“Playlist” : Thierry Coljon retrace ses souvenirs de critique musical au journal “Le Soir”. Editions Luc Pire, 192 pages, 21 euros, en librairie dès le jeudi 15 novembre 2012.
The Smashing Pumpkins, Mellon Collie & the Infinite Sadness. Billy Corgan n’a plus besoin de Butch Vig pour produire ce double opus résumant à merveille le monde hanté de riffs saignants et de mélodies surnaturelles (Tonight Tonight, 1979…).
Garbage, Garbage. Butch Vig et ses deux potes du Wisconsin trouvent une petite Écossaise, Shirley Manson, et, avec elle, livrent un rock à la fois sexy, puissant et mélodique.
Radiohead, The Bends. Avant OK Computer, Thom Yorke et sa bande livrent déjà un véritable chef-d’œuvre, à l’image du titre High & Dry.
Miossec, Boire. Gainsbourg a enfin un héritier. Il est Breton, il aime boire et surtout écrire des textes ciselés dans la douleur. Rock et poésie sont enfin réconciliés. Merci Monsieur Dominique A qui a montré la voie !
Pulp, Different Class. Jarvis Cocker est tellement british, à la fois mal élevé et dandy, pop et dense. Comme un Common People, quoi. Le meilleur du groupe.
Shirley MacLaine. Tiens, je n’ai gardé aucun souvenir de ce concert au Casino de Paris, le dimanche 15 janvier.
Portishead. Le 13 mai à la Luna, suivi le 28 par Massive Attack. Le choc !
The Rolling Stones. Le 3 juin à Stockholm avant Werchter le 25 juin.
Fredericks-Goldman-Jones. Après le ticket en forme d’étoile, voici la Tournée des Campagnes, qui passe par le Hall Sportif Baudouin 1er de Jodoigne le dimanche 4 juin.
James Brown. Place Poelaert, le 23 juin, sur une scène mobile payée par une marque anisée, avec BJ Scott en ouverture, on aura tout vu !
Simple Minds : Comme si rien n’avait changé
Jeff Buckley : Lower East Side, son quartier adoptif
The Smashing Pumpkins : Têtes de citrouille
Red Hot Chili Peppers : Ont-ils sauvé le rock américain ?
Jimmy Page et Robert Plant : Sans plomb dans l’aile du Zeppelin
Le bilan 1995 : Nos amitiés à Céline
Thierry Coljon revient sur les souvenirs et anecdotes qui ont marqué ses 30 ans de journalisme musical dans «Le Soir».
Le bonheur, avec New York, c’est qu’il s’y passe toujours quelque chose d’intéressant, même si au départ, ce n’est pas pour cela que vous êtes là. Quand on vous invite dans la Grande Pomme pour assister au retour discographique d’un groupe comme les Simple Minds, vous vous dites que ce sera l’occasion de revoir ce bon vieux Jim Kerr toujours aussi simple et sympa, tout en faisant plaisir à ses fans.
Et puis aussi d’aller à d’autres concerts. On aurait bien fait comme Jim et Charlie qui ont profité de leur après-midi pour aller voir Madame Butterfly au Metropolitan, mais impossible de trouver un ticket. Le soir, les Minds sont au Beacon Theater. Une fois sur place, je me rends compte qu’il s’agit de toute une soirée philanthropique organisée par une radio, avec, au programme G-Love and the Special Sauce, Black 47, les Goo Goo Dolls, Frente, Luscious Jackson, les Go-Go’s et Big Audio Dynamite. Malgré le jetlag, on tient le coup jusqu’au bout car pas question de louper le grand retour de l’ex-Clash Mick Jones.
Le lendemain, un rapide coup d’œil au « Village Voice » nous apprend que Jeff Buckley est en ville et qu’il se produit dans son quartier du Lower East Side, à l’Irving Plaza. Miracle : il reste des tickets. Le soir, la salle est bondée pour accueillir l’enfant du quartier qui, quelques semaines plus tard, donnera son premier concert bruxellois, au Bota, avant Werchter. Elevé en Californie, Jeff avait trouvé dans ce coin du Lower East Side – « où les parias vivent, un endroit créatif et terre à terre, où l’excentricité est reconnue », dira-t-il dans une interview – un lieu où il se sent bien. Et lui, aujourd’hui il nous manque !
Un autre quartier sympa, c’est au croisement de Broadway et de Lawrence Avenue, à Chicago. C’est Uptown que se trouve le Riviera Theater où les Smashing Pumpkins ont fait leurs débuts. Et ils choisissent la semaine d’Halloween (avec toutes les pumpkins sur le pas des portes) pour présenter à la presse internationale ce qui restera leur meilleur album : le double Mellon Collie and The infinite Sadness. Le concert, enregistré et précédé par Cheap Trick dont c’est le grand retour, commence mal avec une panne de courant mais Billy Corgan – déjà illuminé, refusant toutes les interviews ce jour-là – décide de tout recommencer dans une quasi pénombre et c’est parti pour deux heures de magie. Que, personnellement, je ne retrouverai plus à leurs concerts belges suivants.
Un autre concert qui nous marquera longtemps encore est celui que donnent en juin, à Forest-National, Page & Plant réunis sous la bannière Unledded, en compagnie de deux orchestres à cordes, un oriental égyptien et celui de Jean-Pierre Catoul. On peut aussi parler ici de magie car quand on reverra le groupe plus tard, au Flanders Expo, il ne restera plus rien de cette étincelle qui ne s’explique pas.
Et on se quitte avec les Red Hot Chili Peppers rencontrés à Hambourg pour la promotion de leur album One Hot Minute, quelques jours avant leur concert forestois. J’hérite du batteur Chad (charmant) et d’Anthony Kiedis toujours prêt à vous sauter à la gorge. Comme quand je lui fais remarquer que je l’ai vu dans le film Point Break et lui de me répondre, sans rire et avec agressivité : «Tu m’as vu ? ça t’a amusé de me voir faire le clown ? Je l’ai fait pour le fun. Le cinéma ne me satisfait pas autant que de faire de la musique. » Quelques jours plus tard, à Bruxelles, je sympathiserai avec un Breton fou, un certain Miossec qui deviendra un ami. Au contraire d’Anthony…
THIERRY COLJON
Bonus internet : VINCENT QUITTELIER
ticket broadway show
19 novembre 2013 à 18 h 54 min
Merci pour votre article!