Daniel Fox, enfant grugé de Placebo

Il avait douze ans en 1996, lorsque le premier disque du groupe pop anglais Placebo a triomphé. Daniel Fox a vécu cet avènement dans sa chair : l’enfant vêtu de rouge sur la pochette de Placebo, c’est lui. Avec sa grimace colorée, il devient icône. Seize ans après, Daniel Fox est chômeur. Mal dans sa peau. Sa vie a été détruite par cette notoriété soudaine. L’homme s’est épanché dans la presse anglaise pour dire qu’il tente de réunir la somme nécessaire afin d’attaquer Placebo en justice. Et obtenir des dommages et intérêts.

Comment s’est-il retrouvé sur cette pochette à l’insu de son plein gré ? Par hasard. Son cousin, photographe professionnel, était passé saluer la famille à Londres, prenant au passage des clichés à usage privé. Un mois plus tard, raconte Daniel Fox, il l’appelle pour annoncer que sa photo ferait la pochette d’un groupe rock. « Ce n’est pas cool ? »

Non. À l’entendre, ce fut plutôt un cauchemar. Il aurait été ostracisé par ses camarades, par ses professeurs. Il aurait été traumatisé par la diffusion de son visage partout : à la télé, au-devant des supermarchés de disques. La suite ? Décrochage scolaire rapide. Puis, un boulot comme chef cuistot à Scunthorpe, qu’il a perdu en raison de la crise.

« Sur le principe, ce jeune homme est en droit d’intenter cette action, commente Alain Berenboom, avocat spécialiste en droits d’auteur. Il peut considérer que son image a été utilisée à son insu. Et même si cela lui avait apporté la gloire, il aurait quand même la légitimité de dire qu’il préférait rester dans l’ombre. Il y a eu quantité de précédents où des gens ont obtenu gain de cause parce que l’on avait utilisé leur image pour une pochette ou une couverture de livre. »

Pourtant, il est loin d’être sûr que Daniel Fox obtienne gain de cause. En raison du délai, « une quasi-prescription ». « Ses parents auraient dû intervenir quand il était mineur, dit l’avocat. Ou lui-même aurait dû le faire à l’âge de maturité. » Il apparaît évident que c’est l’appât du gain qui le motive. « La personne qui intente l’action doit donner la possibilité aux auteurs de répondre en fonction de la gravité du dommage causé. En retirant la pochette, par exemple. Ici, il sait qu’il pourrait profiter financièrement d’un succès mondial. D’ailleurs, vous n’imaginez pas le nombre de personnes qui intentent des actions pour revendiquer des droits d’auteur… une fois qu’une œuvre est un succès. Cela se compte en centaines. »

OLIVIER MOUTON

L’article du DailyMail


commenter par facebook

répondre

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *