Jean-Louis l’Explorateur

muratAvec «Toboggan», son nouvel album chaud et doux, enregistré seul comme un grand, l’Auvergnat poursuit sa quête exploratoire. Jean-Louis Murat a hâte de retourner en studio pour continuer «à exploser les formes».

Arrivé de Paris fin de journée, jeudi 25 avril, Jean-Louis Murat sirote une pression dans le bar d’un hôtel de la capitale. Le motif de l’escapade bruxelloise de l’auteur de Mustango et du Grand lièvre est Toboggan. Nouvel album, le 17e ou le 18e disque d’un homme artistiquement plus libre que jamais.

Comment est né cet album?
Je commence toujours un disque lorsque j’ai la date de remise des bandes. Ensuite, je fais un rétroplanning. Sur ce coup, on m’a dit que les bandes devaient être prêtes fin janvier pour une sortie en mars. Je me suis dit que j’allais m’y mettre mi-novembre et j’ai terminé le 23 décembre.

La couleur du disque est minérale, épurée. Moins américain que par le passé. Pourquoi?
C’est suite à mon séjour à Nashville. Je me suis rendu compte que ce qui intéressait les Américains dans ma musique, c’est ce côté français, voire espagnol. Ça les faisait marrer si je faisais un truc à l’américaine. Quand j’avais enregistré à New York ou dans l’Arizona, c’était pareil. D’où l’intérêt de voyager. Mes amis musiciens américains trouvent Toboggan super original parce que c’est vraiment moi, disent-ils. J’ai travaillé avec des collaborateurs de Neil Young, son ingénieur du son, et étant aussi proche du mythe, je me rendais bien compte de l’idiotie de la quête. J’ai essayé, mais c’était un peu bébête.

«Toboggan» se rapproche du «Grand Lièvre», votre précédent disque. C’est la suite?
La grosse différence: j’ai tout fait tout seul. Sans réfléchir. C’est la première fois depuis l’album Tristan (2008). Je me sens bien de travailler seul. J’en ai marre de travailler en groupe. Souvent, il faut que ça sonne. Comme les Anglais ou les Américains. J’en avais marre de déléguer les arrangements au groupe. Je leur chantais la chanson, je les laissais se caler sur moi mais en gros, ils faisaient ce qu’ils avaient envie de faire. Aujourd’hui, je prends les choses en main de A à Z et je ne me laisse pas déborder par les arrangements. Grosse différence aussi: pas de batterie, pas de basse, pas de guitare électrique. J’ai utilisé des cordes de guitare en nylon.

C’est ce qui donne ce son chaud et rond?
Bien sûr, ça met beaucoup de douceur dans le son. Contrairement à des cordes de guitares métalliques. J’ai fait abstraction de tout ce qu’on appellerait la matière rock. J’ai hâte de retourner en studio pour faire un autre disque et beaucoup plus exploser les formes. Pour être encore plus créatif et original.

Vous savez où vous allez?
Il y a une grande marge de progression et de développement de ce qu’on peut appeler la chanson d’expression française. Le passage par le rock est un passage qui est terminé. Il faut continuer à s’exprimer dans sa langue mais trouver d’autres formes. Ne pas être dans une démarche de dupliquer, de ruminer, de ressasser: «Ah, je vais faire comme Trenet, comme Brassens, comme Telephone, comme Bashung…» Il y en a marre, ça ne va nulle part. C’est zéro.

L’an dernier, les grands disques en français étaient le vôtre, celui de Dominique A et de Miossec. Pourquoi êtes-vous si peu nombreux à part peut-être Bertrand Belin…
J’aime beaucoup Bertrand Belin, il est venu me voir en concert et l’échange était vraiment bien. Est-ce que nous sommes rares? Nous sommes un peu décalés par rapport à l’époque. Bertrand un peu moins. Nous, on dirait des chanteurs des années cinquante. Nous ne sommes pas vraiment dans le coup.

Un mot sur le concert aux Nuits Botanique?
Nous sommes à deux. Batteur/percussionniste et moi à la guitare/voix. En gros, je fais un tiers du concert avec des chansons de Toboggan, un autre tiers du Grand Lièvre et de plus anciennes et un dernier tiers de chansons que les gens ne connaissent pas. J’ai tourné des images qui seront projetées derrière moi.

Philippe Manche


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