La playlist 1989 de Thierry Coljon

“Playlist” : Thierry Coljon retrace ses souvenirs de critique musical au journal “Le Soir”. Editions Luc Pire, 192 pages, 21 euros, en librairie dès le jeudi 15 novembre 2012.

5 albums

Daniel Lanois, Acadie. L’ingénieur du son de Brian Eno, qui a produit Peter Gabriel aussi bien que U2, se décide enfin à penser à lui, livrant ses propres chansons. Jolie Louise lui offrira même un tube.

 
Lou Reed, New York. Après des années 80 sans grande inspiration, le grand méchant Lou livre enfin un chef-d’œuvre dédié à sa ville. Un enfer qui se veut politique, que résume à merveille un Dirty Boulevard incisif.
 
 
 
 
The Stone Roses, The Stone Roses. On ignore à ce moment-là qu’il ne s’agira que d’un feu de paille (en raison de soucis industriels, notamment) mais cet album reste une bombe inégalée.
 
 
 
 
Mano Negra, Puta’s Fever. Avec King Kong Five, le groupe de Manu Chao a même de quoi conquérir la perfide Albion. Avec ce prodigieux album, c’est le monde entier qui craque.
 
 
 
 
De La Soul, 3 Feet High and Rising. L’apparition du trio de Long Island et de leur rap cool, subtil, drôle et intelligent, apporte un sacré bol d’air frais au gangsta rap US caricatural.
 
 

5 concerts


Paul McCartney. À l’Ahoy de Rotterdam le 10 novembre pour 45 florins (20 euros).
The The. Le dimanche 19 septembre à l’AB, un grand moment.

Eurythmics. Je les vois le 23 août dans la pinède de Juan-les-Pins avant Forest le 29 septembre.

Mylène Farmer. Son premier concert belge, c’est le 20 octobre à Forest National.

Noir Désir. Avec Gamine en première partie, le groupe de Bertrand Cantat remplit l’AB le jeudi 20 avril.

Principaux articles de cette année-là

Richard Marx : C’est capital !
The Rolling Stones : Après trois ans de silence, les Stones se la roulent…
Mylène Farmer : A quoi sert Mylène Farmer ?
Le bilan 1989 : L’année Lanois
Rock des eighties : Les années pillages
 
 

back to 1988 / go to 1990
 
Table des matières

Les Stones au Shea Stadium

Thierry Coljon revient sur les souvenirs et anecdotes qui ont marqué ses 30 ans de journalisme musical dans «Le Soir».
De cette année 1989, j’aurais pu retenir Sttellla croisé à Bourges, Dizzy Gillespie rencontré à Hambourg, Jean-Jacques Goldman longtemps interviewé dans sa loge du Vooruit de Gand ou le groupe Mecano découvert dans un stade madrilène, sans parler du grand Neil Young vu sur une scène amstellodamoise.
Mais c’est vers New York que dans les années 90, les pas d’un journaliste rock de l’époque se dirigent prioritairement. Pratiquement tous les ans, jusqu’à quatre fois sur l’année, il me sera donné de fouler le pavé de la Grosse Pomme, avant que la crise du disque dès l’an 2000 enraie le mouvement. Les débuts ne furent pas glorieux pour autant puisque c’est à la rencontre d’un certain Richard Marx que ce sympathique exode a commencé. Aujourd’hui oublié, le chanteur californien a pourtant été, à 23 ans, le premier artiste à avoir jamais placé dans le Top 3 du Billboard pop, quatre 45-tours tirés d’un premier album. Le gars, d’ailleurs, se la pétait tellement qu’il ne pouvait nous recevoir, Jan Hautekiet de Studio Brussel et moi. Et son manager de nous demander de nous rendre à Boston où nous attendrait une limousine qui nous emmènerait à Peabody, Massachusetts, où Richard devait assurer une séance de dédicaces pour gamines en surpoids, dans un magasin de disques middle of nowhere. Une interview à l’aller, planqué sans chaleur derrière ses Ray-Ban, et l’autre au retour. Bravo l’accueil !
A propos de marché du disque florissant, j’ai oublié de vous dire qu’en septembre 1986, je recevais mon premier CD (c’était à la conférence de presse londonienne de Paul Simon pour la sortie de Graceland !), un format qui – jusqu’à la fin du vingtième siècle – allait remplir les caisses des firmes de disques qui dépenseront beaucoup d’argent pour entretenir – dans les plus beaux hôtels – le goût des journalistes pour les voyages.

Cela nous permettra de joindre l’utile à l’agréable en passant du bon temps à New York (qui, en ce temps-là, avait encore tous ses homeless en rue et des graffitis sur les rames de métro que seuls les touristes regrettent depuis) où quelques mois plus tard, heureusement, on retrouve les Rolling Stones pour leur grand retour après des années de fâcherie. Et ce n’est pas moins que le légendaire Shea Stadium qui les accueille, vingt-cinq ans après les Beatles qui ne s’y entendirent pas et vingt ans après la mort de Brian Jones. Dans le stade de base-ball des Mets a été montée la plus grande scène jamais construite pour un groupe de rock. Privilège que leur disputeront régulièrement les Irlandais de U2. On ne sera pas contre le fait d’aller voir les tournées américaines suivantes, des uns comme des autres.
A Paris, on fera connaissance avec Mylène Farmer qui, dès son deuxième album, imposera ses règles : pas d’enregistreur, le journaliste en bout de table, séparé d’au moins cinq mètres… avant de le punir – rencontre annulée deux ans plus tard – parce que sa critique du premier concert à Forest a déplu… avant une réconciliation quelques années plus tard. Bref, un peu de tout pour cultiver la différence. Aujourd’hui, c’est plus simple, elle ne parle plus qu’au JT de TF1.

S’il ne fallait retenir qu’un concert cette année-là ? Ce serait sans conteste ceux donnés au Moderne de Liège et à l’ AB, en novembre, par la Mano Negra. Un tel boxon, sur scène comme dans la salle, on n’a plus jamais vécu ça. Oui, après les Clash dont ils reprenaient « I fought the law », le groupe de Manu Chao était bien le plus grand dernier groupe de rock.
THIERRY COLJON

Bonus internet : VINCENT QUITTELIER


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