Précédé de concerts aux Francos de Spa et à la Nuit du Soir, l’album « More » paraît enfin ce lundi. Charlotte et David affirment une identité propre, croisement de pop sexy et de beats chaleureux. Après quelques DJ sets, le nouveau spectacle sera présenté aux Nuits Botanique le 8 mai.
Sur la pochette, une femme visiblement comblée par un intense instant de jouissance. Une femme qui en veut plus (More), les cheveux emmêlés par le plaisir. Cette superbe photo du fidèle Grégory Derkenne résume à merveille ce troisième album du duo électro bruxellois. «On avait envie de changer notre visuel, nous ont avoué Charlotte Maison et David Baboulis vendredi dans les coulisses de l’émission 50º Nord. On voulait tester des choses plus abstraites mais Grégory, après avoir écouté le disque, nous a proposé différentes photos et celle-ci nous a tout de suite plu pour son côté brut et sensuel. On est donc finalement revenu à notre style. Cette photo exprime bien ce qu’est l’album: plus sensuel, avec plus de couleurs, plus de voix, plus de dimension humaine. Sur ce disque, on s’est lâchés…»
Et c’est vrai que par rapport au plus expérimental “Cuts”, “More” saute le pas d’une pop assumée, décomplexée. Comme si Soldout n’avait plus rien à prouver, se décidant à ne plus chercher à répondre à ce qu’on attendait d’eux: «On n’a plus pensé à ce que les autres vont penser de nous. En faisant Cuts, on avait pensé à la scène. Ici pas. C’est un album plus accessible, à écouter chez soi. On n’a pas voulu se mettre des barrières, des obstacles. On est allé dans la spontanéité. Un jour, j’avais oublié le disque dans la voiture de ma mère qui me dit: C’est quoi ce disque? C’est bien! C’est plutôt bon signe!»
Et si Soldout devenait les Eurythmics des années 2010? Soutenus par le label indé international Rough Trade, ils ont tout en main pour réussir ce cross-over entre pop et électro. Rappelons que Charlotte a aujourd’hui 30 ans: «Je ne me rends pas compte. Moi, j’étais plus Depeche Mode ou Suzanne Vega. Aujourd’hui, je n’écoute pas tant de musique. Un journal français nous a comparés à une trentaine de groupes dont je n’avais jamais entendu parler. En ce moment, j’aime bien Foals, XX, Agnes Obel. On a aussi été influencés par Front 242 avec qui on a tourné en Allemagne. On se sent plus proche de cette scène électro dark.»
Ce qui n’empêche pas Soldout de se sentir le cul entre deux chaises. Les disquaires comme les radios ne savent pas toujours dans quelle catégorie les classer. Soldout n’a par exemple jamais été programmé au plus grand festival électro du monde: Tomorrowland. «Je n’ai appris son existence que l’an dernier, c’est fou, non? Il nous arrive d’être programmés parmi des DJ mais aussi parmi des groupes de rock. Nous, quand on fait des DJ sets, c’est plus pour nous amuser, on passe des disques. Nous ne sommes pas des DJ, c’est un vrai métier.»
Soldout, c’est en fait une alchimie parfaite entre Charlotte et David, duo sur scène comme couple à la ville. David peut passer une journée sur une boucle ou un son. Charlotte, de son côté, apporte ses idées et ses textes, autant d’informations que David intègre dans son travail de laborant. «Maintenant qu’on a déménagé, on a chacun notre pièce pour travailler. Les textes sont d’abord du yaourt qu’utilise David avant que le texte ne soit fixé. ’94’, par exemple, ce sont des souvenirs qui nous échappent. J’avais 11 ans cette année-là. Ce que je dis dans les chansons est toujours très personnel tout en restant floue. Ce sont des chansons parlant d’amour, de fuite, d’abdication, de peur d’oublier. Je ne m’adresse pas à David. Je suis assez impudique et franche avec lui. Je n’ai pas besoin de chansons pour lui dire ce que je pense de nous. J’utilise davantage mes textes pour faire passer un message. ‘About you’, par exemple, m’a été inspirée par la chanson ‘How insensitive’ de Tom Jobim. J’adore ces standards de jazz qui parlent d’amours révolus. Je ne suis pas particulièrement romantique mais j’aime les chansons qui le sont. Cette chanson revient sur un amour passé. En art, ce serait comme de peindre non pas des fraises mais le sucre rougi par le jus de la fraise.»
Après deux albums produits par Anorak Supersport, Soldout a décidé de créer son propre label, Flatcat, et en collaboration avec son manager Tom De Vuyst de Big Mana, se charge de tout gérer lui-même. Le disque sort dans neuf pays (dont le Benelux, l’Espagne, l’Italie, la France, l’Allemagne…), avec un fort potentiel décuplé par un visuel fort qu’on pourra découvrir aux Nuits Botanique. En attendant, Soldout a invité ses fans à des «release parties», entre écoute de l’album, DJ sets et «drink with the band». Comme ce sera encore le cas, une dernière fois, le 2 mars à la Caserne Fonck de Liège. Soldout a tout pour marier les publics dance et pop. Un mariage pour tous!
THIERRY COLJON
Soldout sera le 8 mai aux Nuits Botanique et en tournée un peu partout ensuite. Infos: www.soldout.be et www.botanique.be