Les indépendants gèrent leurs petites entreprisespsychédéliques ou vintage. Paw Tracks (Animal Collective) ou Third Man Records (Jack White) tirent plutôt bien leur épingle du jeu. Zoom sur leur rentrée des classes.
Dans une industrie qui se casse la gueule, où la plupart des maisons de disques ont autant d’identité que les équipes de foot dévisagées par l’arrêt Bosman et les mercatos, l’auditeur aurait tendance à se chercher de nouveaux repères. Certains labels continuent malgré tout de se démarquer et Sacred Bones est de ceux-là. Créé en 2007 à Brooklyn par le disquaire Caleb Braaten, Sacred Bones a un son. Un son à la noirceur rock (The Men), pop (Zola Jesus) ou punk (Pop. 1280) profondément marqué par les années 80. Que ce soit celles de la new wave ou d’un Nick Cave. À ces caractéristiques viennent souvent s’accoler les adjectifs psychédéliques, avant-gardistes et parfois gothiques. Puis aussi des visuels léchés. Noir, c’est noir…
Paw Tracks laisse davantage entrer la lumière. D’abord intitulé Soccer Star Records puis Animal, Paw Tracks est installé à Washington DC et géré par Animal Collective. Les mecs le créent pour donner vie à leurs propres albums et leurs projets parallèles comme les disques de Panda Bear. Mais pendant l’été 2003, introduit par un ami commun, Ariel Pink, inconnu au bataillon, file un de ses albums aux zigotos. Le disque se fait piétiner dans le van pendant une semaine mais dès la première écoute, c’est le coup de foudre. Geologist se fixe pour but ultime dans la vie de faire entendre la voix du gamin et Ariel devient le premier artiste hors membres du collectif animalier signé sur le label qui réédite trois de ses plaques. Suivront Black Dice, Dent May, Kria Brekkan, Prince Rama, Rings…
Le rock à l’ancienne de Jack White
En neuf ans, Paw Tracks s’est bâti un catalogue d’une quarantaine de références. Une quarantaine de disques singuliers, souvent intrigants parfois passionnants, dont aucun titre ne passe sur Pure FM. New ou vieux look, c’est du pareil au même. Oui, les labels les plus intéressants sont souvent ceux emmenés par des artistes. Le Brainfeeder de Flying Lotus en matière d’électronique. Le Third Man Records de Jack White pour ce qui touche au rock à l’ancienne.
En cette période de rentrée, toutes ces écuries font l’actualité et prennent d’assaut les salles de concerts. Sortez vos agendas.
JULIEN BROQUET
Paw Tracks
Ou la galaxie Animal Collective. Dent May a troqué son ukulélé contre des synthés cosmiques, des guitares funky et des boîtes à rythmes disco. Il défendra son deuxième album Do things au Botanique ce 21/9. Découvert par Paw Tracks, Ariel Pink (photo) vient, lui, de dévoiler Mature Themes chez 4AD. De la pop sixties et seventies cabossée à voir le 12/11 au Trix (Anvers). Adulé par Sonic Youth, Black Dice (deux de ses albums sur Paw Tracks) sera le 2/10 au Kreun (Courtrai). J.B.
Sacred Bones
Le label new-yorkais, c’est plus que de l’obscure cold wave française rééditée (Trop Tard) ! La pop hypnotico/velvetienne de Damon McMahon et Amen Dunes s’écoutera le 6/10 aux Ateliers Claus, et ce lundi 17/9 au Kreun (Courtrai). En première partie ce soir, Cult Of Youth défendra son album Love will prevail (aussi le 6/10 à la Maison des Musiques). Quant aux San Franciscains de Moon Duo, qui ressuscitent l’aérobic dans le clip de « Sleepwalker », ils seront au Trix (23/10) et au Kreun (7/11). D.S.
Third Man Records
Pendant que le patron, Jack White, est en tournée en Europe avec ses filles, ses garçons et son blues-rock vintage, c’est un drôle de zigoto qui se fait remarquer dans cette écurie montée à Detroit et installée à Nashville par l’ancien White Stripes. Son nom : Willy Moon, Néo-Zélandais exilé à Londres, mi-électro, mi-rockabilly et cent pour cent phénomène de scène. William Sinclair, c’est son vrai nom, est aussi fan des Cramps ! À voir ce 9/11, à l’Aéronef à Lille dans le cadre du festival Les Inrocks. D.S.