“I want your BRNS!”

Alors qu’en nos contrées, on a un peu trop tendance à écouter ailleurs si le son est meilleur, Bruxelles vient d’accoucher de BRNS, dont le premier mini-album, « Wounded » a mis la barre très haut. Rencontre avec le groupe avant un concert à l’AB dans le cadre de l’Autumn Falls et une mini-tournée wallonne en mode « brut ».

Ça commence comme ça: par des vagues d’électricité, donnant la sensation d’une lave froide et boueuse. Une grosse basse pose le rythme à suivre, des voix s’élèvent comme une prière occulte et lentement le tout prend forme avant qu’un refrain accrocheur n’enfonce le clou. Ainsi s’ouvre « Wounded » et dès le départ, on se dit qu’on tient quelque chose de singulier et en même temps de particulièrement abouti. « On voulait faire un projet un peu ambitieux, avec des instruments nouveaux. On n’avait peu d’idées précises d’où on allait, mais on avait envie de sortir du cadre pop-rock traditionnel », nous expliquent les deux têtes pensantes du groupe, Antoine Meersseman et Tim Philippe.

« Peu d’idées précises ». Le jeu est donc ouvert. C’est ainsi que chaque titre détient son lot de surprises: les cloches folles de ‘Mexico’, du xylophone au milieu de nappes de synthés, des rythmiques martiales autour desquelles tournent quatre voix… Et puis il y a cette guitare qui ramone sans cesse et ces structures toujours malmenées. Mais au-delà des expérimentations, la grande réussite de BRNS est de garder une sensibilité pop intacte: « BRNS est avant-tout un projet pop et ça le restera. On a l’ambition de faire des chansons. Le but, c’est d’amener des choses qu’on a pas l’habitude d’entendre dans la pop mainstream: des ambiances un peu post-rock, des rythmiques un peu math rock, des voix avec harmonies qui se croisent, des trucs hip hop… Au niveau des structures, on essaie d’éviter le schéma couplet-refrain. Mais on essaie que les mélodies soient assez fortes. On fait des chansons ».

S’il faut catégoriser BRNS, on les placera dans la mouvance new yorkaise des bidouilleurs pop du style Yeasayer ou Animal Collective. Eux parlent surtout de « la scène de Portland et de Baltimore. Des groupes comme Menomena ». Mais contrairement à leurs pairs américains, les Bruxellois sont moins dans la contemplation béate de leur univers sonore, plus dans le concret. Il y a une énergie presque industrielle chez BRNS dans les rythmiques lourdes et les vagues d’électricité. « Mais il faut citer Chris Isaak, aussi! ‘Wicked Game’, important! Grande chanson!». Ok, passons à autre chose…

Une boule d’énergie très concentrée

Au live, tiens. Car les concerts, c’est encore une autre affaire: « On vire quelques arrangements. On joue plus sur le côté frontal, énergique, organique de la musique. On n’a jamais été pour l’idée de mettre un ordi sur scène, on veut garder la fragilité du moment où il peut se passer des accidents… Il y a un vrai travail de réadaptation des morceaux pour les concerts». C’est l’autre bonne nouvelle: en concert, BRNS ne se contente pas de reproduire ses chansons exactement comme sur le disque, chose sans intérêt mais un peu trop tendance en ce moment. Non, BRNS recherche l’énergie spécifique au live. Le groupe a d’ailleurs pour habitude de jouer en demi-cercle: « On se regarde énormément. On n’a pas trop envie d’avoir un chanteur sur le devant de la scène qui crée le show. Ce qui nous intéresse, c’est de créer une boule d’énergie très concentrée qui se répercute sur le public ». Bref, BRNS reste plus organique que cérébral. Et on ne s’en plaindra pas.

Il suffit de jeter un oeil sur leur page Facebook pour comprendre que le public et les promoteurs ne s’en plaignent pas non plus. Le disque (sept titres) n’est encore sorti qu’au Bénélux, BRNS tourne, beaucoup, et principalement en France ou un engouement s’est créé autour du groupe après son passage à Rock en Seine. Mais c’est chez eux que les Bruxellois ont décidé de terminer l’année. Avec un concert à l’AB dans le cadre de l’Autumn Falls d’abord. Puis, pour quelques dates en Wallonie (Liège, Arlon, plus si affinités) avec Carl (qui a dessiné la pochette de « Wounded »), dans un format « brut », c’est-à-dire dans des petites salles, au milieu du public, sans chichi, « un peu à la Zita Swoon ». Brut, quoi. « On avait envie de terminer l’année en se faisant plaisir ». Qu’il en soit ainsi! 2012 aura été une année charnière, une sorte de rampe de lancement pour BRNS. On peut être assuré que 2013 les accueillera à bras ouverts.

Le mot de la fin? « ‘Le Retour des morts vivants’. Quand même, le nom vient de là… Ah oui, on adore les films de zombies, c’est un peu notre base culturelle ». I want your BRNS!

DIDIER ZACHARIE

« Wounded » (Louis Records/distribution Pias) disponible en CD et vinyle.
Notre critique du disque sur Le Mad.

BRNS en concert à l’AB (Autumn Falls) le 1er décembre (avec Why?, Deerhoof, DIIV et Clinic), le 5 décembre au Tipi à Liège et le 9 décembre à l’Entrepôt à Arlon (avec Carl, BRUT tour). Toutes les dates sur le site web du groupe.

Journaliste lesoir.be

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1 commentaire

  1. niconoe

    15 novembre 2012 à 16 h 00 min

    Ces gars ont énormément de talent, et on aussi compris qu’il existait une voie médiane entre les deux scènes rencontrées d’habitude par ici, à savoir:

    – D’une part des groupes poppeux prêts à tout pour avoir leur 15 min. de gloire sur pure FM, en général plus intéressés par l’évolution de la mode des lunettes de soleil que par l’écriture.

    – Et d’autre par une scène underground souvent austère, quand ce n’est pas juste élitiste, pompeux et chiant.

    Bref, rien que pour montrer qu’on pouvait exister en Belgique francophone en étant à la fois frais et exigeant, j’ai du respect pour ces garçons.

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