Qu’est-ce qu’on a oublié de vous dire d’inutile cette semaine? Snoop Dogg est-il le dernier des punks?; Lana Del Rey, c’est les motards républicains qu’elle préfère; on s’inquiète un peu pour Billy Corgan; on s’inquiète moins pour Trent Reznor; ça fait longtemps qu’on est passé au-delà de l’inquiétude concernant Godspeed; et au cas où vous n’étiez pas au courant, Radiohead était de passage chez Bart, jeudi.
Entre Snoop Dogg et la musique, ça semble désormais être totalement terminé. Pas qu’il range les crampons, non, pensez-bien, tant que ça rapporte, ça tricote. Juste que le Snoop a atteint ce point où il n’a plus aucun intérêt pour la chose musicale, fusse-t-elle sa propre oeuvre. Snoop n’en a simplement rien à carrer! Tiens, dernièrement, on lui a proposé de faire la pub pour les « Hot Pocket », ce genre de sous-burritos à réchauffer au micro-onde. Ni une, ni deux, Snoop a demandé à voir les chiffres, puis s’est lancé dans l’entreprise le coeur en avant, a changé le titre et les paroles de ‘Drop It Like It’s Hot’ en ‘Pocket Like It’s Hot’ et s’est même fendu d’un clip pour la cause. Sérieux, Snoop s’en fout à un tel point qu’il en deviendrait le punk ultime.
On s’en doutait un peu, mais Lana Del Rey, c’est plutôt le genre biker tatoué de deux fois son âge qui la fait frémir. Et on commence à comprendre le pourquoi du comment de la rumeur de sa liaison avec Axl. Ah oui, Axl! Bref, la petite fille de l’Amérique a eu l’idée de se lancer dans le poème lyrique et existentiel mis en musique avec clip épique, forcément épique, de dix minutes. Le tout s’appelle ‘Ride’ et on y apprend bien des choses… Lana y parle de solitude, du passé révolu, de liberté, et de Marlboro Man et de l’homme aux santiags, aussi… on la voit prendre le grand air à l’arrière d’une Harley au milieu du désert, le drapeau national fièrement levé dans le vent… Et alors qu’elle se fait lécher par une demi-douzaine de gros tatoués, vient cette phrase, en épilogue: « I believe in the country America used to be ». Et soudain, on comprend que la gamine vient d’offrir à Mitt Romney à sacré bon clip de campagne! Elle est comme ça Lana, la nostalgie des années Reagan, l’espoir des années Romney…
Voilà pour la jeunesse américaine. Par contre, un pour qui ça va pas fort, c’est Billy Corgan, qui semble être bien revenu du Rêve américain, lui. Billy Corgan, à ce jour encore dictateur à temps plein des Smashing Pumpkins (si, si, les Smashing existent toujours…) est passé dans l’émission Last Call With Carson Daly cette semaine, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on n’a pas fait que rigoler. Déjà, Billy ressemble de plus en plus au bonhomme Michelin. Ce qui est généralement mauvais signe. Ensuite, Billy a vraiment du mal a accepter qu’on lui parle plus de son oeuvre passée que de la présente. Et puis, alors qu’on essaie malgré tout de lui parler de son dernier album, il annonce au détour de rien qu’il a « tenté de se suicider deux, trois, sept fois. J’ai planifié ma mort et ce que je laisserais derrière et ce que j’allais écrire. Et puis j’ai réalisé que Dieu, enfin, la façon dont je comprends Dieu était présent tout le long du chemin »… Bon, on va peut-être passer à autre chose, ça devient glauque, là…
09262012-1 from SoundcreepsTV on Vimeo.
On va passer au cas Godspeed You! Black Emperor, tiens. Eux, c’est un peu les anti-Snoop. Déjà, on rigole beaucoup moins avec Godspeed (quoique…). Ensuite, ils prennent leur musique légèrement plus au sérieux que Calvin. Preuve par l’exemple: alors qu’ils reviennent après dix ans d’absence, The Guardian leur a proposé un entretien. D’accord, mais à leurs termes. C’est-à-dire que les réponses se feront par mail, « et t’as pas intérêt à couper dedans, fieu… De toute manière, y a pas moyen, on a tout fait pour que personne y pige rien ». Un entretien avec Godspeed ressemble aux titres de leurs albums et chansons: un long truc sans fin, un peu poétique, surtout cryptique, mais bizarrement, qui parvient à intriguer. Extrait choisi: « C’est quoi la musique politique? Toute musique est politique, non? Tu fais soit de la musique pour plaire au Roi et à sa cour, ou tu fais de la musique pour les serfs derrière les murs. C’est à ça que sert la musique (et la culture), non? Pour distraire ou confronter, ou les deux à la fois? On est tellement nombreux à savoir que tout est déjà foutu ». ça continue à parler politique, société, Culture avec un grand C, tout ça sur des dizaines de paragraphes et puis pour terminer, cette question avec une réponse qui déroute d’autant plus qu’elle soulage: « – Est-ce que des personnes comme moi vous prennent trop au sérieux? » « – Probablement. »
L’entretien complet dans The Guardian.
On parlerait bien du nouveau clip de Bon Iver illustrant ‘Beth/Rest’, sa reprise de Phil Collins (ah, il paraît que c’est en fait un titre original du pêcheur du Wisconsin…), mais on en a déjà trop dit sur le sujet, non?
Sinon, Trent Reznor a expliqué à qui voulait l’entendre pourquoi il a décidé de sortir l’album de son projet How To Destroy Angels sur une major (à savoir Columbia), lui qui était entré en guerre ouverte avec le business. En bref, c’est la faute à Radiohead. Alors qu’il était en concert à Prague avec NIN, il a vu partout dans la ville des affiches pour un concert de Radiohead… et que dalle pour son groupe. Même chez le disquaire, y avait même plus d’encart NIN. C’est là que Trent s’est dit que son compte Twitter permettait certes “de prêcher aux convaincus, mais ne lui permettait pas d’élargir le cercle de ces convaincus”. Pas con, le Trent! Ce qu’on n’a pas compris, par contre, c’est le rapport entre Radiohead, les majors et son épiphanie, vu que la scène s’est passée en 2009, soit deux ans après la sortie indépendante d’ « In Rainbows ». Mais bon, cherchons pas…
Radiohead, justement, si vous n’étiez pas au courant, sont passés par chez Bart ce jeudi. Nous, on s’en fout, on y était. Mais pour tous nos amis hipsters qui sont restés coincé devant Twitter toute la soirée, on a un lot de consolation. On doit ça à un inconnu qui a lui décidé de passer sa soirée au premier rang le nez derrière sa caméra HD…
DIDIER ZACHARIE