La Femme, épouse-moi!

la femmeCrise financière, crise économique, crise politique, crise du disque, crise de la presse, crise de société, crise de civilisation, crise… Aucune importance, La Femme est là. Rencontre et compte rendu du concert.

Deux ans après ses premiers faits d’armes, un premier 45T déjà collector, des clips aguicheurs disséminés sur le net, des concerts à foison dans toutes sortes de salles dans toutes sortes de pays, La Femme accouche enfin de son premier album, « Psycho Tropical Berlin », qui englobe ces deux années en 14 titres. Soit des petites bombes surf pop (appellation créée spécialement pour définir le style de La Femme, à savoir un mélange bien dosé de synth pop 80’s, de surf music et d’énergie punk) qui rendent la vie moins compliquée.

Rencontre avec Sacha et Marlon, les deux têtes chercheuses de La Femme, qui prennent le succès naissant comme il vient, sans trop se poser de questions inutiles, mais qui semblent aussi parfaitement savoir ce qu’ils font et ce qu’ils veulent.

La Femme aime se faire attendre.
« On a mis sur l’album les morceaux qu’on joue en live depuis le début. Il fallait qu’on les enregistre. Le dernier morceau qu’on a écrit pour le disque, c’est ‘2023’, il date du printemps 2011. ‘Sur la planche’, on l’a réenregistré parce qu’on n’aimait pas trop le son et il fallait que ça colle avec le reste. C’est notre premier album, il fallait tout mettre. »

La Femme n’est pas satisfaite.
« Là, on a un peu envie d’arrêter la tournée pour enregistrer la suite. On a les titres, ils sont à l’état de maquette, mais ça prend toujours du temps pour enregistrer, trouver le son qui convient… »

La Femme est indépendante.
« On est en licence chez Barclay/Universal. En gros, Barclay s’occupe de fabriquer le CD, de le vendre et de faire la promotion. On reste producteur du truc, on a créé notre propre boîte Disque Pointu. Tout ce qui est artistique, la pochette, les clips, le choix des singles, c’est nous qui décidons. Barclay, le seul truc qu’ils nous ont dit c’était sur le tracklisting, ils étaient un peu dubitatifs, nous on n’était pas convaincu de leur point de vue, on l’a fait comme on sentait. Maintenant si ils disent des trucs intelligents on va les écouter.

Le vinyle sort chez Born Bad, c’était notre label préféré, on avait envie de faire un truc avec eux. Ce qui est bien c’est qu’ils sont spécialistes du vinyle, ils ont des connexions partout.

Les labels indé, finalement, c’est comme une major sauf qu’ils n’ont pas beaucoup d’argent. Ce qui est cool avec une major c’est la force de frappe. Au final, major ou indé, ils veulent tous vendre le plus de disques possibles ! »

La Femme est chic et française.
« Cette nouvelle scène pop française, le seul truc qu’il y a de commun, c’est que ce sont des groupes jeunes, avec des synthés, qui sont souvent épaulés par des Smac (salles de musiques actuelles). Les Smac, ce sont des salles cool en France qui parrainent des groupes en leur proposant des résidences. Ça, c’est assez nouveau en France, ça a commencé il y a dix ans. Et ça aide vachement les jeunes groupes, il y a des tourneurs qui nous suivent, c’est pour ça qu’il se passe pleins de trucs en France en ce moment. C’est surtout en Province, d’ailleurs. Limite le plus dur c’est à Paris où c’est plus la guerre. Puis il y a aussi des médias comme les Inrocks qui se sont vachement intéressés à nous depuis le début.

Mais niveau son, on ne sonne pas comme les autres groupes, si ce n’est qu’on est influencé par la vague cold wave française des années 80. Lescop et Aline, tu retrouveras un côté plus Daho, nous c’est plus dans le délire Jacno ou Marie et les Garçons. Après, t’as pleins de groupes qui chantent en anglais et qui n’ont rien à voir. Donc pou moi, le lien, c’est les synthés et les Smac ».

La Femme aime voyager.
« On a déjà tourné en Angleterre et aux USA. Là, on va aller en Suisse, au Canada, en Espagne et en Allemagne. On y est allé déjà quatre ou cinq fois en Angleterre. L’an dernier on a fait la première partie de Maximo Park sur douze dates, dans des salles de 2000 personnes, c’était cool. L’album va sortir au printemps là bas. Ce qui est cool c’est qu’on a fait une licence avec Barclay uniquement pour les pays francophones, donc pour le reste du monde on fait comme on veut.

Le disque est déjà dispo à Londres, dans certains magasins. Chez Rough Trade, c’est notre manager qui y est allé avec l’EP 4 titres, et il leur a dit « Vas-y, prends-en 10. Je te promets, en une semaine ils seront partis, si c’est pas le cas, je te paie une bière. » Le gars était dubitatif, il pensait que ça allait jamais partir, mais là, ça fait quatre fois qu’il repasse commande! »

Et La Femme au Bota, c’était comment?
C’était jouissance! Synthés joués à deux doigts, batterie et guitare surf et surtout cette énergie fraîche et insouciante, La Femme est irrésistible. Chaque titre est un petit tube en puissance qui refuse de se prendre la tête, mais avance tout en énergie (‘Antitaxi’, ‘Dans le motu’, ‘Packshot’), dans un brouillard de mystère hypnotisant (‘2023’, ‘Françoise’, ‘La femme ressort’), avec humour et légèreté (‘Nous étions deux’… et toutes les autres) ou simplement avec une classe folle et sulfureuse (‘La Femme’, ‘Sur la planche’). Devant la scène, le public est chauffé à blanc, danse et pogote au bonheur. A nos côtés, des anglophones réagissent avec enthousiasme et citent les Rita Mitsouko. Et c’est effectivement peut-être bien de cela qu’il s’agit. La Femme, descendance des Rita. C’est comme ça!

DIDIER ZACHARIE

lafemme“Psycho Tropical Berlin” dans toutes les bonnes crèmeries via Barclay/Universal (CD) et Born Bad (vinyles). La pochette est l’oeuvre du Belge Elzo Durt.



Journaliste lesoir.be

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