Le barbu Sam Beam, fort entouré, est venu présenter “Ghost On Ghost” au Cirque royal. L’âme n’y était pas.
Ca ne peut pas coller à tous les coups. Dans la grande famille des folkeux à barbe, Iron And Wine a profité en ce début d’année boudée par le printemps du silence des Fleet Foxes et des Herman Dune pour glisser “Ghost On Ghost” au creux des oreilles des amateurs du genre.
L’occasion de se changer les idées pour le souvent sombre Sam, et d’orner ses mélodies acoustiques d’atours plus orchestraux, dans la tradition des “band” des années 70. Noble ambition traduite dans un disque qui préfère aux virages en épingle les cercles tracés au compas. Quitte à tourner en rond?
Après une entrée en matière avec les filles de This Is The Kit, croisement entre la folie possible d’une Feist et la grâce éthérée d’une Alela Diane, Iron And Wine envahit le terrain, fort d’une section de cordes, de cuivres rutilants, d’un choeur de voix féminines, et des traditionnels basse-clavier-batterie. Et au centre du village, guitare en bandoulière, le barde Beam dans son costume deux-pièces.
On a attendu que l’orage déchire le ciel et détrempe cet orchestre de gens endimanchés. On sera resté en surface, la faute à des orchestrations finalement assez peu travaillées, à un grain de folie fantomatique, où, si tout le monde joue le jeu, rien ne vient pigmenter le tableau, un peu terne. Guilleret à l’occasion, mais essentiellement lisse.
Paradoxe: alors qu’on se réjouissait de voir la scène du Cirque royal garnie d’une douzaine d’hommes, c’est aussi quand l’Oncle Sam retourne à l’essentiel, sa guitare, sa voix, des paysages montagnards pour seul horizon, aux élucubrations les plus anciennes (de l’époque The Shepherd´s Dog) qu’on est le plus conquis.
Avec la question, lancinante, et partagée par notre voisine de droite, qui prêtait pour la première fois l’oreille à l’affaire: ceci ne s’adressait-il pas d’abord à un public d’initiés? De ceux qui ont déjà vu l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours et sont toujours prêts à gober ses histoires. On aurait bien aimé en être. Mais ce ne fut pas le cas cette fois.
C.Pt
Anne-Sophie Leurquin
4 juin 2013 à 11 h 35 min
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