La playlist 2004 de Thierry Coljon

“Playlist” : Thierry Coljon retrace ses souvenirs de critique musical au journal “Le Soir”. Editions Luc Pire, 192 pages, 21 euros, en librairie dès le jeudi 15 novembre 2012.

5 albums

Feist, Let It Die. La chanteuse canadienne, produite par Chilly Gonzales, est la nouvelle voix du paysage néo folk.
 
 
 
 
 
 
Franz Ferdinand, Franz Ferdinand. L’Écosse, une fois de plus, montre le chemin et sacre un petit label, Domino, premier d’une longue série à cartonner.
 
 
 
 
 
Lhasa, The Living Road. La chanteuse américano-mexicaine basée à Montréal publie un remarquable deuxième album.
 
 
 
 
 
Ghinzu, Blow. Deuxième album aussi pour Ghinzu qui prend de la hauteur.
 
 
 
 
 
 
CocoRosie, La maison de mon rêve. Comme elles le diront à l’expo de Bozar : It’s not only rock’n’roll.
 
 
 
 

5 concerts


Jeff Bodart. En première partie de Miossec, le 27 avril à la Cigale, à Paris. Et la nuit fut longue…

Archive. Avec Rufus Wainwright en première partie de cette Nuit Botanique du 9 mai, au Cirque Royal.

Peter Gabriel. La tête en bas, avec sa fille Melanie, ce 26 avril à Forest, pour le Still Growing Up Tour.

Daniel Darc. Sa résurrection passe par l’Orangerie du Bota le samedi 5 juin.

Francis Cabrel. Pour changer, il préfère le Cirque Royal (le 23 novembre) à Forest National.

Principaux articles de cette année-là

Prince retrouve son trône
Vote for Change : Springsteen lance sa campagne pour Kerry
Desert Blues : Béni soit qui Mali pense
Girls in Hawaii : Le grand chelem
 
 

back to 2003 / go to 2005
 
Table des matières

Prince offre son CD et Moby se bat

Thierry Coljon revient sur les souvenirs et anecdotes qui ont marqué ses 30 ans de journalisme musical dans «Le Soir».
Cette année-là, on fête les 50 ans du rock. Ce qui se traduit par quelques belles empoignades entre lecteurs, au moment de dresser la liste des vingt meilleurs albums.

Prince, lui, il s’en fout complètement. Il décide de partir en tournée américaine d’une cinquantaine de dates dans des arènes d’environ vingt mille places.
Résultat : un million de billets écoulés en un rien de temps. Le show, dont je vois l’étape à Atlanta, Georgia, est un gigantesque « best of » de son art, sur une scène en croix. Performance qu’il répètera à l’O2 de Londres trois ans plus tard (durant 21 jours, devant 420.000 personnes !). Son nouveau disque Musicology ? Il ne cherche même plus à le vendre, il l’offre à l’entrée du concert. Un million d’exemplaires donc. Mais qui ne sera jamais classé en tête des meilleures ventes du « Billboard » puisqu’il ne s’agit pas d’une vente. C’est ainsi qu’on va assister en direct à la lente disparition du format CD, au profit d’une dématérialisation de la musique, favorisée par Internet et les nouvelles technologies autorisant l’écoute sur ordinateurs, iPod, téléphones, etc.
Le monde de la musique change et l’industrie du disque de traverser la pire crise de son histoire. A côté de cela, la mort de Claude Nougaro ou de Serge Reggiani passe quasiment inaperçue, sinon le soir même dans les JT et le lendemain dans les journaux francophones.
L’année commence pour moi à New York, avec la rencontre de Norah Jones dans les bureaux de son label Blue Note. J’en profite pour aller voir Moby chez lui, à Mott Street, dans le Village. Il a racheté un loft qui fut un abattoir (en témoignent encore les rigoles où le sang s’écoulait) pour y construire son studio. Il tient à me montrer, du balcon, où vit David Bowie… que je ne croiserai pas malgré mes vaines tentatives de quadrillages de tout le quartier, jusqu’au TeaNY, le minuscule salon de thé bio appartenant à Moby.

Moby est fort occupé aussi à tout faire pour éjecter George W. Bush du bureau ovale. L’élection présidentielle qui l’oppose à John Kerry a lieu en novembre et, un mois plus tôt, j’assiste à Philadelphie, Pennsylvanie, à un des concerts de la tournée « Vote For Change » qui réunit Bruce Springsteen, R.E.M., John Fogerty et Bright Eyes. Pearl Jam, John Mellencamp, Bonnie Raitt, Jackson Browne, Sheryl Crow, Crosby, Stills & Nash, Dave Matthews et beaucoup d’autres les rejoignant sur d’autres dates. Une belle mobilisation qui n’empêchera malheureusement pas la réélection du président texan.

Cette année-là, je découvrirai aussi Bamako et toute cette scène malienne (Habib Koité, Tartit et Afel Bocoum réunis au sein du projet Desert Blues coproduit par Couleur Café) qui fait la fierté d’un pays très attachant, foncièrement musical, où les différentes ethnies coexistent dans une démocratie qui est (était ?) un modèle du genre.
Cette année-là aussi, est celle qui voit naître la première Nuit du Soir que notre administrateur délégué Bernard Marchant, me demande de programmer, inspiré par ce concert à l’AB qui, au début de l’année, à réuni Sharko, Girls In Hawaii et Ghinzu. La scène rock belge francophone existe bel et bien et « Le Soir » le prouvera tous les ans en privilégiant les groupes en développement. Aujourd’hui, huit ans et dix Nuits plus tard, la liste d’artistes est bien belle. Une fierté qu’on est nombreux à partager.
THIERRY COLJON

Bonus internet : VINCENT QUITTELIER


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