Petit poucet de la 38ème édition, Isbells a placé la barre assez haut ce dimanche, à Werchter, aux premières heures de la dernière journée du festival. Avec son groupe, Gaëtan Vandewoude lustre de sublimes écrins folk-rock. Aussi bon que Bon Iver, aussi mélancolique que Nick Drake. Presque aussi drôle qu’Arno.
Isbells est signé sur un petit label indépendant belge (Zeals Records). Tout y est très artisanal. Vous débarquez dans l’antre de Werchter. Quel est votre état d’esprit ?
Gaëtan Vandewoude : En Belgique, Werchter, c’est un peu la Terre Sainte. Quand tu es ado, c’est un passage obligé si tu veux voir les groupes que tu aimes ou que tu as aimé. Et puis, un matin, tu reçois un SMS. Sur l’écran, c’est écrit « Tu joues à Werchter ». C’est surréaliste. Rock Werchter est une institution. Je n’imaginais pas jouer un jour ici. Même dans mes rêves les plus fous. Isbells m’a toujours semblé trop indie ou trop petit pour Werchter.
Mais Isbells est bien à l’affiche du festival. Vous ouvrez la nouvelle scène (The Barn). Le dimanche de clôture, c’est une chance ou un cadeau empoisonné ?
On a adoré ce concert. C’était vraiment fantastique. Pourtant, on redoutait cette date : jouer le dernier jour du festival, quand tout le monde est mort-crevé, sur papier, ce n’est pas un cadeau. D’autant moins quand tu es signé sur un micro label. On est certainement le plus petit groupe indépendant de l’affiche… Mais les gens ont répondu présent.
Ce dimanche soir, les Red Hot Chili Pepers jouent en tête d’affiche du festival. Vous aimez ?
Je suis un fan de la première heure. Être programmé le même jour qu’eux, c’est quelque chose de spécial pour moi. C’est un rêve de gosse. J’ai appris à jouer de la musique avec leurs morceaux. Là, je tente le tout pour le tout : j’essaie d’infiltrer le monde des Red Hot. Je m’efforce de convaincre leur attaché de presse de me laisser jouer un morceau sur scène avec eux. Juste un truc à la batterie. Et c’est bon ! Je considère que ma demande à 1 chance sur 100 d’aboutir. Mais j’y crois à fond. (Rires)
Gaetan, à l’heure du second album, tu restes le principal compositeur du projet ?
Je suis celui qui donne l’œuf. Je suis le poulet. Tous les autres tiennent l’œuf au chaud. Ils couvent mes chansons, en quelque sorte. Donc, j’amène tous les morceaux. Mais le processus reste très collaboratif.
Vu le succès rencontré par votre premier album (‘Isbells’), comment avez-vous abordé le second volet (‘Stoalin’) ? Sous pression ?
C’était assez stressant. A un moment, je me suis senti acculé. Je me posais pas mal de questions. Je remettais en cause les morceaux ou l’enregistrement… J’avais peur du qu’en-dira-t-on. Un soir, je suis parti manger un bout au resto avec mon épouse. Elle m’a dit « Fais ce que tu sais faire ! ». Je ne fais que ça…
Nicolas Alsteen