“Playlist” : Thierry Coljon retrace ses souvenirs de critique musical au journal “Le Soir”. Editions Luc Pire, 192 pages, 21 euros, en librairie dès le jeudi 15 novembre 2012.
Public Enemy, Fear of a Black Planet. Les enfants de James Brown et de Malcolm X se fâchent et lâchent ce brûlot qui marquera l’histoire du rap au point de créer des vocations dans le monde entier.
Happy Mondays, Pills n’Thrills & Bellyaches. Manchester traverse un mauvais trip avec des Happy Mondays livrant un croisement psychédélique entre rock et dance.
World Party, Goodbye Jumbo. Karl Wallinger quitte les Waterboys et livre, en véritable sorcier mélodique féru d’arrangements bien tordus, cet hommage fin et délicat à la pop des Beatles.
Neil Young, Ragged Glory. Avant la déferlante grunge de Nirvana et consorts, le bison canadien livre un bouillant album de rock à la fois hard et mélodique. Le parrain, c’est lui !
Lou Reed & John Cale, Songs for Drella. Lou retrouve son compère du Velvet pour livrer un émouvant disque hommage à leur mentor décédé Andy Warhol. Délicat et cérémonieux, pop et malsain.
David Bowie. Il dit que c’est la dernière fois qu’il chante ses tubes, dans le cadre du Sound & Vision Tour qui passe par Paris-Bercy le 3 avril et Forest le 20 avril. Heureusement, il ne tiendra pas parole.
Tears For Fears. Avec, en ouverture de ce concert forestois du 13 avril, la même Jenny Morris qui ouvre, le 2 juin, le concert de Prince au stade de Feyenoord et le 17 juin, celui de Lille.
The Rolling Stones. Il pleut à verse à ce concert des Stones au parc des Princes, le 23 juin, mais Keith tient bon en essorant son bandana.
Daniel Lanois. Le chanteur producteur est à l’AB le 2 février et le 3 juillet.
Prefab Sprout. Quel plaisir de revoir le groupe de Paddy McAloon, le 15 novembre, au Paradiso d’Amsterdam.
Maria Bethânia : La conteuse aux pieds nus
Chrissie Hynde : Arrête de pleurnicher
Whitney Houston : La vie de château
Janet Jackson : Nous étions deux amis et Janet m’aimait
Vanessa Paradis : La Paradis non artificielle
Le bilan 1990 : Manchester, le rap… et puis rien
Thierry Coljon revient sur les souvenirs et anecdotes qui ont marqué ses 30 ans de journalisme musical dans «Le Soir».
Après le petit avant-goût des caprices de Mylène Farmer, 1990 nous offrira quelques jolis échantillons d’emmerdeuses en chef. C’est assez rare ceci dit, car un artiste, face à un journaliste à qui il a un disque ou un concert à vendre, se montre toujours charmant. Rien ne nous permet de savoir si, une fois le dos tourné, la vedette ne va pas aller battre femme et enfants.
Mais cette année 1990 m’a gâté en terme de caractère de vraie chieuse. Que Maria Bethania, la grande diva brésilienne, sœur de Caetano Veloso, exige qu’au lendemain de son concert à Lisbonne, je sois vêtu de blanc (vu que c’est vendredi et que c’est comme ça qu’il faut faire selon les préceptes de la religion candomblé), passe encore. Mais que son manager menace de me priver de cette rencontre si je ne me jette pas à ses pieds, il y a tout de même une borne de la limite à ne pas dépasser.
Idem avec Chrissie Hynde qui hurle dès que je lui sers la main (moi, le gringalet) avant de tirer la gueule durant toute l’interview parce que je la mets face à ses contradictions, du style : « Je hais les mangeurs de viande » (ceux-là même qui par millions ont acheté vos disques, madame) ou de maudire ceux qui portent du cuir (alors que sa firme de disque a édité une valisette bordée de cuir pour le CD) sans parler de tous ses arbres qu’il a fallu abattre pour éditer les pochettes de tous ses albums. Bref, ambiance !
Avec Whitney Houston (à Munich, officiellement parce qu’elle aime les châteaux, en vrai parce que le marché allemand vaut le déplacement), on est également à la fête au rayon champagne et petits fours. Mais au moins se pliera-t-elle au quart d’heure par table visitée, histoire de se faire toute la presse européenne en moins de deux heures.
Chez Janet Jackson (à Rotterdam), on fait non pas dans l’interview (c’est de famille !) mais dans la photo en série. Après le concert de ce Rhythm Nation Tour, chaque journaliste doit faire la queue pour se faire tirer le portrait à côté de la sœur de Michael, avant de recevoir une panthère en peluche (« Black Cat » est le titre de son dernier 45-tours). Voilà au moins qui fera plaisir aux enfants.
Je suis dur avec les femmes ? Meuh, non. Prenez Vanessa Paradis, 17 ans, quand je la rencontre la première fois. Elle est déjà une star. Elle me dit qu’elle en a bavé, qu’on lui a craché dessus (durant sa période Florent Pagny, précisons-le). Eh bien, durant la petite sauterie qui termine la journée promo, ne la voit-on pas aller elle-même porter une flûte à la réceptionniste et la téléphoniste. Une petite attention de la part de quelqu’un qui allait devenir une grande dame.
Et les hommes dans tout cela ? Une ville pour terminer ? Prenons Nantes qu’a chantée Barbara et qui a enfanté Dominique A. C’est là que se produisent à 24 heures d’intervalle Stephan Eicher et Alain Bashung. L’occasion est trop belle. L’attachée de presse remplit sa voiture de quelques journalistes et nous voilà, en pleine banlieue, devant Le Magestic, un vieux cinéma comme il n’en existe plus qu’à Tanger ou Bamako. C’est là que se tient le Tour Novice de celui qui venait de sortir un disque (de sa colonne vertébrale) et reporter sa date à l’AB. Comme avec Stephan la veille dans un bar du coin, on prend le temps de papoter comme de vieux amis (qu’on ne sera jamais même si on a le droit d’en rêver). Tous les deux se retrouveront à l’AB la même semaine de mars, quelques jours avant que Jean-Louis Aubert n’en fasse autant au même endroit. Mais, dites, que ferait-on si l’AB n’existait pas ?
THIERRY COLJON
Bonus internet : VINCENT QUITTELIER
jean-Pierre Coljon
8 juillet 2012 à 18 h 03 min
Bonjour TC,
Merci pour ta bio.
JP