Beats d’hiver et variés aux TransArdentes

Et de six ! Les TransArdentes ont vécu : ce samedi soir, près de 12.000 accros aux beats (grosso modo autant qu’en 2012) ont rejoint les Halles des Foires de Coronmeuse. Vu qu’on ne change pas une formule qui gagne, l’affiche était une fois encore très dubstep / drum’n’bass. Dimanche – tard -, certain(e)s se sont d’ailleurs réveillé(e)s avec l’impression délicieuse de s’être fait rouler sur la tête par un camion…

Le coup de 38 tonnes qui aplatit le crâne, je ne l’ai pas inventé, c’est juste un festivalier qui traduit de la sorte son expérience des Trans sur Twitter… Expérience, y compris physique, qu’il a dû vivre, j’imagine, dans la grande Pyramid Room, baptisée d’après la dj booth : une structure triangulaire de tubes et de toile, autrement plus bluffante que le sapin 2.0 de la Grand-Place. La chose donne un peu dans la science-fiction : avec sa découpe façon hublot rectangulaire à mi-hauteur, on dirait un vaisseau spatial. Mais à la différence de la soucoupe de Rencontres du troisième type, la communication avec les Terriens ne se fait pas sur un thème de John Williams.

Elle se pratique, entre autres, avec un MC et deux batteries dont un kit électronique pour Animal. Un MC harangueur pour Culprate (« Hey Belgium, do you like drum’n’bass ? »). Ou des platines et des ordis pour Dirtyphonics ; les quatre Parisiens sont d’ailleurs les premiers à véritablement mettre le feu aux poudres, avec leurs bordées de basses et leur sample de Prodigy. Cette Pyramid Room est aussi l’espace où se produit Pendulum, plus vraiment des extraterrestres dans nos contrées. La foule décolle sur quelques monstrueux passages de basses explosives. Et eux aussi nous font un petit coup de… Prodigy !

Comme ça, c’est clair : si tu n’aimes pas onduler du bassin, sentir les coudes du garçon qui est devant toi apprécier de plus en plus la proximité de tes côtes flottantes, ou même te gaver de sons qui décapent les tympans et dispersent le nerf auditif façon puzzle, autant aller voir (ou écouter) ailleurs. Il faut néanmoins reconnaître que c’est ici que se concentre le gros de la foule, qui ne se fait pas prier longtemps quand on la sollicite avec les sempiternels « make some noise » ou « put your f… hands in the air ».

A 3h30 du mat’, l’atmosphère est toujours à la fête (la fin des examens y est pour quelque chose), mais c’est toujours autant le tapis de bombes drum’n’bass qu’on nous déroule. Les grappes de projecteurs qui fouillent dans le public de leurs pinceaux lumineux rappellent cette scène de Terminator où les Hunter Killers survolent ruines et ossements… N’exagérons rien cela dit, les seules victimes du jour sont évacuées sur la civière des secouristes et en seront quitte pour quelques solides maux de bide et/ou de cervelle. Noisia n’en a cure : les Hollandais en remettent une couche, avec leur version du « Smack my bitch up » de qui vous savez (Prodigy, si vous ne savez pas) !

Et si on aime moins les drops, les breaks et ce genre de pilonnage ? On se balade, entre Cube Room et Sphere Room, voire Elektropedia. On croise des vigiles qui arpentent, l’œil aux aguets. Des gus en morphsuit qui ont dû se faire greffer un système de thermorégulation interne. Un lapin d’un mètre 80. Un ninja, cagoule incluse. Des masques d’Anonymous. Des jeunes gens dont quelques-uns manifestent un équilibre de plus en plus vacillant avec l’heure qui tourne mais… toujours plus ou moins souriants.

Entre Cube et Sphere donc, on se balade aussi – et par exemple – entre Wankelmut et Disclosure. Youpie, autre chose à se mettre entre les oreilles ! Le premier (Jacob Dilßner de son vrai nom et berlinois d’origine) joue lourd, globalement plus techno que ne le laissaient supposer ses remixes de Gossip et Asaf Avidan). Quant aux seconds (les frères Guy et Howard Lawrence), ils nous ressuscitent malgré leur jeune âge (moins de 20 balais de moyenne) tout un pan de UK garage.

Têtes de kids et beat ouaté, ils règnent pour l’heure sur les ondes anglaises avec ce « White noise » commis en compagnie de Aluna Francis, la voix d’Aluna George. Ils seront le 27 mars en live à l’AB (complet)… et au préalable de retour sur ce blog : l’interview faite quelques minutes après leur sortie de scène arrive, patience !

Au bout de cinq, et maintenant six ans, les TransArdentes se sont hissées parmi les rendez-vous incontournables de l’année festivalière en général, et « électro » en particulier. Les gros événements du genre organisés au nord du pays n’ont plus le monopole. Témoins, ces trois néerlandophones croisés au bar vip, qui font partie des organisateurs de Genk On Stage, un festival gratuit monté tous les ans en même temps que Couleur Café. Charlotte de Witte, alias Raving George, la chouchoute de StuBru et des fans de deep house / tech house appelée à boucler cette édition. Ou, toujours sur Twitter, une demoiselle  Lisa pour qui « Les TransArdentes is nu al veeeeeeeeeel beter dan I Love Techno ! » Si ça n’est pas un cri du cœur…

Didier Stiers

 

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