« Le rock français, c’est comme le vin anglais »*. Ça a longtemps été le cas, mais c’est en passe de changer. Notamment grâce à Aline, dont le premier album « Regarde le ciel » parvient à faire sonner la pop anglo-saxonne en français. Rencontre avec le groupe à la veille de son premier concert bruxellois en clôture du concours « Du F. dans le texte ».
Entre Lescop et La Femme, le premier album d’Aline, « Regarde le ciel », (re)place la France au centre de la carte pop. Un disque frais, léger, qui sent bon la Provence dans cet hiver interminable. En un mot, pop. Mais, et c’est ce qui fait la différence, une pop qui se sifflote, et avec plaisir encore bien!, en français. « C’était une envie de se réapproprier les codes de la pop anglo-saxonne et de le chanter en français sans faire de la chanson française, ni de la chanson à texte, dans lesquelles on ne se reconnaît pas, nous expliquent Romain Guerret (chanteur) et Arnaud Pilard (guitare) autour d’une mousse dans le salon d’un hôtel à deux pas du Botanique. C’est une réaction à la chanson française avec laquelle on nous bassine depuis trop longtemps et à ces groupes français qui chantent en anglais ».
La pop version Aline (ex-Young Michelin), c’est donc plus une réappropriation hexagonale des Smiths ou des premiers Cure qu’une éventuelle continuité du rock français selon Noir Désir. D’ailleurs, on aurait même tendance à dire qu’Aline est l’anti-Noir Désir, par sa recherche de l’épure, tant dans les mélodies que dans les textes: « Je ne me suis jamais reconnu dans Noir Désir. Je trouve qu’il y a un truc un peu mal digéré au niveau des textes, ça fait un petit peu composition de français, niveau Bac, Lautréamont, tout ça… Mon approche est totalement différente. C’est beaucoup moins écrit, plus épuré, plus simple. Mon école, c’est les Smiths, la pop anglo-saxonne. Mon idée, c’est de chanter en français à la manière anglaise. Que ça sonne avant tout ».
Samedi soir, au Botanique, Aline joue son premier concert belge. Eh bien, c’est un peu la zone. Malgré le petit buzz autour du single ‘Je bois et puis je danse’ et de cette nouvelle scène pop made in France qui sort tout doucement de l’ombre, il y a peu de monde. Neige, manque de publicité pour le concert, mise en avant du concours « Du F. dans le texte » à la place…? Dommage, mais finalement peu importe. Car ça n’a pas empêché Aline de la jouer à fond, ni le public présent de se lâcher et d’assister à un concert serré et maîtrisé dans une atmosphère ma foi fort agréable. Et pour paraphraser Tony Wilson, patron de Factory Records, dans le cultissime «24 Hour Pary People », « Il y avait 42 personnes au premier concert des Sex Pistols à Manchester, c’était historique! Moins il y a de monde, plus c’est historique! ».
Foutre! On y revient toujours. Ces foutues années indé 80! Pourtant, ça l’ennuie un peu, Aline, qu’on fasse référence à cette décennie pour qualifier son son. « Nous, ce qu’on veut faire, c’est de la pop au sens classique. Cette manière de faire qui vient des 60’s, couplet-refrain… Un truc hors du temps, qui ne se démode pas. Qui est déjà tellement démodé qu’il ne peut plus se démoder. Maintenant, c’est vrai que notre classicisme à nous, c’est les Smiths, Jesus & Mary Chains et les Pastels. Ça vient des années 80, c’est notre époque. C’est ce qui nous a construits musicalement ». Arnaud Pilar enchaîne: « C’était aussi l’idée de revenir à une production hyper simple, très peu d’effets, de pistes… Pareil, c’est un peu l’école 80 ».
Quant à cette nouvelle scène pop à la française… « Oui, il se passe quelque chose… Après, ça risque de ne pas durer. C’est un truc un peu créé par les journalistes, dont il faut se méfier. Ça fait un moment qu’on fait de la musique et on sait très bien comment les choses peuvent tourner. Donc on garde la tête vraiment froide. Nous, on est dans l’optique du long terme ».
Sur ce, on a envie de crier « Aline!… » (oui, c’est vraiment la conclusion la plus pourrie qu’on pouvait faire…)
DIDIER ZACHARIE
* Maxime attribuée à John Winston Lennon, troubadour, poète, agitateur public et pamphlétaire anglais des années 1960 et 1970.
Pas de panique, Aline sera vite de retour. Ça se passera le 21 juillet, fête nationale, aux Francos de Spa et le 15 août, fête de Marie, au Brussels Summer Festival.
Virginie Bazinet
30 mars 2013 à 19 h 44 min
Monsieur Zacharie (tiens j’ai eu un prof de musique qui portait ce nom …mais visiblement vous n’êtes pas de la même famille…)auriez
-vous du mal à différencier la pop et le rock français? Franchement “Lescop” ça ressemble plutôt à du “Eli & Jacno”(=Post Punk ou New Wave donc…) qu’à Noir Désir…
Pourquoi tout mélanger?
Quant à Aline…
Oui, les textes de Bertrand étaient /sont/et seront littéraires!”Les écorchés” (= la référence à Lautréamont, qui n’est quand-même pas étudié qu’en Terminale soit dit en passant…) est un titre tiré du deuxième album (1988) de Noir Désir et son auteur était relativement jeune à l’époque…
Aline…Que dire…C’est ce que j’ai l’habitude de nommer de “la daube” ou de “la soupe”…Et la daube,c’est, quoi qu’il arrive, toujours plus difficile à “digérer” que le Rock Francais de Noir Désir…
Si vous tenez vraiment à ne plus avoir à “comparer le Rock Français au vin Anglais”,allez plutôt chercher du côté de groupes comme “Blankass”,”Eté 67″,ou “The Shades” que d’essayer de nous vendre du Neo Boys Band frelaté à deux balles (oui merci, je sais qu’on est passé à l’Euro)…