Mercredi, ce fut balade tranquille au fil des salles du Botanique, le temps d’une Nuit tout en contrastes. Entre la technicité de C2C, la fragilité d’une Mariee Sioux et l’exubérance chevelue de General Elektriks.
On ne le répétera jamais assez, utiliser le Musée pour en faire un salon de musique est une idée qui aurait déjà dû être récompensée. Surtout quand on a le plaisir d’y écouter Mariee Sioux. Ou, pour repiquer la formule d’un collègue qui ne nous en voudra pas : d’apprécier en sa compagnie quelques plaisirs simples. En l’occurrence, des chansons comme « Swimming through stones » ou « Wizard flurry home », organiques, qui montent vers la voûte portée par une guitare acoustique, et surtout sa voix douce, presque d’enfant. Quelques touches de basse et de percussions discrètes notamment créent de la profondeur dans ces compositions pleines de grâce. Le squelette de dragon accroché à sa colonne se fait lui-même plus discret…
General Elektriks à l’Orangerie, c’est carrément autre chose. Dans le genre débauche, là ! Débauche de matériel entre claviers vintage, kit de batterie monstrueux et percus électroniques. Débauche de personnel, aussi, d’énergie et de sueur, tout ça pour nous balancer un funk à l’ancienne. Seventies en tout cas, brut de décoffrage plutôt que Jamiroquai. Ces Français, qui seront d’ici quelques semaines à Couleur Café, chantent en anglais avec tellement de conviction et de patate qu’on leur passe tout le reste, du fait de ne pas exactement renouveler le genre aux poses juste too much de leur bassiste, looké comme dans le petit manuel « Comment ressembler à un artiste ».
« The beat is my native langage », peut-on lire imprimé sur les T-shirts vendus au merchandising de C2C. Ce collectif nantais se compose de quatre magiciens du turntablism dont certains ont déjà été vus en d’autre compagnie et sous d’autres casquettes : ainsi en est-il pour 20Syl et Greem, acoquinés avec Hocus Pocus. Sous le chapiteau, pour l’heure, c’est du costaud : quatre titres de champions du monde DMC (Disco Mix Club), ça impose ! De fait, ils allient technique et trouvailles visuelles (des petites projections aux changements de disposition scénique), tricotent ensemble breaks et big beats, mixent en deux contre deux façon battle, et n’ont finalement besoin que d’un geste pour faire monter d’un cran encore le plaisir du public. Reste que si c’est impressionnant, on frôle aussi souvent le démonstratif. C’est du moins ce qu’on se dit en repensant à la Live Booth Session livrée par Garnier, Scan X et Benjamin Rippert au même endroit en 2011. En même temps, ne boudons pas : C2C sera à Dour en juillet.
Didier Stiers