Daft Punk: hommage baroque

Frontstage - Daft PunkAprès les infos lâchées au compte-goutte, les bribes de morceau puis enfin le vrai « Get lucky » dévoilé il y a peu de temps, le plan de bataille/marketing (biffez la mention inutile) des deux Frenchies masqués se poursuit comme prévu. Sous haute surveillance, la presse a pu écouter l’album Random Access Memories dans son entièreté, plus de quinze jours avant sa sortie. Toujours prévue pour le 20 mai, mais comptez le 17 ! Premières impressions…

Observez attentivement l’illustration de pochette. Deux moitiés de casques soudées l’une à l’autre. Un demi doré, un demi bleuté… Cet album de Daft Punk, c’est exactement ça : des collages – de genres -, des paillettes et de l’azur, voire l’espace et au-delà. En treize titres et plus de 70 minutes (73, très exactement), les deux revenants et leurs invités ont osé beaucoup de choses, quitte à faire dans le chargé.

Random Access Memories, sur lequel tout est joué (à un sample près) est le fruit de cinq ans de travail, interrompu par la bande sonore de Tron : Legacy, et de collaborations avec certains de leurs maîtres, Nile Rodgers et Giorgio Moroder en l’occurrence. Ce dernier a d’ailleurs droit à sa compo perso, intitulée comme le serait un parfum : « Giorgio by Moroder ». Une des premières pièces de résistance, énorme, rythmée, tout en crescendo, qui aurait aussi pu servir de générique à Miami Vice.

« Within » ? Piano, frottis de cymbale et glockenspiel, voix passée au vocoder. Les grosses basses reviennent ensuite, sur « Instant crush », mais là, on est entre le mid-tempo et le slow rock FM des seventies. En fermant les yeux, on voit très nettement une plage et un coucher de soleil.

Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo ne font pas que marcher pieds nus dans le sable, ils hantent aussi les pistes. Avec « Lose yourself to dance », dont le gimmick vocal renvoie à l’époque Homework. Basses également profondes et rythme bien binaire, avec handclapping en sus. Mais c’est surtout la guitare, funky à mort, qui identifie cette compo : Chic-issime !

Outre les hommages, ce qui frappe aussi sur ce disque, c’est donc cette abondance de structures alambiquées, de morceaux à tiroirs, en permanente mutation jusqu’à la note finale. « Touch », après une intro de film de science-fiction, passe au chant posé sur un fond disco (plus Studio 54 que Boris) mais grouille aussi de petits sons à la « Oxygène » (oui, oui : Jarre !), tandis que « Motherboard » offre des nappes de violons et de synthés traversées d’un long passage de curieux bruitages.

Reste enfin – il en a déjà été un peu question ci-dessus – l’influence du cinéma… Plus d’un élément contribue à rappeler le grand et le petit écran, souvent des seventies. C’en est parfois saisissant : malgré la voix passée au vocoder (qui ne masque pas l’accent frenchy et qui fait « Beyond dream, beyond life, you will find your song »), les grandes envolées de violons (encore) de « Beyond » rappellent immanquablement un vieux western.

Une chose est en tout cas certaine : par rapport au baroque de cet album copieux, au rococo même, « Get Lucky » est un titre particulièrement dépouillé. On en reparlera. Chiche ?

Didier Stiers

Chacun des guests/collaborateurs (Panda Bear, Chilly Gonzales, Todd Edwards, Pharrell Williams…) a droit à son mini docu. Vidéos (The Collaborators Series par The Creators Project) visibles sur YouTube ou sur www.randomaccessmemories.com.

 

Tracklist
– Give life back to music
– The game of love
– Giorgio by Moroder
– Within
– Instant crush
– Lose yourself to dance
– Touch
– Get lucky
– Beyond
– Motherboard
– Fragments of time
– Doin’ it right
– Contact

 

 

Didier Stiers

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