“Playlist” : Thierry Coljon retrace ses souvenirs de critique musical au journal “Le Soir”. Editions Luc Pire, 192 pages, 21 euros, en librairie dès le jeudi 15 novembre 2012.
Moby, Play. Le DJ aux allures punk-rock explose avec ce disque qui servira de bande-son de l’année au grand public et aux annonceurs de pubs.
dEUS, The Ideal Crash. C’est avec ce troisième album que les Anversois mettent tout le monde d’accord. Merci Instant Street.
The Chemical Brothers, Surrender. Tom Rowlands et Ed Simmons reprennent les leçons de Dig Your Own Hole, mais cette fois tout le monde craque.
Wilco, Summerteeth. Le groupe de Chicago sortira encore beaucoup d’albums de cette trempe. Mais celui-là les résume déjà tous.
Nitin Sawhney, Beyond Skin. La dance est métissée et l’Anglais d’origine indienne le dit de fort belle façon sur cet album.
The Afghan Whigs. Ce concert à l’AB, le 16 mars, restera un de nos plus beaux souvenirs.
William Sheller. Toutes ces années après le Théâtre 140, on le retrouve en piano solo, au palais des Beaux-Arts de Bruxelles, le 14 avril.
David Bowie. À l’Élysée Montmartre, s’il vous plaît, le 14 octobre.
Renaud. Qui, déjà, va mal. Le 12 novembre à la Maison de la Culture de Tournai.
Zebda. On a toujours aimé le groupe toulousain qui était le 16 décembre aux Halles de Schaerbeek.
Lauryn Hill : La nouvelle Lady Soul
Jeanne Moreau : l’interview exclusive
Marianne Faithfull : Une éternelle vagabonde
Jean-Luc Fonck : Nous sommes été en Louisiane avec Sttellla
Le bilan 1999 : Rock belge, puisque te v’là
Thierry Coljon revient sur les souvenirs et anecdotes qui ont marqué ses 30 ans de journalisme musical dans «Le Soir».
La musique a ceci de passionnant qu’elle n’a pas d’âge, qu’elle efface les rides du temps, que le jeunisme n’a jamais longtemps droit de cité. En 1999, on passera son temps à passer d’un à l’autre, d’une nouvelle petite chanteuse affriolante à un vétéran de la musique.
Celle qui affole à ce moment-là la planète musicale n’est autre que Lauryn Hill qui a publié, en ’98, un premier album sans fautes. On l’attend sur scène, à Forest National. Avant cela, en février, l’ancienne chanteuse des Fugees est descendue au Park Lane Hotel pour une semaine de promotion londonienne. La presse européenne l’attend dans l’antichambre de sa suite, où on entend des enfants bien s’amuser. Lauryn est là avec sa tribu et c’est avec trois heures de retard sur l’horaire prévu qu’elle fait son apparition, souriante et belle comme un cœur. Elle nous fait le même effet que Sade dans les années 80 (on sent encore la crème dont la belle Nigériane s’était recouverte la peau, avec cette main douce comme le miel…). Mieux encore que Naomi Campbell croisée en 1994 pour son premier album vite oublié. Lauryn est un rayon de soleil et les soupirs d’impatience des journalistes excédés disparaissent et sont oubliés comme par enchantement.
Et me fera le même effet la plus belle dame du cinéma français, avec sa voix envoûtante, d’une sensualité folle : madame Jeanne Moreau, venue cette année-là au Cirque royal, à l’invitation du Botanique qui lui rend hommage, entourée de la nouvelle scène rock.
Idem avec Marianne Faithfull, à Londres, qui, avec une charme fou et sa voix blessée, me raconte les affres de sa vie. Toute une vie résumée dans une voix cassée et un visage abîmé mais au fond des yeux, cette flamme, cette soif de vivre. Et chez toutes les deux, un esprit qui a gardé finesse, coquetterie et coquinerie. Qu’il est divin de se faire charmer par ces princesses sans âge. Chez les hommes, c’est pareil. Que ce soit John Mellencamp, rencontré à New York, Gérard Manset enfin croisé à Paris, ou Elvis Costello à Londres, ou même Randy Newman interviewé par téléphone. Chaque fois un réel bonheur qui fait qu’on préfère de loin parler avec un sage, un homme ou une femme qui a vécu et a donc des choses à dire, à nous apprendre, qu’un sale gamin prétentieux sous prétexte qu’il est numéro un au hit-parade.
Et puis, au milieu de tout cela, il y a un ami. Quelqu’un qui, aussi, n’a pas d’âge tellement il est là depuis toujours. On est nés dans la même ville et depuis plus de douze ans, on ne se quitte plus (même que j’écrirai un livre sur lui) : Jean-Luc Fonck bien sûr. Quand il s’en va jouer Tintin en Amérique, à La Fayette, Louisiane, pour être précis, il pense à ses potes, Luc Lorfèvre de « Moustique » et moi. Pour partager un plaisir, celui de se produire devant un public de Ricains charmés par le personnage plus que par des textes qu’ils ne comprennent pas, et celui de nourrir les alligators du bayou avec du boudin… d’alligators (« Allez, petit, viens manger maman… »). Bref le plaisir d’être ensemble, de passer du bon temps entre amis, de beaucoup rire et, surtout, de ne pas se prendre au sérieux. Le partage, tout simplement !
THIERRY COLJON
Bonus internet : VINCENT QUITTELIER