Cette semaine, les punks, ben c’est plus c’que c’était…; un Français qui chante en anglais, est-ce vraiment raisonnable?; « Elephant » des White Stripes a dix ans, que faut-il en retenir?; Mozinor s’attaque à David Guetta; La Femme est Amour; et Deerhunter sort du bois.
En 1976, la reine Elizabeth II d’Angleterre est sur les nerfs. Partout dans son Royaume, des hordes de marginaux que les journaux nomment vulgairement punks hantent les rues et les braves gens. Attifés de cuirs et d’improbables coupes de cheveux, ils traînent leur haine de la société bien pensante comme les clochards leurs savates, défient de leur regard plein de morgue les citoyens qui s’adonnent sans broncher à leurs tâches quotidiennes pour tenter de remettre sur les rails une économie en berne, et n’hésitent pas à sortir la lame devant quiconque s’approche un peu trop et ose le dévisager de son regard hautain… La reine s’inquiète de ces sujets qui renient toute autorité, son autorité!, et créent une atmosphère de violence et de nihilisme en son Royaume…
Aujourd’hui, les choses ont changé. La police municipale de Manchester a en effet décidé qu’il était désormais grand temps de… protéger les punks ! Ceux-ci, tout comme les gothiques et les émos, sont en effet trop souvent la cible de violences à caractère haineux, et ça ne peut plus durer ! La police va donc, à partir de ce jour, enregistrer les plaintes de ces pauvres keupons désemparés, mal aimés, violentés, au titre de «crimes motivés par la haine» raciale, la xénophobie, la religion, le handicap ou l’homophobie.
« No Future » qu’ils disaient… Evidemment, ils n’ont rien écouté!
Ah. A part ça, on le sait, c’est la mode, ou plutôt la norme de chanter en anglais. Paraît que ça passe mieux, que c’est ainsi que la pop se chante, à cause des Beatles, tout ça, la pop, c’est un truc anglo-saxon, donc, ça se passe en anglais – ça et/ou le fait que ça aide pour qui veut s’exporter (et encore, ça reste à prouver). Le magazine Dum Dum a eu la bonne idée d’analyser les textes de cinq Frenchies qui ont choisi la langue de JCVD pour s’exprimer. Par exemple – un exemple d’ailleurs pris tout à fait au hasard et sans arrière-pensée aucune -, le génie proclamé Woodkid. Extrait choisi tiré de ‘Iron’: « Vous déclarez : « I’m waiting for the call/The hand on the chest ». Devant les parties du corps et certains noms abstraits, l’anglais utilise un adjectif possessif. Il aurait fallu dire « with MY hand on MY chest ». Repeat after me, Yannick. Et nous avons en fin de compte un classique, avec ce « I can’t remind your eyes, your face ». Vous vouliez certainement utiliser les verbes « to recall » ou « to remember », qui évoquent le souvenir. Avec ce « remind », votre phrase ne veut rien dire. En guise de relance avant un tel refrain, c’est un tue-la-crédibilité ». Ceci étant dit, le professeur admet que « contrairement à Sébastien Tellier, vous n’êtes pas ridicule quand vous parlez anglais ». Tellier, ridicule? Entre sublime et ridicule, la ligne est tellement fine…
Nous, ce qu’on en dit, c’est que y a peut-être moins de risques de passer pour une brèle quand on chante dans sa langue… Et puis ça varie les plaisirs, on y retrouve la poésie, les subtilités, la finesse du langage parlé… Tiens, exemple avec les vieux punks de Metal Urbain. En plus, eux, ils risquent pas de se faire emmerder dans la rue…
Sinon, du côté des British à grandes gueules… Kasabian, qui, tel un tank russe, semble ne jamais s’arrêter de charger, a commencé à travailler sur un cinquième album. Et il va sonner comment, ce disque? « Electrocuté! », « Comme un sale remix de Prodigy », « avec de grosses batteries bien lourdes »… En clair, si les Coréens déconnent un peu trop, on leur envoie Kasabian, ça devrait les calmer!
Deerhunter est aussi de retour. Eux, c’est bon, c’est prêt et c’est tout chaud. Premier extrait d’un nouvel album à paraître le 6 mai, ‘Monomania’. Et ça donne ça.
La news Daft Punk de la semaine (ah ben oui, au train où ça va, on en a jusque mai… au moins !) : l’album « Ramdom Access Memories » sortira officiellement le 20 mai sur lequel apparaitront, outre Nile Rodgers et Giorgio Moroder, Pharell Williams et Julian Casablancas qui, aux dernières nouvelles, est toujours le chanteur des Strokes. Alors, ça vous excite ? Et niveau musique… Ah non, quand on parle Daft Punk, on parle rarement musique, vous savez…
2013. Nous fêtons… Ou plutôt, nous commémorons les dix ans de « Elephant », quatrième album des White Stripes qui sonna comme la consécration du groupe et de la scène néo-garage du début des années zéro. Qu’en reste-il aujourd’hui? C’est une bonne question. La réponse est dure mais juste, et c’est Stereogum qui la donne: « Quand on parle de l’héritage d’ « Elephant », on parle d’abord de l’héritage de ‘Seven Nation Army’. Quel riff! Cette chanson était tout ce que les White Stripes aspiraient à être. C’était garanti que cette chansons allait devenir une des plus grandes chansons rock de tous les temps » (et là, on y arrive…) « Mais qui aurait pu penser qu’elle allait vivre une deuxième vie comme un des plus grands chants de stades de tous les temps? Partout où il y a du sport, le riff iconique de sept notes est joué dans les hauts-parleurs ou comme un chant de supporters venant des tribunes ». Voilà, il est là l’héritage des White Stripes, dernier groupe emblématique d’une certaine résurgence rock n’ roll… Un chant de supporters de foot. Y a-t-il fin plus déprimante pour un groupe? Pour le rock?
Stop! Non à l’abattement! « Une nouvelle ère a commencé ». Voyons le présent avec des yeux clairs et des oreilles neuves. La bonne nouvelle, c’est qu’en 2013 sort le premier album de La Femme. Maintenant. Aujourd’hui. Et un nouvel extrait vidéo a fait apparition. Que demande le peuple? Plus de Femmes! Toujours plus de Femmes!
Enfin, Mozinor, le maître du détournement, reprend du service et taille enfin un costard à David Guetta. Car lui aussi le valait bien! David Guetta! Encore un anglophone…
DIDIER ZACHARIE
Raphaëlle
8 avril 2013 à 23 h 46 min
Elle est bien crasse cette nouvelle chanson de Deerhunter. Leur prestation chez Jimmy Fallon est excellente (en moins sale)! Mais avec en bonus une belle imitation de Faris Badwan.