon – qui n’hésitent pas, à certains moments, à naviguer dans les eaux world mais aussi du côté de l’opéra qu’il affectionne tant, comme il l’avait prouvé en 2007 avec l’opéra-rock inspiré du roman du Chinois Wu Cheng’en : Monkey, Journey to the West.

Les chœurs (Palace Voices) et les cordes (le BBC Philharmonic Orchestra) sont omniprésents dans ce disque réalisé entre Londres et Reykjavik où Damon partage sans vie. Sa voix et ses fameuses ballades mélancoliques sont bien là mais ne dirigent pas une partition qui, entre envolées lyriques, kora africaine et chœurs vibrants, apporte à ce disque une donnée spirituelle à laquelle il est impossible d’être insensible.

Une fois de plus, Damon Albarn impressionne par sa culture musicale, sa sensibilité de gamin sauvé de la délinquance et de la drogue par la musique et son sens mélodique doublé d’un arrangeur et d’un producteur hors pair.

THIERRY COLJON


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3 Comments

  1. Mr Wang

    24 avril 2012 à 12 h 34 min

    “Une fois de plus, Damon Albarn impressionne par sa culture musicale, sa sensibilité de gamin sauvé de la délinquance et de la drogue par la musique.” Damon Albarn n’a absolument pas été sauvé de la drogue et de la délinquance par la musique. Très bon article, M. Coljon, mais cette phrase-là est largement de trop. Damon a toujours été un garçon équilibré, bien éduqué, dont la scolarité s’est passé sans embûche. Un gamin sans histoire qui s’est très vite tourné vers le milieu artistique. Ses biographies ne parlent pas de penchant pour la drogue et de délinquance.

  2. Thierry Coljon

    25 avril 2012 à 17 h 36 min

    @Mr Wang
    c’est lui-même qui en parle dans le “Guardian”

  3. Thierry Coljon

    25 avril 2012 à 17 h 37 min

    c’est lui-même qui en parle dans “The Guardian”

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