Muse a fait son grand retour cet été, aux Jeux olympiques de Londres. Avant la sortie de leur nouvel album, “The 2nd Law”, nous les avons rencontrés à Amsterdam.
La rencontre a lieu à Amsterdam, par une journée grise mais chaude d’été. Le groupe reçoit les journalistes aux trois coins d’un grand hôtel. Matthew Bellamy (chant, musique et textes) parle doucement et les oiseaux noient presque sa voix dans le jardin, il est hyper à l’aise après une matinée marathon d’interviews. Chris Hostenholme (guitare, basse et chant !) nous reçoit dans une suite rosée, dans une pénombre qui rappelle l’obscurité de l’album. Interview croisée des deux voix de cet album The 2nd Law.
Qu’est-ce que vous écoutez pour l’instant ?
Matthew : Ces derniers jours j’écoute beaucoup Nero (groupe électro anglais), Justice aussi un peu…
Chris : Prince, INXS, des choses des années 80 et 90. Depuis que j’ai une famille, je prends moins de temps pour écouter de la musique. Ça fait longtemps que je ne suis pas tombé amoureux d’une musique. Mais ce qui se fait en dubstep actuellement est incroyable comme Nero.
Y a-t-il un lien à trouver avec votre musique ?
Matthew : Oui, on s’est intéressés à la manière dont la musique électronique, ces cinq dernières années, a remplacé le rock lorsqu’il s’agit de figurer la puissance. Sur certains titres de l’album (« Unsustainable », « Follow me », « Madness »), on a été clairement influencés par des sons d’électro contemporains.
Etes-vous toujours un groupe de rock ?
Matthew : Oui, je pense. Mais on est influencé par des choses tellement différentes. On est chanceux d’avoir été capable d’explorer des choses très différentes. Actuellement on explore trois « aires » : le rock traditionnel (classique), électronique et la musique classique orchestrale. Dans l’album, on explore les trois, avec des morceaux proches des musiques de film. Je pense qu’on aurait du mal à se limiter à un type de son. On est les trois mêmes gars, mais on pourrait former quatre groupes différents ! (rires)
Sur l’album, vous passez en effet d’un genre à l’autre, quel élément en fait une histoire continue ?
Matthew : La partie vocale est le thème de cette « The 2nd law ». Cette deuxième loi qui est une sorte de loi de l’énergie dans tout (le monde, nous, le soleil, les étoiles), elle se disperse et disparaît. Dans l’album, la vie est comme un combat contre cette vérité. Musicalement, on a vraiment différents thèmes et les gens recherchent souvent cela actuellement.
D’où vous viennent ces basses qui étonnent dans l’album ?
Matthew : Pour nous, les basses sont un instrument à part entière. On a toujours été fans de groupes comme les Red Hot Chili Peppers ou Primus qui ont une ligne de basse importante. Elles ont toujours été présentes dans notre musique. Cette fois, on est allés plus loin. On est surpris que les gens parlent d’influence dubstep car tout a été fait avec de vrais instruments.
Chris : On s’est vraiment concentré sur la section rythmique aussi. On a beaucoup testé des combinaisons en studio. On voulait vraiment faire quelque chose de différent sur chaque morceau et on a beaucoup expérimenté en studio en utilisant de vrais sons de batterie combinés à des samples. C’est la première fois qu’on travaille chanson par chanson, on n’a pas essayé de faire un album en une fois.
Y a-t-il un message subliminal dans l’album à l’image du teaser disponible sur votre site ?
Matthew : Pas vraiment des choses cachées, il y a des éléments-clés. La fin de l’album évoque la fin du monde dans une sphère d’isolement. Ça résume l’album. Cela s’applique à tout. Plus on est isolé, plus vite on meurt. C’est pareil pour la crise économique, le monde est isolé dans l’univers, semble l’être. La dernière ligne est le message important de l’album. Dans « Explorers », je dis : « Fuse healing free our last hope ».
Tout le monde parle de la crise en ce moment…
Matthew : On apporte quand même une solution dans l’un des morceaux, c’est la fusion nucléaire ! (Rires.) La crise vient de l’obsession des gouvernements, des médias pour la croissance, l’expansion. Mais les sources d’énergie ne sont pas sans fin. Il faut maintenant casser avec ce système ou tout arrêter.
Et vous, êtes-vous libres dans ce système, dans la sphère musicale ?
Matthew : Oui, on n’a jamais eu peur d’essayer et de dire des choses. On a la chance d’avoir pu travailler librement sans interférence des maisons de disques, des intérêts marketing. On a eu de la chance de ce côté-là.
Dans « The 2nd Law », on entend ta voix, quelle était l’intention ?
Chris : J’ai toujours écrit des chansons. Mais il m’a fallu du temps pour franchir le pas et prendre le micro. Et j’ai toujours vu Math au micro, il a fallu du temps pour changer de méthode de travail.
Ta voix est un peu en retrait, pourquoi ?
Chris : J’étais peut-être gêné (rires). Non, mais je suis habitué à entendre la voix de Math, c’était peut être un réflexe de me mettre en retrait. Mais je vais chanter sur scène et laisser Math reposer sa voix.
Dom, va-t-il s’y mettre aussi ?
Chris : Jamais ! Un jour, en studio, on a tenté d’enregistrer « Black Out », une chanson très harmonique. On l’a convaincu de chanter avec nous. Le technicien nous a arrêtés car quelqu’un était complètement faux. Dom s’est arrêté et tout allait mieux (rires).
Qu’est ce que le public peut attendre de Muse sur scène prochainement ?
Chris : On a toujours des idées complètement folles et on nous dit ce qui est possible ou non.
Matthew : Ça va être fort, un plus gros show, je pense. Mais en même temps plus intime, on veut mettre la scène au centre et avoir la foule autour de nous. Visuellement, on se concentre sur le concept de 2nd Law, on va jouer principalement cet album. Il ne sera pas si « fou » et plus centré sur la musique pendant cette tournée.
Vous jouerez en Belgique le 18 décembre 2012. Trois jours avant la fin du monde… Qu’est-ce que vous ferez après le concert ?
Chris : Je rentrerai chez moi et j’offrirais les cadeaux de Noël à mes enfants en avance.
Matthew : Je vais retourner dans ma ferme et commencer à cultiver des légumes (rires).
Propos recueillis par Sandrine Lana (St.)