La playlist 2000 de Thierry Coljon

“Playlist” : Thierry Coljon retrace ses souvenirs de critique musical au journal “Le Soir”. Editions Luc Pire, 192 pages, 21 euros, en librairie dès le jeudi 15 novembre 2012.

5 albums

Radiohead, Kid A. Après avoir marqué les années 90, Radiohead publie l’album de la décennie suivante.
 
 
 
 
 
 
The Dandy Warhols, Thirteen Tales From Urban Bohemia. Ce troisième album du groupe pop psychédélique de l’Oregon est celui de la reconnaissance.
 
 
 
 
 
Coldplay, Parachutes. Premier album du groupe anglais qui va devenir le plus populaire au monde. Avec Yellow et Shiver.
 
 
 
 
 
Sigur Ros, Ágætis Byrjun. Le groupe islandais va conquérir le monde dans une langue que personne ne comprend. Un modèle pour les rockeurs francophones.
 
 
 
 
 
Goldfrapp, Felt Mountain. Le couple anglais réussit à adapter Ennio Morricone au style trip-hop.
 
 
 
 

5 concerts


The Cure. Le 3 février, à l’AB, comme au bon vieux temps.

Bryan Ferry. La classe à la salle Reine Élisabeth, le 8 février.

Radiohead. À Werchter, sous chapiteau, tout seuls comme des grands, c’était le 11 septembre.

Britney Spears. En vrai, au Flanders Expo, le 18 octobre, pour son premier concert belge.
Philippe Lafontaine. La première de Célia Fée, le 13 décembre, au Centre culturel d’Uccle : un vrai petit bijou méconnu.

Principaux articles de cette année-là

Buena Vista Social Club : Une musique sans âge ivre de liberté
St Germain : Un nouveau manifeste dance très bleu
Madredeus : Lisbonne sourit, Madredeus aussi
Peter Gabriel : La dernière tentation de Peter Gabriel
Michel Houellebecq sur scène : Elémentaire !
Le bilan 2000 : Eh bien, jouez qu’il disait !
Une année à l’image de son siècle : Recyclages et métissages
 
 

back to 1999 / go to 2001
 
Table des matières

Buena Vista Cuba, « Ovo » et Ochoa

Thierry Coljon revient sur les souvenirs et anecdotes qui ont marqué ses 30 ans de journalisme musical dans «Le Soir».

Enregistré en six jours de mars 1996 aux studios Egrem de La Havane, l’album des papys cubains de Buena Vista Social Club allait entraîner de nombreuses tournées et un film de Wim Wenders. Mais la production de Ry Cooder et World Circuit allait aussi éclairer toute une scène cubaine oubliée que d’autres allaient se charger de réveiller. C’est pour ça qu’EMI, via Virgin-Espagne concerné au premier chef, allait m’inviter au berceau du « son » cubain, là où tout a commencé, comme la Révolution, à Santiago. C’est là que vit la cheville ouvrière du Buena Vista, Eliades Ochoa, à qui il faut rendre justice car âgé de 54 ans seulement, il est moins médiatisé que les papys Compay Segundo, Ibrahim Ferrer ou Ruben Gonzalez (tous les trois décédés aujourd’hui). C’est aussi l’occasion pour nous de rencontrer Reinaldo Creagh et la Vieja Trova Santiaguera, les soeurs Ferrin ou encore Pepesito Reyes. Autant d’artistes fabuleux qu’on peut encore croiser à la Casa de la Trova locale. Je passerai avec eux et Dirk Steenhaut du « Morgen », neuf jours passionnants, bien arrosés de rhum, à la découverte d’un pays et d’une culture bien vivante et authentique, au-delà des soucis économiques bien réels.
Quand on visite un pays inconnu, on ne peut pas s’intéresser qu’à l’artiste qu’on est venu rencontrer, on est imbibé par l’ambiance d’une ville. Ainsi il n’en va pas autrement quand je retourne à Tel-Aviv, non plus pour Noa mais bien le musicien français Ludovic Navarre, alias Saint-Germain, en pleine tournée. Impossible de ne pas faire un saut à Jérusalem et être pris à la gorge par l’émotion de l’Histoire et la pression de la situation explosive qui oppose Juifs et Palestiniens.

On est plus détendu quand on retrouve Madredeus à Lisbonne (ou Porto l’année suivante). Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai retrouvé Pedro et Teresa toujours prompts à faire aimer leur pays et en particulier leur ville et ses vieux quartiers. Chaque fois des retrouvailles à la fois simples et émouvantes.

Idem quand Peter Gabriel me reçoit à Londres pour parler de son spectacle Ovo, conçu pour l’inauguration du Millenium Dome qui sera rebaptisé plus tard O2. Un vrai show à la Cirque du Soleil que Peter défend avec son habituelle bonhomie et sa modestie légendaire. C’est la première fois qu’un spectacle ne le met pas en scène : « Oui, mais j’aime bien me mettre en scène. C’est toute la question de savoir qui est derrière le masque. Si le masque n’est pas celui qui est derrière le masque. »

Et puis il y a cet étrange personnage avec qui j’ai pris un plaisir énorme à discuter, dans sa loge du Printemps de Bourges, quelques minutes avant un concert surréaliste en compagnie du groupe de Bertrand Burgalat qui a produit son premier album : l’écrivain pas encore « goncourisé » Michel Houellebecq. C’est fou comme un écrivain parle différemment qu’un chanteur. Il s’agit véritablement de deux mondes séparés. Qui apprennent l’un de l’autre. Houellebecq se révèle un fan de Leonard Cohen et de poésie chantée : « Moi, je suis assez limité, je ne suis pas chanteur. Je ne suis pas bon. Mais je commence à avoir des envies de chansons. Cela m’aurait plu d’écrire des textes de chansons pour un ou une interprète, comme Djian avec Eicher ».
THIERRY COLJON

Bonus internet : VINCENT QUITTELIER


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