La playlist 1996 de Thierry Coljon

“Playlist” : Thierry Coljon retrace ses souvenirs de critique musical au journal “Le Soir”. Editions Luc Pire, 192 pages, 21 euros, en librairie dès le jeudi 15 novembre 2012.

5 albums

Eels, Beautiful Freak. Ces beaux monstres sont sortis de l’imagination de mister E, qui soigne décès et dépressions à coup de Novocaine for the soul. La fille de la pochette a de gros yeux illuminés. Le réveil sera douloureux.
 
 
 
The Afghan Whigs, Black Love. Greg Dulli est un grand mage livrant une musique à l’univers de polar sombre et décadent. De nombreux maxis complèteront le livre de cet amour noir incandescent.
 
 
 
 
Beck, Odelay. Produit par les Dust Brothers, cet album parfait enfonce le clou de Mellow Gold. Considéré par beaucoup comme l’album de l’année.
 
 
 
 
 
Tool, Ænima. Le hard-rock a toujours été théâtral mais avec Tool, le mal-être prend des proportions d’une noirceur inédite. Dommage que la suite ne sera pas à la hauteur.
 
 
 
 
 
Nick Cave & the Bad Seeds, Murder Ballads. Le joyeux Nick livre un disque moins sombre, plus lumineux, plus pop même, à en croire la présence surprenante de la chère Kylie Minogue, qui lui offre son premier tube (Where the Wild Roses Grow).
 

5 concerts


Bruce Springsteen. Seul avec ses guitares pour un Solo Acoustic Tour, c’est au Carré, à Amsterdam, qu’on découvre ça le 26 février.

Iggy Pop. Le lendemain, on est au Gibus, à Paris, pour un naughty little gig d’Iggy.

Sting. Retour à Amsterdam, au Paradiso, le 9 mars, avant l’after à l’American Hotel.

Garbage. Après le VK molenbeekois, Garbage donne son deuxième concert belge au Vooruit de Gand, le 30 mars.

Michael Jackson. Et de trois (premières européennes, après Rome et Munich), à Prague, cette fois, le 7 septembre 1996.

Principaux articles de cette année-là

Michel Polnareff : Polnaréflexions d’une âme câline
Nick Cave : Les ailes du désir et Les mots vrais de l’ami Nick
PJ Harvey : Parish atout PJ
Le bilan 1996 : Et dEUS créa l’espoir
 
 

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Table des matières

Charmants Michel, Nick et Robert

Thierry Coljon revient sur les souvenirs et anecdotes qui ont marqué ses 30 ans de journalisme musical dans «Le Soir».
Parler à quelqu’un qui a fait partie de votre enfance mais que vous n’avez jamais vu, ni sur scène ni ailleurs, est toujours étrange. Michel Polnareff n’a toujours pas fait son grand retour et en 1996, on n’a qu’un Live At the Roxy à se mettre dans les oreilles. L’homme, de Los Angeles, accepte néanmoins de sortir du silence pour donner quelques interviews téléphoniques.

C’est toujours un moment particulier quand on tape le numéro. On ne sait jamais qui va répondre et comment cela va se passer. Ici, je n’oublierai jamais cette voix qui me répond : « Salut, c’est toi, Thierry ? Ici, Michel. Dis, je te rappelle tout de suite » et Polnareff de me raccrocher au nez avant, de fait, de me rappeler cinq minutes plus tard. Ceci est très américain. Polnareff sera adorable durant toute la discussion, comme s’il parlait à un ami (alors que, rappelons-le, on ne s’était jamais vu), se souvenant avec précision de ses différents concerts bruxellois (Théâtre 140 , Ancienne Belgique, avec Jeff Beck à la guitare, et Forest-National, avec le porte-voix) et de ses conquêtes belges, dont sa manager Annie Falque.

Mais, d’habitude, il est plus aisé d’installer avec un artiste une certaine connivence, quand il est face à vous. Et l’on est parfois surpris de découvrir une personnalité très différente de l’image que l’artiste possède ou derrière laquelle il se cache. Ainsi Nick Cave qui n’a pas la réputation d’être un client facile quand je le rencontre dans un hôtel de charme londonien. La discussion, exceptionnellement, dure une heure, ce qui permet d’aborder tous les sujets possibles et imaginables. Ça tombe bien : le chanteur australien est aussi écrivain, il a chanté Gainsbourg avec son amie Anita Lane et venait de surprendre son monde avec un duo en compagnie de sa congénère Kylie Minogue. Il y a en lui un feu sacré qui brûle tout qui s’en approche. On a revécu ça avec Patti Smith lors d’un entretien d’autant plus exceptionnel qu’en se mettant ensemble, avec Canal+ Belgique, on a pu prendre son temps, le seul qui lui restait entre sa conférence de presse et le concert ostendais.
Une autre grande dame, c’est PJ Harvey qu’on retrouve chez elle, à Bristol, en compagnie de son partenaire John Parish pour un concert en duo précédé par celui de dEUS. On est en famille donc et on ne s’étonne même pas d’apprendre que seize ans plus tard, Arno enregistre son nouvel album à Bristol avec le même Parish.
A part ça, on a découvert une charmante contrée campagnarde dans la même région bristolienne, mais lors d’un autre reportage, pour tailler le bout de gras avec Robert Smith, de Cure. Robert, adorable, impose à un membre du groupe d’assister à l’entretien mais ce dernier – Simon Gallup en l’occurrence – n’a visiblement rien à dire et préférerait être ailleurs. Tout aussi charmant, drôle et agréable est Sting quand il a accepte, à Londres, de parler de tout et de rien. Lou Reed, revu à Paris, est un peu moins désagréable mais pas plus chaleureux pour autant.

Et puis, chose qui n’arrive plus aujourd’hui, il y a de quoi s’étonner quand une firme de disques « major » décide d’investir sur un sujet aussi pointu que l’underground new-yorkais, pour une rencontre avec Bill Laswell à la Knitting Factory alors que quelques mois plus tard, on remet ça pour le groupe métal Tool que certains voyaient déjà succéder à Nirvana en terme de millions d’albums vendus. Le concert au Roseland Ballroom est un véritable bain turc et malgré le niveau sonore à faire péter les tympans, le jetlag est plus fort que tout. Oui, il est possible de pointer du nez dans un environnement assourdissant.
THIERRY COLJON

Bonus internet : VINCENT QUITTELIER


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