Pariez sur Dinosaur Jr. !

Vingt-huit ans de décibels indie et de tifs qui ondulent devant les colonnes d’amplis Marshall, mais pas encore tout à fait fossilisés : les trois Dinosaur Jr. sont de retour ! Avec l’album I bet on sky, futur classique dans la disco du groupe de Jay Mascis.

En 2005, après une brouille de quasi huit ans, Lou Barlow et Jay finissaient par enterrer la hache de guerre. Depuis, Dinosaur Jr. est autant retourné en studio que remonté sur les planches. En juillet, sur la grande scène de Dour, nous avons ainsi retrouvé les Américains toujours aussi puissants… et sur le fil du chaos : en live, chaque morceau démarre chez eux dans une sorte de bordel auditif, avant que l’auditeur ne se fasse happer par ce rock à la fois brûlant et plein de spleen.

Petite surprise : le groupe ne joue alors rien de son nouvel album, I bet on sky, pourtant déjà amplement annoncé ! « C’est parce qu’on n’a pas eu le temps de répéter les nouveaux morceaux », nous confie le chanteur et guitariste après ce néanmoins bon concert, mi-blasé, mi-déconfit. Lunettes à grosse monture, casquette de trucker, t-shirt imprimé d’une magnifique tête de loup stylisée : Jay Mascis, 46 ans, nous attend dans l’espace presse. Tout le monde veut se faire tirer le portrait avec lui ! A l’interview, il préfère les « yes », « no » et « I don’t know » aux réponses plus développées. Et quand il en survient une… on ne sait parfois pas exactement ce qui a déclenché cette soudaine volubilité !

« Les gens vous aiment bien », tente-t-on pour lancer la conversation, en avisant les photographes. Râpé : « Oh… certains oui et d’autres non », rétorque l’homme à la tignasse. Qui croit ensuite se souvenir que son premier festival, c’était justement en Belgique. Au Futurama… Petit rappel à l’attention de nos jeunes lecteurs : la formation a vu le jour en 1984, à Amherst dans le Massachusetts. Deux ans plus tard, elle tourne aux USA en première partie de Sonic Youth. D’où, peut-être, ce petit clin d’œil à Thurston Moore dans le clip de « Been there all the time », extrait de l’album Beyond, le premier à suivre la reformation.

Mais revenons-en à nos moutons et faisons le pari : I bet on sky est un futur classique dans la discographie de Dinosaur Jr. D’où tout le bien qu’on vous en dit, voyez le Mad ! « Les deux derniers albums ont été enregistrés parce qu’au départ, on avait juste écrit pour avoir plus de nouveaux morceaux à jouer en concert. Cette fois, je crois qu’on s’est moins soucié de ça. Si les morceaux sonnaient bien, avec un clavier par exemple, on les gardait sans s’inquiéter de savoir ce qu’on allait en faire en live. »

Sur la page Facebook du groupe, Jay s’est fait tirer le portrait assis à la batterie. Souriant ! « Quand j’ai un morceau en tête, la batterie en fait intégralement partie, commente-t-il. Elle est déjà là, ce qui ne laisse pas beaucoup de place au batteur pour improviser. Ce n’est pas comme la basse : à l’origine, je n’entends pas comment elle va sonner, je m’en fous un peu ! » C’est quoi, alors, cette attirance pour les futs, martyrisés par Murph, le chauve des trois ? « La batterie est l’instrument le plus fun à jouer. Et le plus primal. J’aime le fait qu’il ne nécessite aucune électricité. Peu de gens font vraiment attention à la place qu’occupe la batterie dans un morceau. »

Grand fan des Stones que leur longévité ne fait pas flipper, mais aussi biberonné au hardcore US du début des années 90, à une époque où la musique comptait plus que tout dans sa vie et particulièrement ce genre-là, Mascis a quand même fini à la guitare : « J’ai réalisé que beaucoup de gens voulaient m’entendre à la guitare plutôt que comme un batteur frustré ! »

Son premier morceau ?
“Pour Jimmy Carter”

Que penser de la retromania ?
“Ecouter de vieux concerts de hardcore…”

A propos de «  Just like heaven » de Cure et de l’art délicat de la cover
“C’est mieux quand on n’aime pas”

La conversation touche à sa fin. Notre homme aimerait aller écouter les Anglais de Godflesh. Ses fans sont contents : il pose avec eux pour quelques photos. Sans se départir de son air de nerd égaré dans la cambrousse.

Didier Stiers

 

 

 

Didier Stiers

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