Cette semaine, on fait un tour des tops albums de l’année… Et des flops aussi; on discute ganja avec Snoop; les Black Lips se font agresser sur scène par quelque dépressif notoire et Noel Gallagher envoie une volée de couteaux dans le dos de ses fans hardcore.
Comme le veut le protocole, la fin d’année est réservée aux tops. Ces classements aussi subjectifs qu’inutiles. ça tombe bien, c’est notre boulot! Allons-y donc pour un petit tour d’horizon. Que retenir des différents tops albums 2012 de la part de nos confrères spécialistes? Ben, pas grand chose… Apparemment, certains (genre Uncut et Mojo) sont restés coincés quelque part entre 1968 et 1975, qui ne jurent que par ces braves et talentueux mais plus forcément de première jeunesse Leonard Cohen, Bob Dylan, Jack White et Bruce Springsteen… (Ah, il paraîtrait que Jack White n’est pas né en 1936… mes condoléances); d’autres, au contraire (Gorilla vs Bear), sont tellement dans leur bulle qu’on connaît trois disques de leur top 50 (regardez-y! Vous connaissez Pye Corner Audio et Las Malas Amistades, sans doute? Et bien sûr, vous avez écouté ça toute l’année! Mais ouiiiiii!); on reconnaîtra des gens un peu sérieux, aussi, malgré tout (Stereogum et Drowned In Sound). Et puis il y a le cas Rolling Stone qui nous cuisine une de ces bouillabaisses! Eux, on a l’impression qu’ils ont fait un recap des sorties de l’année et qu’ils ont tiré les numéros au hasard! Z’ont même Green Day dans le top 10! Ce sont aussi les seuls qui ont osé placer les Smashing Pumpkins dans leur classement (si, si, les Smashing existent toujours ET ils ont sorti un album cette année!). Tout ça pour dire, pas facile de trouver un artiste, un groupe, un album qui sortent réellement du lot cette année 2012…
… Quoique. On tient peut-être ce qu’on cherche grâce à la shitlist de The Drone. Qui place en numéro un: le rock indé. Extrait choisi: « Des wagons entiers de groupes interchangeables et périssables, sans la moindre trace de discours pertinent sur quoique ce soit remplissent les salles, et on a notre part de responsabilité là-dedans (…) La nostalgie Instagram et les petits cris de douleurs adolescents ont fait leur temps (…) La chapelle indie n’a plus de sens depuis qu’elle est devenue le nouveau standard, mais continue pourtant à servir de caution à un public et à des groupes qui s’ennuient poliment, alimentant sous perfusion le cadavre d’une scène formatée jusque dans leur désir de différence ». Que celui qui n’a jamais passé (au moins) une demi-heure lors d’un concert du meilleur-groupe-du-monde-de-la-semaine-que-personne-ne-connaît à se dire qu’il serait quand même vachement plus pénard à se mater des séries en slip et en mangeant des chips dans son lit s’avance et jette la première pierre.
Ceci étant dit, y a pas qu’le rock indé dans la vie! Tiens, Snoop Dogg, pensez bien qu’il s’en fout pas mal! Lui, tout ce qui le préoccupe, c’est d’avoir de quoi fumer pour la journée. C’était un des sujets d’une émission radio ou le Snoop répondait aux questions des fans. Snoop et la beuh, donc. Sachez que Snoop fume 81 blunts (papier à rouler cartonné, le cigarillo du tarpè en somme) par jour, sept jours sur sept, ce qui, on en conviendra, est un boulot à plein temps. Selon ses propres dires, Snoop aime fumer en écoutant ‘Superfly’ de Curtis Mayfield et aurait adoré partager un cône avec Bob Marley. C’est original! Par contre, beau joueur, Snoop avoue que trois personnes dans le monde sont capables de l’étendre à coup de bong: Khalifa, B-Real de Cypress Hill et le maître incontesté de la discipline, le vieux Willie Nelson, qui, lui, a tout connu, des communautés hippies au bord de Big Salmon Lake aux chasses aux bisons à l’arc-à-flèche durant la guerre de Sécession. Enfin, c’est ce que dit la légende. Mais pour en revenir à Snoop Dogg, il paraît que le chien est devenu lion depuis qu’il a découvert la culture rastafarienne. Snoop Lion, il faut l’appeler désormais, donc. Il a même sorti quelques documents sonores que lui continue de nommer bizarrement “chansons” sous cette appellation douteuse.
Alors que Snoop fait… ce qu’il fait, quoiqu’il fasse…, les Black Lips, en concert à Austin, ont vu leur set perturbé par un vieux pansu dépressif qui a grimpé sur scène pour hurler à qui voulait l’entendre que le « Rock ‘n roll is dead » avant d’exploser une guitare et d’importuner les imperturbables musiciens. Et il s’avère qu’on a déjà vu ce vieux dépressif quelque part. C’était déjà sur scène, à l’écran, et il il pastichait Jim le Morrison dans « The Doors » d’Oliver Stone. Mais qu’est-ce que Val Kilmer foutait là à chercher des noises aux Black Lips? L’affaire a en réalité été tournée en vue du nouveau film de Terrence Malick. Du cinéma, donc. Forcément du cinéma. Et c’est supposé nous rassurer sur le cas Val Kilmer?
Maintenant, une news qui fait déjà trembler tout l’Empire Britannique. Un truc qu’on pensait ne jamais lire et encore moins vivre. Jamais! Noel Gallagher, le frère de l’autre, a lâché cette bombe comme si de rien n’était: « Jouer avec Blur? J’adorerais! ». Hein! Quoi? Comment!? Et quoi, ces histoires de rivalité adolescentes et tous ces bons mots, du genre « J’espère qu’ils vont crever du SIDA! » et autres sympathies? Non, terminé! Revirement de veste complet! Et le Noel assume. Persiste. Il signe, même! A deux mains encore bien! Car la chose risque bien se produire en l’an 2013. Pour de vrai! Le Gallagher va en effet s’occuper de la programmation d’une série de concerts pour la lutte contre le cancer et a déjà invité Graham Coxon et Damon Albarn pour lui servir les plats (ben ouais, faut pas déconner, c’est quand même lui le #1!). « J’imagine qu’ils joueront des chansons de Blur. Moi, je jouerais les miennes. Si on va partager la scène? J’espère. Moi, je suis pour. C’est toujours sympa une petite jam ». Comme ça, l’air de rien. Vous parlez d’un coup d’couteau dans le dos! Tout fout l’camp, vraiment!
NME: Noel Gallagher: “Play with Blur? I’d love to”
De son côté, Stephen Malkmus, de nouveau en congé permanent de Pavement, s’occupe comme il peut. Et surtout comme il veut. Son dernier projet: fêter en beauté le quarantième anniversaire de la sortie de son disque de chevet, celui qu’il écoute avant de s’endormir depuis trois ans: Leonard Cohen? Nick Drake? Le troisième Velvet, alors? Nein! « Ege Bamyasi » de Can! Que Malkmus s’endorme sur Can, c’est certes une chose dont il est permis de s’inquiéter… Mais le propos est autre: le Stephen a en effet décidé de faire un concert spécialement dédié à ce disque. Ça s’est passé le week-end dernier, à Cologne, la ville natale de Can, donc. Et il paraît qu’Irmin Schmidt et Jaki Libezeit ont apprécié.
On termine avec les derniers invités musicaux en date chez nos amis les Simpsons. Après les Ramones, Aerosmith, Smashing Pumpkins, Sonic Youth, U2, Nicolas Sarkozy et 234 milliards d’autres, ce sont The Decemberists qui se sont fait jaunir pour la cause simpsonienne. L’épisode est passé dimanche sur la Fox et le passage avec le groupe donne à peu près ceci:
Pour terminer sur un point.
DIDIER ZACHARIE
angoisse
11 décembre 2012 à 6 h 56 min
Bonjour,
Il est toujours trés intéressant, et surprenant, d’observer comment les gens évoluent dans leur pratique ou les outils qu’ils utilisent dans leur stratégie de positionnement et de visibilité. Finalement, depuis longtemps, si ce n’est depuis toujours, le marketing dans la musique, ne serait-il pas plus important que la musique elle même? Le marketing n’existait-il pas avant la musique?
luc.denvers@yahoo.com
12 décembre 2012 à 20 h 04 min
Au début était le marketing c’est cela oui – t’as pas trop lu les oeuvres complètes de Reynders, toi?