M Ward ou M83 ?

Supermarché des musiques actuelles, Werchter étudie chaque année l’offre et la demande pour composer une affiche taillée sur mesure à son époque. Ce week-end, le riff et le beat squattaient toujours l’affiche. Entre délires électriques et envolées électroniques, on a vu les concerts de M Ward et M83. Mais qui aime quoi ?

Samedi soir, aux premières heures de la nuit, la plaine de Werchter goûtait aux textures synthétiques de M83. Le groupe initié par le Français Anthony Gonzales cartonne désormais aux quatre coins du globe. Des States à Bangkok, c’est maximum bamboule. Les concerts se jouent à guichets fermés. Il y avait donc du monde sous la Pyramid Marquee pour applaudir le projet. Obnubilé par les eighties, le shoegaze et les beats contemplatifs, Anthony Gonzales reboote le système et installe sa version « Jean-Mi 2.0 ». M83 transpire l’électronique oxygénée de Jean-Michel Jarre. C’est plus moderne, plus musclé, mais sur le fond, c’est ça : les morceaux du récent ‘Hurry Up, We’re Dreaming’ esquisse une grande fresque futuriste traversée par des beats conquérants. Dans le public, c’est la folie. La prestation est étudiée, vraiment carrée. On aime ou on n’aime pas, mais M83 empoche les faveurs des festivaliers. Chaude ambiance.

Dimanche, autre trip sous The Barn où M Ward retrace l’histoire éternelle des musiques américaines. Blues, country, rock & folk : l’héritage national traverse invariablement ses chansons. Elles sont chics, rock’n’roll, super bien foutues. Mais le public ne suit pas. Comme la veille au même endroit pour le concert de My Morning Jacket, il n’y a pas grand monde pour applaudir les guitares. Alors quoi ? Il est où le rock en 2012 ? Chez Miles Kane le « McCartney » ? Chez les revenants de Pearl Jam ? Chez All-American Rejects ? La blague. Chez The Cure ? Voyons, Robert… Certainement chez Jack White. Mais lui, il était déjà là au siècle dernier. D’ici, on entend encore certains supporters scander les noms de Kasabian, The Vaccines, Black Box et Editors. Là, on appelle les pompiers et on s’interroge : en 2012, c’est quoi le rock à Werchter ?

Nicolas Alsteen
(Photos : Thomas Blairon)

 


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