“Playlist” : Thierry Coljon retrace ses souvenirs de critique musical au journal “Le Soir”. Editions Luc Pire, 192 pages, 21 euros, en librairie dès le jeudi 15 novembre 2012.
Beirut, The Flying Club Cup. Zach Condon s’est trouvé un style propre, sorte de pop balkanique livrée avec des mélodies fortes.
Feist, The Reminder. Avec Chilly Gonzales à la production, un folk moderne qui fait le tour du monde, trois ans après Mushaboom.
Dionysos, La Mécanique du Cœur. Un livre, un CD puis un spectacle avant de devenir, en 2013, un film en animation 3D.
MGMT, Oracular Spectacular. Une dance joyeuse et psychédélique façonnée par deux gamins américains.
Mika, Life In Cartoon Motion. Une dance joyeuse et psychédélique livrée par un Anglo-libanais vite chéri des Français.
Lou Reed. Reprend l’album Berlin le 18 juin à Forest.
Justin Timberlake. Le copain à Britney débarque à son tour, le 27 juin au Sportpaleis.
Yves Simon. Son grand retour sur scène passe par les Francos de Spa le 20 juillet.
Arcade Fire. Le groupe montréalais remplit Forest National cette fois, le 2 novembre.
Beirut. Premier concert belge, à l’Orangerie du Bota, le 14 novembre, avec Dan San en première partie.
Rita Mitsouko : l’entretien avec le duo et l’article à la mort de Fred Chichin
The Rolling Stones : l’interview et la critique du concert
Michel Polnareff : Mi-figue mi-raisin
Prince : Le dernier soir sur sa planète Terre
Charles Aznavour : Un plaisir non démodé
Les Aventuriers d’un Autre Monde : Un ouragan, pour le plaisir
Les ventes 2007 : Mika casse la baraque
Thierry Coljon revient sur les souvenirs et anecdotes qui ont marqué ses 30 ans de journalisme musical dans « Le Soir ».
Certaines années, plus que d’autres, sont placées sous le signe des retrouvailles. Cela faisait cinq ans que les Rita Mitsouko n’avaient plus publié d’albums, en raison surtout de l’hépatite C dont fut victime Fred Chichin. Le revoir en forme aux côtés de Catherine Ringer me faisait d’autant plus plaisir que durant nos nombreuses rencontres, il était toujours doux et chaleureux, tranchant avec une Catherine pouvant se montrer cassante, voire déstabilisante. Sa mort, sept mois plus tard, d’un cancer fulgurant, sera d’autant plus choquante et douloureuse. Quatre ans plus tard, je retrouverai à Bourges une Catherine remise du choc, perpétuant la mémoire et la musique de Fred.
D’autres retrouvailles heureusement se terminent mieux. Prenez les Stones que je suis sur les scènes américaines depuis la fin des années 80. Ce n’est pas le genre à donner des interviews, sinon aux médias des grands territoires à côté desquels la petite Belgique ne fait pas le poids. Il aura fallu attendre ce mois de juin 2007 pour qu’un rêve devienne réalité. Et cela grâce au fait que les préventes du concert à Werchter le 5 juin étaient insuffisantes : 30.000 tickets vendus au lieu de 60.000. Le contrat est tel que l’organisateur (Herman Schueremans) se doit de bien remplir son champ s’il ne veut pas perdre ses culottes. Il fait donc pression sur l’entourage des Stones pour que ceux-ci acceptent de faire un peu de promotion quelques jours avant le concert. Cela tombe bien puisque les répétitions de la reprise de la tournée européenne se déroulent dans un hangar à Vilvorde. Bingo ! Les Stones acceptent de recevoir six médias (deux – francophones et Flamands – fois trois : presse écrite, radio et TV). Rien que pour nous et leurs proches, voici donc les Stones à même le sol de béton, sans scène, à moins de cinq mètres, interprétant trois titres comme s’ils se trouvaient devant des milliers de personnes. La gestuelle et l’énergie sont identiques. Très impressionnant ! Et puis l’organisation nous met tous les six, côte à côte, derrière un cordon rouge où chacun des quatre Stones, dans un ordre établi – d’abord Mick, puis Ron, Charlie et enfin Keith – défile à tour de rôle, nous serre la main et répond à une question par journaliste. C’est peu et en même temps, c’est tellement rare que cela en devient énorme. Evidemment, il faut être fan des Stones pour comprendre…
2007 est donc l’année où tous débarquent. A commencer par Michel Polnareff qui met un terme à trente ans d’absence, en remontant sur la scène de Bercy, avant Forest National. Mais il n’y aura pas d’interview cette fois-là (priorité sera donnée aux médias populaires !), pas plus que Prince n’en donnera au moment d’investir l’O2 londonien 21 soirs d’affilée. J’ai vu la dernière d’un show fort semblable à celui présenté en 2004 aux Etats-Unis et que j’avais vu à Atlanta mais le plaisir était tout aussi intense.
Je retrouverai aussi Nick Cave à Londres, Manu Chao à Montréal, David Gilmour à Londres et Charles Aznavour dans sa propriété (d’été) provençale de Mouriès – avec un chouette déjeuner à la clé dans son resto préféré, le Bistrot du Paradou -, avec chaque fois un véritable plaisir.
Mais le plus beau souvenir restera ce concert au Zénith de Lille des Aventuriers d’un Autre Monde, alias, ensemble sur scène, Alain Bashung, Jean-Louis Aubert, Cali, Raphael, Daniel Darc et Richard Kolinka. Ce concert exceptionnel, étape d’une tournée de six dates, ce n’était que bonheur de la part d’artistes se prêtant leur répertoire et se lâchant dans des reprises rock. Le tout en toute décontraction et simplicité, sans enjeu ni pression, sinon celle de vouloir partager avec le public un moment de joie pure. Mission amplement accomplie !
THIERRY COLJON
Bonus internet : VINCENT QUITTELIER