The Cure joue pour aujourd’hui

Une heure et cinquante minutes quasi parfaites : Robert Smith et son groupe ont livré un concert pour le moins impressionnant, sur la Main Stage. On vous raconte ça tout de suite, au pied du lit, après une très courte nuit. Avec des étoiles plein les yeux et les oreilles, outre quelques souvenirs qui ont refait surface. Même si les Anglais n’ont été ni régressifs, ni nostalgiques.

Il est loin, ce jour de décembre 1976, le 18 exactement, où le groupe emmené par Robert Smith s’appelait encore Malice mais s’était fait passer pour une formation folk, histoire de pouvoir obtenir ce premier concert dans le Sussex ! Ce jeudi soir, sur la scène de Werchter, The Cure joue sans trucages et s’impose à coup sûr comme un des (rares) très bons moments de ce premier jour de festival.

Du groupe de l’époque, il ne reste plus aujourd’hui – bien entendu – que le chanteur. Un chanteur dont seul le physique toujours un peu empâté semble prêter le flanc aux années. La tignasse est par contre toujours aussi folle, le lipstick sommaire. Et la voix simplement excellente, bien en place, assurée, expressive…

Autour de Robert Smith, ou plutôt aux côtés vu la disposition scénique, on retrouve le remuant Simon Gallup à la basse, Roger O’Donnell (The Psychedelic Furs, Thompson Twins) aux claviers et Jason Cooper à la batterie.

Les parties de guitare pas jouées par le patron sont laissées aux bons soins de Reeves Gabrels. Les siennes se font plaintives sur « The edge of the deep green sea ». Plus mélancoliques quand ces cinq petites notes nous plongent dans l’atmosphère un peu plus nocturne de « Pictures of you ». Ou poisseuses quand elles accompagnent « One Hundred Years ».

Voilà un moment aussi que The Cure a trouvé l’équilibre entre légèreté pop et chansons existentielles, mais avec Reeves le New-Yorkais, ex-Tin Machine notamment, le son du groupe, entre parenthèses impeccable ici à Werchter, s’est paré de quelques tournures plus rock. Témoin : la volée de riffs sur « Wrong number ».

A mi-parcours dans ce concert de près de deux heures, l’engin à remonter le temps est définitivement lancé. En direction de 1983 avec « The walk ». La rythmique se durcit : la batterie claque, la basse tendue rythme le pas. Petit crochet en 1984 : de l’album The Top est extrait « Bananafishbones » (et, plus tard, « Shake dog shake »).

Quelques images que dévoilent les grands écrans s’impriment dans les souvenirs. Des sons s’installent derrière les tympans pour ne plus les quitter : le public en voix pour les chœurs de « Play for today » – frisson -, ou Robert Smith, le visage trempé, penché sur sa guitare pour le classique « A forest » qui vient agrémenter la balade dans l’album Seventeen seconds. Laquelle se poursuit dans le tout début des années 80 avec « Primary », livré sous une version terriblement métallique.

Ce sont finalement les deux titres offerts en rappel qui laissent comme un goût de trop peu. On aurait voulu « Friday I’m in love » un peu moins chargé. Et « Boys don’t cry », certes incontournable, un rien moins… folk !

Minuit trente-cinq : un ultime « merci », et puis The Cure disparaît dans les fumigènes et les derniers éclairs des projecteurs. Dans les premiers rangs, une demoiselle a beau brandir un panneau sur lequel on déchiffre « No Robert, keep on playing », cette fois, c’est bien « The end ».

Didier Stiers
Photos: Thomas Blairon

 

 

Setlist
– Open
– High
– The end of the world
– Lovesong
– Push
– Inbetween days
– Doing the unstuck
– Just like heaven
– The edge of the deep green sea
– Pictures of you
– Lullaby
– The walk
– Bananafishbones
– Play for today
– A forest
– Primary
– Shake dog shake
– The hungry ghost
– Wrong number
– One hundred years
– End

Rappels
– Friday I’m in love
– Boys don’t cry


Didier Stiers

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1 commentaire

  1. Jean-Louis

    29 juin 2012 à 14 h 07 min

    Merci pour votre article. Certains pensent que The Cure est un groupe fini mais son concert au Royal Albert Hall et les festivals de l’été prouvent que ce groupe passionne et passionnera encore et toujours ses nombreux vrais fans, dont je fais partie…..Longue vie à Robert et à The Cure !

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