« … Little Broken Hearts » est le nouvel album de Norah Jones. Un disque mature et résolument contemporain.
Norah Jones, c’est vingt millions d’albums vendus de Come away with me (2002), paru sur le prestigieux label Blue Note. Au jour d’aujourd’hui, cette jeune dame de 33 ans, fille du joueur de sitar indien Ravi Shankar, en a écoulé le double. Cinéma, carrière solo, collaborations diverses (Willie Nelson, Dave Grohl, Mike Patton, Q-Tip…), la miss ne cesse de se remettre en question et de poursuivre sa douce mutation. Dernier exemple en date, le réussi… Little Broken Hearts, coécrit et produit par Danger Mouse.
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Ce n’est un secret pour personne que de dire que rencontrer des journalistes à la chaîne n’est pas la partie favorite de votre métier. Contractuellement, vous y êtes obligée ou, au contraire, pourriez-vous estimer que votre travail parle par lui-même et refuser la promotion ?
Ça fait partie du jeu, de mon métier. Et rien ne m’empêche de refuser. Paradoxalement, quand vous faites quelque chose dont vous êtes très fier musicalement et que vous n’êtes pas les Beatles, vous avez envie de le faire partager à un maximum de personnes. Il y a des choses que j’aime mieux que d’autres mais, au bout du compte, ce n’est pas bien grave. Le tout est de garder certaines limites. En interview, par exemple, il y a des questions auxquelles je ne répondrai pas pour des raisons évidentes de vie privée.
En une bonne dizaine d’années, depuis votre apparition dans le circuit, la presse et les médias sont en pleine mutation. La puissance des réseaux sociaux et la multiplication des blogs nécessitent-ils, pour une artiste comme vous, d’être encore plus prudente et protectrice par rapport à votre vie privée ?
Je ne pense pas. Je n’en sais rien finalement. Je n’ai pas le sentiment que les gens cherchent à savoir tout et n’importe quoi sur ma petite personne.
En 2007, vous êtes Lisbeth, dans la comédie romantique de Wong Kar-wai « My blueberry nights ». Votre personne trace la route pour soigner sa rupture avec son amoureux. Votre nouvel album « … Little Broken Hearts » vous a-t-il permis, comme Lisbeth, de panser quelques bobos ?
C’est un voyage différent parce que les gens ne réagissent pas de la même manière face à des peines de cœur. Pour revenir au film, j’anticipe votre prochaine question, si je ne fais pas plus de cinéma, c’est parce que ça demande beaucoup de temps. J’ai adoré travailler avec Wong Kar-wai, c’est un artiste exigeant avec une vision unique et personnelle. Devenir comédienne à plein-temps n’est pas mon but dans la vie.
Pour revenir à ce nouvel album, sa genèse remonte à votre collaboration avec Danger Mouse et Daniele Luppi sur le projet « Rome ». Quel était le point de départ de « … Little Broken Hearts ». Evoquer la rupture amoureuse sous différents angles ?
Nous n’avions pas vraiment d’idées précises en débarquant dans le studio. Ce n’est qu’une fois au travail que nous nous sommes rendu compte que toutes les chansons tournaient autour du même thème. Avec, oui, c’est vrai, des perspectives différentes.
C’est la première fois, si vous confirmez, que vous arrivez en studio sans chansons. Qu’est-ce que ça change comme dynamique ?
C’est exact. Avec Brian, nous sommes de bons amis et être en studio ensemble était une expérience également intime. C’était amusant, en fait. Même avec un sujet parfois douloureux.
Vous avez vraiment écrit les textes à quatre mains ?
Absolument. Parfois, je commençais à écrire et Brian prenait le relais ; parfois, c’était le contraire. Quand on travaille avec quelqu’un qu’on connaît bien, on ne perd pas de temps à éviter certains sujets. Avant de se mettre à écrire, on parlait de tout et de rien, de nos amours passés, des relations entre les hommes et les femmes. De ce dont parlent de vrais amis, j’imagine.
Quand j’écris, je ne pense pas du tout à l’auditeur mais bien à ce que j’ai envie d’entendre, de ce que j’aime, de ce que j’ai envie d’éclaircir ou de camoufler. C’est agréable aussi de faire abstraction du reste et de rester dans son petit cocon pendant toute la fabrication du disque.
Pourquoi les relations entre les hommes et les femmes sont-elles si compliquées ?
Alors, ça, je n’en ai aucune idée. J’aimerais vraiment avoir la réponse. Toutes les histoires ne sont pas toujours compliquées. C’est quelque chose d’étrange au final, d’inexplicable et d’irrationnel.
Qu’est-ce que Brian vous a fait écouter comme musique en studio ?
Violent Femmes, Nirvana, Serge Gainsbourg et parfois des groupes qui ne m’étaient pas familiers, mais la plupart du temps, nous écrivions. C’est surtout au début de l’enregistrement que nous écoutions des disques. Au milieu du processus, on arrivait le matin et on avait juste envie d’écouter ce que nous avions enregistré la veille.
Une des grandes forces de ce nouvel album, c’est la texture sonore qui est sobre et puissante à la fois. C’est ce que vous souhaitiez ?
C’est venu naturellement. Ce que nous souhaitions, c’était être suffisamment ouverts pour essayer plein de choses. Expérimenter. Et seulement ensuite, voir ce que ça donne. Chaque chose que vous faites est une corde en plus à ajouter à votre arc. Sur ce coup-ci, j’ai beaucoup appris.
Un mot sur la pochette du disque (voir ci-contre) empruntée au film « Mudhoney » du réalisateur porno soft Russ Meyer…
C’est moins à propos de lui et de sa filmographie que de cette affiche différente de ses autres films. Les autres posters, ce sont des nanas avec des énormes seins et des flingues. Par contre, celle-ci est super-belle, douce, mystérieuse et sexy. Le poster était dans le studio. Finalement, on a payé un peu d’argent à la Fondation Russ Meyer pour avoir l’autorisation de l’utiliser.
Patrick
25 avril 2012 à 12 h 51 min
Les variations sur le même “t’aime” de Norah Jones
ou peut-être
Les variations sur le même “thème” de Norah Jones
à vérifier
Salutations
Patrick